Chorune ne savait pas si elle avait bien compris ce qu'avait dit la Maire de Pointesable, mais il lui semblait qu'elle devait rester dans la ville même si elle souhaitait empocher la récompense.

De retour à la maison familiale, Chorune fut heureuse de retrouver sa mère. Les compliments qu'on lui faisait lui arrachèrent des larmes. Elle ne savait pas si elle devait être fière pour la façon dont elle avait agi, mais elle le devait pour le résultat. Merci, Salfon...
Elle sentit au fond d'elle que le vieux général, loin d'être mort, la soutenait dans ces instants. Voire... se renforçait... comme s'il revivait un peu grâce à elle.

Chorune et sa mère dormirent dans leurs chambres, toujours réservées, dans la grande demeure de Falthryr.

Pendant la cérémonie, Chorune entraîna Badin et Laurende à l'emplacement que Zantus lui avait indiqué.

A l'heure du repas, alors que ses cousin et cousine retournaient chez eux, elle s'en alla se restaurer chez Falthryr.

Dans l'après-midi, avec ses cousins et cousines, elle alla s'acheter avec la fortune gagnée ce dont elle rêvait depuis des années : De bons outils pour la couture. Excitée, elle pénétra chez le quincaillier pour cela.
« Bonjour. Je voudrais changer mes outils de couture. Vous avez toujours les ciselés que j'avais vu il y a quelques années? » demanda-t'elle, pleine d'espoir.
Elle se demandait déjà, posant ses yeux sur les différentes étagères, ce qu'elle pourrait bien offrir à sa mère.

Bonjour. Je voudrais changer mes outils de couture. Vous avez toujours les ciseaux ciselés que j'avais vu il y a quelques années? demanda Chorune, pleine d'espoir.
Elle se demandait déjà, posant ses yeux sur les différentes étagères, ce qu'elle pourrait bien offrir à sa mère. Peut-être un petit meuble, pour remplacer celui que j'ai cassé en me... en m'énervant... un jour.
« Et combien coûte cette table de chevet ? Du Korsova, je crois... »

Avec délicatesse, fascinée, la bouche légèrement entrouverte, l’adolescente prit en main les outils métalliques aux reflets argentés.

Les habitudes de la couturière prirent rapidement le dessus. Elle fit quelques mouvements avec le ciseau, appréciant à la fois l’absence de frottement entre les deux parties et la taille des lames aiguisées. Elle mit en place le dé à coudre, qui épousait le bout de son doigt comme s'il avait été fait sur mesure. Puis elle soupesa les fuseaux de dentelière, vérifiant leur équilibre parfait. Enfin, elle observa avec des yeux ronds les aiguilles de différentes épaisseurs, dont les plus fines, et qui lui permettraient d’implanter des fils dans un tissu sans faire de trou apparent. Laurende complimenta les objets aussi.

Chorune resta figée en entendant le prix de la table de chevet. Comment quatre planches assemblées entre elles pouvaient être aussi chères ? Elle trouvait que Denys, tout talentueux qu’il soit, se lâchait un peu sur les prix... qui n'avait pas l'air de surprendre Laurende, par contre. Mais Chorune n’avait pas d’autres idées de cadeau : Une jeune campagnarde ne pensait qu’à des objets ayant une utilité. Sa cousine, plus citadine, suggéra : « Peut-être devrais-tu penser à un bijou, non ? »
« Heu… oui… bonne idée. Je vais prendre le nécessaire de couture. » dit la fermière en se tournant vers Ven Vinder. « Avec ce fil... et ceux-ci... et ce tissu... » Elle fit un assortiment de couleurs varié.

Puis elle irait dans une bijouterie de Pointesable.
Puisqu'il fallait qu'elle se montrer, autant faire des emplettes. Et ça intéressait aussi Laurende de l'accompagner.

Autant le prix du meuble en bois avait paru exorbitant à Chorune, autant la couturière savait ce qu'apportaient de bons outils à la qualité du travail effectué. Avec de tels outils, les meilleurs tailleurs produisaient des tenues de cours qui grimpaient à des prix très élevés, largement supérieurs aux 60 pièces d'or dont on venait de parler. Ce fut plutôt Laurende qui s'étonna que quelques bouts de métal, certes peut-être bien faits, aient une telle valeur.
« Merci. C'est très généreux de votre part. Je me souviendrai de votre geste. » dit-elle, heureuse de cette bonne affaire. Être une héroïne avait visiblement quelques avantages.

Ayant pris congés de Ven Vinder, Chorune demanda à sa cousine : « Alors, pour des bijoux, tu me conseilles qui? »

Laurende, qui ne savait même pas par quel bout on tenait un marteau, tançait Chorune sur la façon de se rendre belle. Cette dernière rit de bon cœur. Moi ? Un bijou ? J’ai à peine seize ans… pensa l’adolescente avec mauvaise foi, ne se rendant pas compte que manier une épée à deux mains était beaucoup plus incongru pour une fille de son âge. Evidemment, plaire aux garçons était une préoccupation qui l’occupait, mais elle ne voyait pas pourquoi il lui faudrait user d’artifices matériels. Et pourquoi pas se maquiller, tant qu’on y est ?
Mais elle bénéficiait d’un peu d’argent, pour une fois.
« D’accord, je prendrai un bijou pour maman et un pour moi. Va pour Maver Kesk. » finit-elle par dire.

Chorune pouffa à l’altercation de celle qui devait être l’épouse de Maver.
« Je cherche des bijoux… » Une évidence dans cette boutique, mais la jeune adolescente ne savait que choisir.
Laurende la regarda avec une sévérité amusée. Puis elle jeta son dévolu sur des bracelets particuliers. Plusieurs cercles de métal torsadés s’entremêlaient, sur quelques centimètres. Ils renvoyaient des reflets dorés qui faisaient écho à ses longs cheveux blonds. « C’est fait pour toi ! » dit-elle.
Pour sa mère, Chorune choisit un collier simple, avec une pierre précieuse rouge en pendentif.
Venait maintenant la demande sur le prix de l’ensemble. « Hum… Combien coûtent ces deux bijoux ? » demanda-t’elle. Elle n’avait pas l’intention de laisser une fortune dans une transaction pour des objets aussi futiles.

Estomaquée, Chorune prit les précieux bijoux tendus par sa cousine. « Mais… je…c’est pas… » Effectivement, jamais elle n’aurait acheté ces objets hors de prix par rapport à leur utilité !
L’adolescente, touchée par le geste de sa cousine, attendit d’être hors de la boutique pour la serrer fort dans ses bras. « Merci, merci ! » Elle mit le bracelet immédiatement, se sentant tout d’un coup beaucoup plus belle. Comme quoi, être belle était finalement très simple… mais très cher.

Laurende venait de lui faire un très beau cadeau. Chorune se sentait un peu obligée de « penser un peu à elle » et de « se mettre un peu en valeur », maintenant.
« On sort à la taverne d’Ameiko, ce soir ? »proposa-t’elle à Laurende et Badin. « Et tu m’aides à choisir mes habits ? » ajouta-t’elle en entrant chez le tailleur qui lui fournissait d’habitude du travail.

« Bonjour Rynshinn. Ca va très bien. Et toi? Ta robe est magnifique. »
Chorune laissa la demi-elfe répondre, se disant qu'elle aurait bien du mal à atteindre son niveau d'élégance avec son aspect paysan musclé à la tâche. Mais elle demanda tout de même :
« Je chercherai un tenue pour ce soir. Ma cousine tient à me sortir...
- Oui, quelque chose qui mette un peu plus en valeur... ses formes... » tenta de préciser Laurende, subitement gênée par la présence masculine de son cousin.
« Hum... Je vous laisse entre filles. Je vais faire un tour... » annonça Badin, de toute façon mal à l'aise avec la conversation qui allait commencer.

« Le rouge, ça va être trop voyant, non ? » dit Chorune à l’attention de Laurende.
Mais c’était bien cette robe-là qui avait attiré son attention. Elle aimait l’idée de pouvoir rendre sa mèche rouge sang plus discrète grâce à son habillement, alors que les deux autres robes n’auraient fait que la faire ressortir encore plus.

L’essayage suivit.
Laurende régla les lacets pour faire ressortir la poitrine généreuse que Chorune avait tenté de diminuer.
« Crois-moi, tu seras plus belle comme ça. »
Après avoir fait un tour sur elle-même, se demandant si elle avait bien le droit de s’acheter une robe comme ça, Chorune conclut :
« C’est celle-là ! Je la prends. »

« Heu… mais non… ce que je voulais dire, c’est que le rouge ira très bien avec le bijou que voilà… » Arg. La bévue. se dit Chorune, rougissante (et donc bien visible).

Elle paya, puis entraina sa cousine dehors. Ils retrouvèrent Badin. « On rentre à la maison, et on se prépare pour ce soir ? » demanda Chorune, finalement excitée à l’idée de sortir un peu dans les tavernes.