Je reviens un peu sur Nouvelle ère. J'ai enfin eu le temps de lancer ma campagne. On joue peu, faut de temps, mais on a déjà pu avancer un petit peu. Ca confirme ce que je pensais juste en lisant les règles, c'est très chouette.
Et pour vous en convaincre, voici un résumé un peu romancé du premier scénario que je leur ai fait jouer. Du moins, la première partie de ce scénario.
Trois mois après la prise d’otage de Titanos IV.
Raegarn observait le pilote qu’on venait de lui affecter. Pour lui, tous les Drells se ressemblaient. Grands, verts, d’inquiétants yeux globuleux d’un noir d’encre, quoi qu’ils eussent parus petits, en comparaison des siens. Le Galarien n’avait jamais vraiment eu affaire aux Drells. Le seul qu’il connaissait vraiment était la légende qui accompagnait l’actuel commandant suprême de la flotte galactique, le Suramiral Shepard, dans sa lutte contre les Moissonneurs. Et encore n’en connaissait-il que ce qui faisait cette légende : les on-dit et les exploits qui enflaient démesurément à chaque nouvelle personne qui les racontait. Curieusement, c’était un trait de caractère que semblaient partager toutes les espèces connues. L’exagération des hauts faits des héros prenait sans cesse plus d’ampleur.
Celui qui se tenait en face de lui semblait bien plus ordinaire. Selon lui, il était improbable que, si large d’épaules qu’il soit, le type qui lui faisait face puisse briser la nuque d’un Krogan après avoir gravi un par un les étages d’un immeuble sans courant, le tout sans se faire repérer jusqu’au dernier moment. Pourtant, le Veuve Noire qui trônait dans son dos, imposant même replié, indiquait plusieurs choses : il avait la force et l’endurance nécessaire pour manier une telle arme sur le champ de bataille et, à un moment ou un autre, il avait eu suffisamment de bons contacts avec les humains pour se procurer une des armes les plus puissantes et les plus coûteuses à produire de leur arsenal. Tout cela, alors qu’on le présentait comme pilote de navette. Indéniablement, Raegarn le voyait comme un commando, à tout le moins.
Autour d’eux, la salle d’holo-conférence du SSV Saratoga était plongée dans l’obscurité. Au bout de la table en noyer se tenait l’archétype même de l’officier de la Marine de l’Alliance. Grande, mince, le visage taillé à la serpe, se tenant plus droite que la justice, les mains croisées dans le dos, le colonel, qui portait ironiquement le nom de Marine, finissait de lire l’ordre de mission qui s’affichait en relief devant elle. L’aura d’autorité qui émanait d’elle était si palpable qu’on aurait pu s’en servir pour caler la porte.
Sa lecture terminée, elle prit le temps, avec des gestes lents et mesurés, d’éteindre le terminal, puis d’afficher une carte holographique de l’Espace Concilien. Son regard du même gris que l’acier, dur et froid, balaya la salle de briefing. Le pilote Drell, Kalco, sentit malgré lui un frisson le parcourir. Un rapide coup d’œil autour de lui l’informa que le reste des militaires présents autour de la table se sentaient tout aussi mal à l’aise alors qu’aucun d’entre eux n’avait quoi que ce soit à se reprocher. Enfin, elle prit la parole, d’une voix si grave qu’elle aurait eu toute sa place dans un de ces opéras que prisaient tant les humains les plus fortunés : « Mirana, une diplomate asari, a été envoyée négocier sur la planète Anadrius, dans la Nébuleuse de la Tête de Cheval. » Un halo vert radioactif enveloppa la planète concernée, un point minuscule perdu au milieu de l’immensité de la galaxie. « C’était il y a deux jours. Sa hiérarchie a perdu le contact avec elle il y a une grosse journée et souhaite que nous la retrouvions. » Un nouveau point lumineux, rouge celui-ci, apparut, non loin de la planète. « Il s’agit ici de sa dernière position connue. Il n’y a eu aucune transmission avant de perdre le contact. Les têtes couronnées, » l’expression autant que le ton qu’elle employait en disait long sur son opinion des politiques, « craignent soit un enlèvement par des pirates, soit une collision. A nous d’aller sur place et de vérifier. »
Reconnaissance et recherche. Un diptyque qui plaisait bien à Kalco. C’était une routine assez familière pour lui. Raegarn, lui, s’agitait un peu plus. La dernière fois qu’il avait du jouer les baby-sitters, il était tombé sur une tempête homérique, une planète plus qu’hostile, des Soleils Bleus déterminés à préserver leur butin et s’était fait un ennemi à la dent dure. Pas mal pour deux petits jours de travail. A leurs côtés, un Turien hocha la tête, claquant les talons avant de prendre congé. De toute évidence, il savait déjà ce qu’il avait à faire et le colonel Marine ne lui tenait pas rigueur son manque de respect au protocole. Raegarn eut tout juste le temps de lire son nom sur son badge : Demetrius.
Une heure plus tard, le vrombissement sourd des moteurs ioniques extirpait le Saratoga du quai réservé à l’Alliance, entamant le trajet qui le mènerait au relais cosmodésique de la Citadelle. De là, le noyau d’ézo du relais les expédieraient dans la Nébuleuse de la Tête de Cheval en quelques minutes. Dans le cockpit, autour de Kalco, les membres de l’équipage s’affairaient à manœuvrer l’agile frégate avec une aisance née de l’expérience, leurs doigts volant sur les tableaux de commandes, faisant naître un ballet multicolore de voyants auxquels se mêlaient les bips incessants dont semblaient raffoler les humains.
Dans la soute, Raegarn, lui, s’affairait à préparer son matériel. Il savait que les puissants moteurs de la frégate ne mettraient que quelques heures, là où ceux, plus modestes, de la navette de la diplomate avaient mis deux jours, pour les amener sur les lieux de la disparition. Parant à tout éventualité, y compris au piège tendu par un ennemi inconnu, il vérifiait et revérifiait avec une précision chirurgicale que son équipement était en parfait état.
Dans les hauts parleurs, la voix métallique du colonel Marine résonna. « Equipe d’éclaireurs sur le pont. » Aussitôt, Kalco et Raegarn s’activèrent pour rejoindre la passerelle de commandement. Sur place, le Turien qu’ils avaient vu dans la salle de briefing était occupé à contrôler une console. Dès leur arrivée, il entama son rapport sans ambages.
« Les senseurs à courte portée indiquent la présence de débris d’un appareil flottant à quelques kilomètres du Saratoga, Madame. » « Ce sont ceux de la navette de l’Asari ? » demanda le colonel sur un ton sec. « Impossible à dire d’ici. Les débris sont trop petits pour que les scopes puissent visualiser quoi que ce soit. Mais le détail intéressant est que les scans thermiques indiquent qu’ils sont encore chauds. La destruction est donc extrêmement récente, quelques minutes tout au plus. »
Acquiesçant, l’officier se tourna vers le Drell et le Galarien. « Préparez une navette, vous allez me faire une sortie et voir ce que vous pouvez trouver parmi les débris. » Les deux aliens répondirent à l’unisson, « Bien, Madame. » avant de tourner les talons et de se précipiter vers le hangar.
Un sourire étira les lèvres minces de Kalco lorsqu’il pénétra dans la navette. Il était dans son élément. A son tour, ses mains firent jaillir la symphonie de lumières, de couleurs et de sons typique de la mise en route d’un vaisseau spatial. Séparée du sas arrière, le poste de pilotage comprenait assez de place pour loger une équipe de cinq ou six personnes. Dans le sas, Raegarn enfilait déjà sa combinaison, accrochant son Predator à la ceinture, ne jugeant pas utile de s’encombrer d’un Mattock, trop lourd pour une sortie spatiale. Demetrius, lui, attendait patiemment, assis sur une banquette, pianotant sur son Omnitech.
Le chuintement des vérins pneumatiques indiqua à Kalco que la porte de la soute du hangar à navettes s’ouvrait, tandis que le grésillement électrique des supports d’amarrage magnétique l’informait que sa navette était désormais libre. En douceur, il vira de bord et plaça le nez de l’appareil face à la sortie, avant de s’éjecter, jaillissant comme une balle du hangar avec un plaisir non dissimulé.
« Ici Kodiak 01 à Saratoga, sortie réussie. A vous. » La voix de l’officier de transmission s’éleva du haut-parleur. « Ici Saratoga, on vous voit sur les écrans, pas de problème. Bonne chasse. »
En quelques minutes, Kalco amena la navette où le lui indiquait Demetrius. Derrière la vitre de transparacier, ils pouvaient voir les débris flotter sous leur nez, le rouge cerise du métal surchauffé se refroidissant à vue d’œil, redevenant progressivement d’un gris mat. Quelques étincelles jaillissaient encore ça et là des reliquats de circuits électriques.
Harnaché de pied en cap, Raegarn verrouilla la porte séparant le sas du cockpit, puis se rapprocha de la porte ouvrant sur le vide interstellaire. « Prêt quand vous voulez les gars. » dit-il en vérifiant une fois de plus la solidité du mousqueton le reliant à la navette qui, en cet instant, représentait littéralement le fil de sa vie.
En guise de réponse, Kalco déclencha l’ouverture extérieure. Raegarn se jeta dans le vide, ses pieds le propulsant en douceur vers les débris. Les micro propulseurs de son harnais lui permettaient de se diriger où il le voulait, leur commande reliée directement à son esprit par une interface neurale directe fixée tant bien que mal sur son front.
Par chance, le deuxième morceau de débris qu’il inspecta présentait un numéro de série. Après avoir transmis l’information à la frégate, la réponse tomba comme un couperet dans les hauts parleurs. "C'est le numéro d’un transpondeur fabriqué par ExoGeni. Il correspond à celui qui équipait la navette de notre diplomate. » Puis, après une pause lourde de sens. « Rentrez au bercail. »
Frustré, Kalco lança un dernier balayage de la zone, au cas où. Mais à part un gros astéroïde minier, il n’y avait rien dans les parages. Obstiné, il poussa malgré tout le bouton établissant la communication avec la frégate. « Il y a un petit caillou minier à quelques encablures de là. Demande la permission d’aller y jeter un œil avant de rentrer. Si elle a une chance de s’en être sortie, elle ne peut être que là-bas. » « Entendu. » s’entendit-il répondre directement par le colonel Marine. « Récupérez Raegarn et allez voir ce que vous pouvez trouver. On vous attendra en orbite. »
Visiblement, soit la mission tenait à cœur de l’officier, soit elle était du genre professionnel et ne laissait aucune place à la fainéantise et à l’à peu près dans la gestion de ses missions. Cette pensée suffit à arracher une bouffée de joie à Demetrius, qui avait appris durant la guerre contre les Moissonneurs à respecter l’engagement de certains militaires humains. Tous n’étaient pas aussi dévoués que les Turiens, mais certains méritaient tout de même son respect.
Le Galarien rentré au bercail, la navette fila droit vers le minuscule planétoïde. Les senseurs indiquèrent la présence d’une seule station minière. Un classique. Une entreprise quelconque avait du revendiquer la propriété de l’astéroïde, y implanter une station minière et c’était tout. Il était peu probable de trouver autre chose que des mineurs et des cailloux.
Kalco dirigea son Kodiak vers l’unique plateforme d’atterrissage de la station, un assemblage disparate d’une trentaine de préfabriqués semblables à ceux qu’on trouvait sur tous les chantiers de la galaxie. Un générateur d’atmosphère devait équiper les lieux, car aucun des trois membres du comité d’accueil ne portait de combinaison spatiale. En sortant de la navette, le trio fut accueilli par un homme à qui il restait encore moins de dents que de cheveux, l’haleine chargée de bibine bon marché. « Z’êtes qui et c’que vous voulez ? » demanda-t-il d’une voix rocailleuse parfaitement raccord avec son apparence. « On cherche quelqu’un qui a disparu dans le secteur. Une diplomate Asari du nom de Mirana. On a retrouvé les débris de sa navette pas loin et on est venu voir si elle n’a pas eu le temps de se réfugier dans le secteur. » Répondit Demetrius avec une franchise toute militaire, faisant lever les yeux au ciel à ses deux compagnons. « On a personne de nouveau dans le coin depuis des mois. » Asséna sans surprise celui qui devait être le chef de la sécurité. « Mais l’astéroïde est régulièrement bombardé par tout ce qui peut traîner dans l’espace. Y’a pas d’atmosphère pour arrêter les trucs volants alors ça s’écrase ici. On garde un historique de tout ce qui est tombé ainsi que leurs coordonnées, si ça peut vous aider. » Ajouta-t-il, finalement bien plus coopératif qu’ils ne l’espéraient.
Sans attendre de réponse, il transféra les données de son Omnitech au leur. Durant le laps de temps où l’Asari avait pu se retrouver ici, trois sites seulement avaient été bombardés par des débris stellaires. Après avoir chaleureusement remercié le bonhomme décidément bien plus sympathique que beau, le trio regagna la navette, informa la frégate et fit redécoller la navette.
Le survol du premier site, le plus proche, ne donna rien. Ce n’était qu’un météore qui avait creusé un trou, au beau milieu d’une plaine tout ce qu’il y avait de plus de vide. Le choix du deuxième site à explorer fut plus compliqué. Distant d’une demi-journée de vol l’un de l’autre, le temps perdu à explorer le mauvaise site, à supposer que l’un d’eux abritât bien l’Asari, pouvait signifier la fin des réserves d’oxygène et de nourriture de la rescapée. Le premier, se situait au beau milieu d’un assemblage de pics et de déclivités formant un terrain difficile mais fournissant un abri certain contre un éventuel autre bombardement stellaire. Le second reposait au milieu d’un cirque naturel, bien plus exposé mais beaucoup plus facile d’accès.
Après de courtes tergiversations, les sauveteurs décidèrent que les petites montagnes représentaient les meilleures chances de survie de la rescapée et mirent donc le cap vers les pics escarpés. La manette des gaz poussée à fond, pleinement conscient que chaque minute perdue jouait en leur défaveur, Kalco survola les pics, activant les scanners les uns après les autres, jonglant entre les vues thermiques et électromagnétiques, espérant que l’un d’eux donnerait un résultat. Un bip qui n’eut même le temps de terminer retentit, tandis qu’un point lumineux clignota tout aussi rapidement sur son écran, récompensant ses efforts. « Qu’est-ce que c’est ? » Demanda Raegarn. « Aucune idée. » Répondit Demetrius. « Peut-être que ce n’est qu’un écho, mais peut être que c’est le signal d’une balise masquée par le relief. En tout cas, c’est de l’énergie, donc pas naturel et on va voir. » Une note d’excitation perçant dans sa voix.
Quelques instants plus tard, le Drell slalomait dans les gorges et les canyons, plus centaines de mètres de pics escarpés écrasant leur navette de toute leur masse. Brusquement, un nouveau bip retentit… avant que la vitre ne soit saturée d’une lumière blanche qu’ils auraient presque pu entendre crépiter. La longue expérience au combat de chacun d’eux ne leur laissa aucun doute sur ce qui venait de se produire : on leur tirait dessus.
Un nouveau sourire illumina le visage du Drell. « Ok Mesdemoiselles, on accroche sa ceinture. Je crois qu’on a touché le gros lot. » Sans attendre de réponse, il déploya tous ses talents de pilote pour manœuvrer la caisse à savon qui lui servait de navette, suivant une trajectoire parfaitement hiératique afin d’esquiver les tirs de laser qui faisaient vibrer la carlingue malmenée.
« Je ne vais pas tenir longtemps à ce rythme, il va falloir que je me pose. » Affirma-t-il avec un calme qu’il était loin de ressentir. « C’est pas vraiment une piste d’atterrissage mais il y a un terrain à peu près plat à huit cents mètres d’ici. » l’informa Demetrius qui était déjà à l’œuvre, affichant une carte du coin sur le pare brise interactif de la navette.
Sans daigner répondre, Kalco fonça vers le lieu indiqué, réalisant tardivement que l’étroit couloir menant à ce replat ne lui permettrait pas de décélérer à temps pour un atterrissage en douceur. Avec une célérité exemplaire, il enclencha les rétro fusées et bloqua les moteurs auxiliaires à mort, faisant protester toute la structure de la fragile navette dans un concert de rugissements métalliques. Malgré tout, le choc sourd indiqua que le bas de la carlingue aurait besoin d’un bon coup de peinture.
Sans perdre un instant, les survivants, secoués, enfilèrent leurs armures, sanglèrent leurs armes et sortirent au pas de charge de la navette. Ils le savaient, ils n’avaient que peu de temps avant que leurs agresseurs ne débarquent pour finir le travail. Pourtant, malgré leur empressement, un premier tir de laser les cueillit dès la sortie du Kodiak, le bouclier de Raegarn encaissant heureusement le coup.
Demetrius était déjà à terre, derrière un des nombreux rochers parsemant le replat entouré de falaises où ils se trouvaient, quand Raegarn fonça se mettre à l’abri derrière la navette. Les tirs pleuvaient déjà sur eux mais la distance les rendait difficiles à toucher. Profitant de la confusion, Kalco dégaina son imposant Veuve Noire et s’allongea, profitant d’une anfractuosité entre deux rochers pour sonder les falaises sans être repérable. Le Turien activa un camouflage avant de foncer à découvert, profitant de son invisibilité temporaire, tout comme Raegarn, qui regrettait déjà d’avoir laissé son fusil sur le Saratoga, ne disposant que de son flingue pour abattre des cibles à plus de cent cinquante mètres.
Un premier tir, qui aurait été assourdissant s’il y avait eu une atmosphère pour le transporter, accompagna le premier obus miniature tiré par Kalco. Le corps qui vola sur plus de trois mètres avant de s’écraser sur un rocher lui indiqua qu’il avait trouvé sa cible. « Un de moins cria-t-il dans le micro de son casque. »
Ce premier tir réflexe, étonnamment chanceux, incita les assaillants à plus de prudence. Le Drell se mettant à chercher une nouvelle cible, désormais bien mieux cachés derrière les rochers qui les surplombaient. Une nouvelle salve de tirs au jugé ne ralentit même pas la course des deux invisibles qui continuaient de foncer.
A l’instant où le camouflage de Raegarn cessa de faire effet, il plongea à couvert, l’éclat furtif du reflet du soleil sur le canon d’une arme lui indiquant la position d’un des tireurs. Moins subtil, Demetrius continua de courir en expédiant une grenade sur les hauteurs. La distance et le dénivelé ne lui permirent pas de savoir s’il avait touché qui que ce soit, mais l’explosion suffit à couvrir le reste de sa course jusqu’au pied de l’escarpement.
Raegarn arrosa lui aussi au jugé, les balles de son Predator touchant plus de rocher qu’autre chose. L’un des deux tireurs restant commit l’erreur de se pencher par-dessus le rebord pour voir où se trouvait Demetrius… qui l’attendait. Une salve de plasma surchauffé quitta son Omnitech pour venir s’écraser droit sur l’assaillant, qui prit feu instantanément, consumant l’oxygène de sa combinaison à toute vitesse.
Pris de panique, le dernier assaillant quitta son couvert pour fuir. Une deuxième cartouche du Drell, qui n’attendait que cela, s’écrasa dans son dos, perforant le bouclier, l’armure puis le cœur.
Le calme retomba sur le petit cirque naturel. Kalco, Demetrius et Raegarn couraient déjà en direction des tirs de laser qui avaient failli abattre leur navette. Sans cesser de courir, avalant les distances avec une aisance toute militaire malgré le terrain difficile, ils contactèrent leur vaisseau. « Ici Kodiak 01, on a été pris à parti par des tirs d’armes lourdes. On a du poser la navette. Demande de renforts immédiats. » « Bien reçu Kodiak 01. On envoie une navette avec des renforts. Allez voir, mais n’engagez pas le combat. » Répondit l’officier de liaison après quelques secondes pendant lesquelles le colonel avait du enchaîner une suite d’ordres à une vitesse impressionnante.
Parvenus au sommet d’un pic, le trio comprit sans peine ce qu’il vit. Cinq cents mètres plus bas, creusée dans la roche d’une montagne, une porte blindée donnait sur ce qui était probablement un repaire de pirates taillé dans le rocher à coups de foreuses laser. La porte était parfaitement invisible depuis les airs, cachée sous un repli rocheux. Une centaine de mètre plus à l’ouest, une trappe métallique dans le sol ne pouvait être que l’emplacement de la tourelle lourde qui avait arrosé leur navette.
Profitant du zoom de leur équipement, ils inspectèrent les lieux, le surplomb rocheux leur cachant une partie de la plaine en contrebas. Quelques instants plus tard, un groupe de piétons entra dans leur champ de vision, jusque-là dissimulé par la roche. Une quinzaine de types équipés de bric et de broc encadraient une Asari visiblement menottée, semblant se diriger vers la porte de la base.
Analysant la situation avec la rapidité inhérente aux Galariens, Raegarn rappela le Saratoga. « On a trouvé Mirana. Elle a été capturée par une quinzaine de types. Probablement des pirates. Ils s’apprêtent à entrer dans une base souterraine où ils seront bien plus difficiles à déloger. Permission d’engager l’ennemi maintenant. » « Accordé. Faites ce qu’il faut. » Répondit du tac-au tac une voix qui était, cette fois-ci, celle du colonel.
Sans se concerter, Demetrius et Raegarn s’élancèrent, dévalant la pente à toute vitesse, comptant sur la distance pour ne pas être repérés. Kalco, lui, alignait déjà ses cibles, cherchant à repérer qui donnait les ordres. Rapidement, il repéra celui qui se dirigeait vers le panneau de commande holographique de la porte.
Attendant le dernier moment, il fit feu, pulvérisant la main du pirate et le boîtier de commande d’un même tir. La situation était un cas d’école pour lui. En hauteur, à longue distance, caché derrière des rochers avec pour cibles une quinzaine de types qui ignoraient sa position et en terrain découvert. Il allait s’en donner à cœur joie.
Couvrant la progression de ses coéquipiers, il abattit deux pirates de plus, ne s’arrêtant que pour recharger son arme. Demetrius et Raegarn renouvelèrent leur tactique, activant leur camouflage sitôt repérés, terminant leur course à l’abri de rochers, tout en bas du pic, à une petite cinquantaine de mètres des pirates, occupés à se rouler au sol dans le vain espoir d’offrir des cibles moins faciles.
Posément, le Turien cala son fusil et aligna les pirates qui commencèrent enfin à répondre, tirant un peu n’importe où dans la panique. De toute évidence, ils n’avaient pas l’habitude d’être dans la position des agressés et encore moins de se battre sur ce genre de terrain découvert.
Alors que la moitié du groupe de pirates était déjà à terre, mort ou blessé, la situation se compliqua pour l’équipe de secours. Tandis que Mirana rampait au sol, cherchant les clés ou le code qui ouvrirait ses menottes, la trappe de la tourelle s’ouvrit, la silhouette du canon laser en forme de champignon s’élançant rapidement vers le ciel, haute d’une bonne demi-douzaine de mètres.
Délaissant son fusil qu’il jeta à Raegarn, qui le rattrapa au vol, arrosant déjà ce qui restait des pirates, le Turien activa une fois de plus son camouflage et fonça en direction de la tourelle, parfaitement invisible dans la confusion que le Galarien créa en jetant une grenade supplémentaire, le bras qui atterrit juste devant lui l’informant qu’il avait touché au moins une cible.
Depuis les hauteurs, Kalco réalisant rapidement que c’était lui la cible de la tourelle et qu’un seul tir suffirait à le vaporiser, ne laissant de lui qu’un petit tas de poussière radioactif. Délaissant ses infortunées victimes en contrebas, laissant à Raegarn le soin de les occuper, il plaça la croix holographiques de son viseur sur le centre du canon de la tourelle, priant pour toucher le cristal qui servait de focalisateur au laser qui ne manquerait pas de l’atomiser d’ici quelques secondes.
Tandis que la balle au noyau d’adamantine filait vers la tourelle, l’éclaireur Galarien soulagea du fardeau de l’existence deux pirates supplémentaires. Le Veuve Noire était un fusil incroyablement puissant, conçu autant pour le contre sniping que le tir anti matériel. Toutefois, la tourelle était équipée d’un générateur de bouclier capable d’encaisser des tirs d’armes lourdes ou de chars d’assaut. Le pruneau s’écrasa sur la barrière cinétique qui scintilla d’un bleu cobalt avant de disparaître, à peine affaiblie par un tir qui aurait percé la coque de la plupart des blindés légers.
Le plan de Demetrius, bien que tout aussi fou qu’une balle miraculeuse, eut plus de succès. Arrivé au pied de la tour, alors qu’une balle perdue faisait sauter son camouflage, il tendit le bras et libéra un grappin, dont les crampons magnétiques se fixèrent sans difficulté sur la coupole du canon. Actionnant le treuil qui lui fit grimper les six mètres en un temps record, il prit toutes les grenades restantes à sa ceinture et les expédia dans le canon de la tourelle, qu’elles dévalèrent avec des rebondissements métalliques.
Se libérant de son grappin, Demetrius s’écrasa au sol, seule la faible gravité lui épargnant de douloureuses fractures. Un instant plus tard, une formidable explosion pulvérisa la tourelle, la réaction en chaîne des générateurs libérant une formidable quantité d’énergie faisant sauter la coupole qui alla s’écraser fort opportunément sur les trois pirates encore en vie.
A nouveau, le calme du vide spatial s’installa sur l’astéroïde, tandis que Kalco rejoignait le groupe formé de l’Asari rescapé et des deux survivants de la bataille. Demtrius pirata rapidement le mécanisme électronique des menottes, libérant ainsi la prisonnière.
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