Inigo fut soulagé intérieurement, il allait pouvoir sortir de ce piège sain et sauf.
« Yé vé aller bichonner et donner à manger à mon canasson avant dé partir et puis yé prierais les Dieux qu'il né pleuve plous dé quelques jours, pas facile dé voyager avec cé temps pourri »
Il descendit, alla aux écuries et referma la porte derrière lui.

Inigo se prépara alors partir, donnant à manger son cheval au préalable, remis sa selle en place, et tout son équipement, sans oublier ses pigeons.
Voulant couper court à toute question qu'aurait pu se poser les "soldats ", une fois les cages en places et bien calées, il s'adressa aux pigeons en les montrant du bout du doigts « Toi yé té mangerais ce soir, et toi demain soir ahah ».
Une fois prêt, ils sort de l'écurie, se met en selle et se présente au pont-levis.

Il prend ensuite la direction de Crivillén sans se retourner.

La route de Crivillén est bien plus agréable dans ce sens là, surtout sous le soleil ...
Mais la sensation d'être épié reste fichée dans le dos d'Inigo comme une flèche douloureuse ...

Une fois à bonne distance du fortin, Inigo s'assura qu'il n'était pas suivi.
Il se débrouilla donc pour prendra les chemins les plus dégagés possible afin que son champ de vision soit libre sur plusieurs kilomètres à la ronde

La berge a beau être encaissée par endroits, c'est le chemin le plus direct et le plus sûr d'atteindre l'objectif ... Crivillén.

La veille, sous une pluie abondante, il avait fallu à Inigo une poignée d'heures pour rejoindre le fortin. Là le ciel était bien dégagé, la "route" connue, Inigo arriva donc à Crivillén en beaucoup moins de temps.
Il s'était assuré tout du long à ne pas être suivi, ce qui ne semblait pas être le cas.
C'est le coeur beaucoup plus léger qu'Inigo arriva au village brûlé par les brigands. Il se rendit immédiatement à la ferme où se trouvait les survivants.
Il se mit en face la fenêtre donnant sur le grenier et cria
« Ohé,vous êtes touyours là, Ohé »

Il faut quelques minutes pour que l'homme finisse par paraître à la porte, anxieux, regardant partout autour, s'assurant qu'Inigo est bien seul ...

« Ouais, on est encore là ... »

Inigo fut soulagé bien qu'il ne doutait pas un seul instant ne pas les retrouver ici. « yé retrouvé los bandidos et ils né sont pas loin, il va falloir bouyer et vite. Yé sais qué votre vie est bouleversé mais vous serez en sécourité à Porfiros lé temps que Le Ser les attrapent.
Alors qué décidez-vous? »

« Heu ....
Pas loin comment ? » demande l'homme inquiet
« Et comment on y va, à Porifors ?
On va pas pouvoir tous s'installer sur vot'cheval ...
y a des petits .... »
A la lumière du jour, Inigo peut voir l'état général de l'homme :
les yeux cernés,
les joues creuses visibles malgré la barbe naissante,
le pantalon trop large maintenu par une ceinture nouée qui fait 2 fois le tour de la taille ...
Depuis combien de temps ne prend-il plus soin de lui-même ?

Inigo eut du mal à comprendre comment un village fermier pouvait mourir de faim, car vu l'état de l'homme il était clair que c'était apparemment le cas.
Il laissa ses considérations de côté, et pressa l'homme.
« Cessez de discuter tout cé qué yé vous dit bon sang dé sort »s'énerva Inigo
« Vous préférez mourir dé faim ici ou mé souivre jusqu'à Porfiros » cria-t-il afin que tout le monde l'entende, et pas seulement cet homme qui semblait vouloir prendre les décisions seul sans s'occuper de ce que pensaient les autres qui ne s'étaient pas encore montrés.
Peut-être que eux auraient plus de bon sens que ce fermier entêté.
« Il doit bien y avoir une charrette quelqué part ici non, yi attacherais mon cheval et les enfants iront dans lé chariot, les autres et moi-même marcheront. Yé à manyé pour tout le monde....ma il né faut pas trainer ici »

« oui »
« oui »
« On vient »

Les voix s'échappent du grenier dans le dos du fermier déboussolé

Une femme passe une tête timide par la porte de la ferme quand elle se trouve bousculée et dépassée par deux jeunes filles d'une quinzaine d'année qui s'élancent au dehors « on va chercher la charrette ! » crient-elles en s'éloignant.
« Zefirina, Victoriana ! Restez ensemble ! Et surtout VI-GI-LANTES ! » s'époumone la femme à leur adresse avant de s'approcher d'Inigo pour lui tendre précautionneusement la main.
« Bonjour.
Je suis Onorina Arrebola
et je suis la gouvernante de ces demoiselles et de leurs 7 frères et sœurs.
Ces deux-là sont les plus grandes. »

Inigo fut ravie de la réaction des femmes.
Lorsque la gouvernante approcha, il descendit de selle et s'inclina légèrement en lui "baisant" la main.
« Dame Onorina, encantado »di-il en souriant.
Il se redressa, et la regarda dans les yeux
« Inigo Montoya, pour vous servir.... yé constate qué vous avez des démoiselles avec vous, et où sont donc les autres enfants ? Vous n'êtes qué quatre avec cet homme ? »lui demanda-t-il en pointant du pouce le fermier famélique.

« Oh non ...
nous sommes bien plus nombreux .... » répond-elle en vérifiant par dessus son épaule que « les autres » sont en train d'arriver
« Nous avons réussi à sauver les 9 enfants Alarcon dy Crivillén, grâce à Dafnís, Lisa, Felicitat, Helics et Delfin qui m'ont bien aidés.
et Eric a réussi à cacher sa femme Sina et leur deux enfants Armanda et Aufrèd ...
on commençait à être à l'étroit à 19 entassés dans ce grenier ... »

A mesure qu'ils arrivent, clignant des yeux à la lumière du jour, elle fait les présentations ...


C'est Valentin qui est la source de la petite voix qui avait prétendu qu'il n'y avait personne, lors du passage précédent d'Inigo.

En voyant tous ces gens arriver, Inigo tomba littéralement à la renverse « Wow wow wow, yé né savais pas qu'il y avait autant dé mondé dans cé grenier. Jé croyais vous étiez quatre ou cinq, à la rigueur six grand maximum »
Inigi se remit sur ses pieds, et s'épousseta les fesses.
Il tint à les rassurer immédiatement avant qu'ils ne prennent peur.
« Allons, né vous inquiétez pas, il va falloir se rationner un peu mais nous ne mourrons pas de faim. »
Inigo avait un plan, et il ne mourrait pas de faim, surtout qu'il n'y avait que deux jours de marche, maximum trois. Dans le pire des cas ils jeuneraient la troisième jour, pas de quoi en mourir.
« Les plus jeunes iront dans la charrette avec les vivres, les autres marcheront
Il nous faut un tonneau d'eau claire et des couvertures, nous prierons les Dieux pour qu'il ne pleuvent pas »
Inigo ne souriait plus, il disait ça sur un ton ferme et sans trembler ne laissant pas la place à l'angoisse d'un tel voyage improvisé aurait pu susciter chez eux.
« Préparez-vous maintenant, yé dois envoyer oun message pendant cé temps »

Inigo va alors s'installer au calme dans la ferme, il se moque d'être suivi, il n'a rien à cacher à ces gens-là.
Il remets une chaise et une table en place et sort son matériel d'écriture.

Lundi 5 septembre. Cher Oreste. J'ai pu réchapper du fortin de Tornos sans que ces barbares ne me tuent.J'ai rejoint le village de Crivillén où j'ai retrouvé des survivants. ils sont 19, dont les héritiers de la famille Alarcon Dy Crivillén. Je les ramène à Porfiros. J'espère que les soldats du Ser sont en route pour occire ses damnés barbares. Que les Dieux nous protègent. Inigo

« Bueno, tout le monde est prêt ? » demanda-t-il en sortant de la ferme, se dirigeant vers ses piegons.
« Va retrouver ton maître petit oiseau, yé vais avoir bésoin de tes frères pour d'autres raisons à partir dé maintenant »

« Dommage qu'il n'y ait plus en ville ni bétail, ni monture ... Ces sauvages ont tout pris. » constate amèrement l'homme le plus âgé de la compagnie pendant qu'il harnache le cheval d'Inigo à la charrette à foin que les adolescentes viennent de tirer jusqu'au devant de la ferme.
« Allez les jeunes ! Courez au potager et rapportez tout ce que vous pourrez.
Remplissez les tabliers des filles. »
« Ce brave homme n'a pas le chargement pour nourrir autant de bouches affamées et si personne n'est là, de toute façon, inutile de laisser aux brigands le loisir de venir se servir en notre absence » ajoute-t-il pour Onorina pendant que la jeunesse s'égaille vers le potager
« C'est pas not'présence qui les a gênés l'aut'fois » grommelle le fermier bougon malgré le regard accusateur que lui rend ledit Dafnís.

Inigo prit le soin d'éviter de répondre au fermier bougon cette fois-ci. Il préféra concentrer son attention et son énergie sur ceux qui souhaitaient réellement s'en sortir.
Le voyage allait être plus long avec 19 personnes en plus, et il allait leur falloir faire plus de halte que lorsqu'il était seul à cheval. Il ne fallait pas perdre un seul instant et mettre le plus de distance entre eux et les brigands.
Ils parleraient sur la route, tout en marchant.

Inigo aida tout ceux qui en avaient besoin à se préparer le plus rapidement possible, puis il rassembla tout le monde autour de la charrette après avoir fait monter Vantenin, Inian, Auberta, Celina et Aufred à l'intérieur. Si le cheval était capable de supporter le poids de Raquèu, Alodia et Armanda, ils monteraient aussi, sinon tant pis, ils marcheraient comme les autres.

« Bueno, il est temps dé partir. Il y a un village plus bas, vous lé connaissez, Le Sautadour, il est maudit, nous né pourrons pas y rester sinon nous allons mourir, croyez-moi, yi souis resté ouna nouit et mes fidèles compagnons ont failli tous mourir.
Yé né veux pas vous faire peur mais les bandidos sont plous rapidé que nous, et il ne faudra pas trop nous arrêter tant qué nous n'aurons pas rejoint le petit faubourg dé La Petite Combe. ça séra dour, mais c'est lé prix de notre survie à tous. Yé compte sur vous pour faire lé maximum.
Haut les coeurs » finit-il par dire pour leur donner confiance et éviter de dresser un tableau trop sombre aux enfants.
« Cé parti...Qué les Dieux veillent sur nous.... »

« Les tabliers des filles » ça donne un peu plus de 15 kg de légumes ...
La barrique d'eau est hissée dans le chariot. rien qu'avec ça, le cheval va peiner.

Dafnís s'installe à la conduite, Onorina à côté de lui pour garder le bébé dans ses bras.
Pour l'instant, Raquèu, Alodia et Armanda sont en capacité de marcher « et puis cela leur fera du bien de pouvoir se dégourdir les jambes » signale fort justement Onorina. « Elles pourront peut-être monter dans la charrette plus tard si l'un ou l'autre d'entre elles est fatiguée. »

« prends lé cheval par la bride au lieu de monter dessus. Ça l'allégera d'autant »fit remarquer Ingigo au Veneur.
Il regarda en même temps Onorina d'un air dubitatif, comme si elle ne pouvait pas marcher avec un bébé dans les bras. « certains semblent être déjà fatigués avant mêmé d'avoir commencé » lança t-il au gré du vent.
Puis il commença à marcher sans plus attendre.