« Ooooh, vous né vous occupez qué dé la frontière ? pas dé l'intérieur des terres juste derrière vous ? Parce que sur ma route jusqu'ici yé croisé oun village au loin, et les toits des maissons étaient tout cramés. ça avait l'air désert, yé né souis pas allé du coup » dit tristement Inigo.

Inigo était très attentif à la réaction des soldats. Ils n'était pas totalement sûr d'eux.... des brigands déguisés peut-être... alors ils les testaient.

Inigo ne savait que penser. Il avait déjà trouvé le Ser peu amène à trouver une solution pour attraper les brigands et ils constatait en même temps que ce dernier n'était pas aidé par ses propres soldats, qui ne faisaient pas grand preuve d'intelligence à ses yeux.
La vivacité d'esprit de Vezzini lui manqua soudain. Ils avaient pour habitude de faire des joutes verbales avec lui...il perdait souvent à ce jeu d'ailleurs....et ces soldats n'en faisaient pas grand preuve.
Il allait falloir se mettre à leur niveau pour essayer de les comprendre et d'avoir de plus amples informations.

« Excousez ma bêtise, ma, j'ai été envoyé par le Ser car les soldats étaient bien trop occupé ailleurs, y yé n'y conné pas grand chose en matière militaire en fait » fit-il en se mettant une main derrière la tête.
« Yé n'ai trouvé aucune route pour vous réjoindre, comment vous faîtes pour vivre ici ? vous mangez comment ? vous n'allez yamais au village vous détendre ? ça doit être dour dé resté ici tout lé temps non ? »

Inigo posait sciemment des questions qui pouvaient sembler stupides aux premiers abords, mais qui étaient lourdes de sens selon les réponses apportées.

« Ouais ! C'est duraille !
Ce poste, c'est presque comme une « punition » :
2 mois de casernement dans ce donjon paumé où il ne se passe rien.
De toute façon, les villages sont misérables, ils ne valent pas le déplacement.
Heureusement qu'on est arrivé avec nos propres vivres, sinon il aurait fallu apprendre à brouter l'herbe !
Et ici, elle est pas abondante, l'herbe ... »
Il soupire
« Ne vous en faites pas, il nous reste encore assez de biscuits secs pour vous faire une bouillie qui vous calera avant de repartir. »
Il hausse les épaules
« Et pour les routes ...
A part la rivière qui est navigable, à condition d'avoir une embarcation, il n'y a pas de vraie route dans le coin.
Il y a des pistes et des sentiers, mais rien de pratique, et on peut pas dire que c'est balisé.
Mais on est déjà coincés ici, on va pas en plus faire du boulot de cantonniers, hein ! »

Inigo acquiesça de la tête en signe de compréhension
« Si en effet, ça né doit pas être évidenté tous les jours.
Bien messieurs, yé né pas vous prendre plus dé votre temps, yé vous rémercie grandement de m'inviter à resté pour la nouit.
Vous pouvez m'indiquer où est la salle à manyer et où yé peut dormir aussi ... »

L'homme fait un léger signe de tête et deux de ses comparses quittent « nonchalamment » la table.
« On va vous chercher un plateau et voir où on peut vous trouver une petite place pour dormir. » explique-t-il tranquillement.
« Ne vous attendez pas à trop de luxe, on est pas préparé pour recevoir des visiteurs »

« Aucun problème, ça fait des yours que yé dors à la belle étoile..... ouna nuit yé même été réveillé par une bande des cavaliers, yé les entendou au loin mais le ciel était couvert, pas d'étoilés, et yé né rien vu.... ils m'ont coupé en plein sommeil....quelle nuit » dit Inigo l'air dépité

« Tout seul sur les routes, à dormir dehors en cette saison ...
Vous m'avez tout l'air d'avoir écopé vous aussi d'une forme de « punition » ...
Faites-vous discret ... la personne qui vous a dans le nez pourrait vous oublier ... » conseille le commandant d'un ton presque paternaliste.

« Comme vous dîtes, una poutain dé punition... » renchérit-il immédiatement
« Mais vous ssavez que cé una bonne idée ça, cé génial oui »lui répondit-il lorsqu'il suggéra de se faire oublier. « Yé vais souivre votre conseil, vous n'êtes pas el jeffe pour rien vous, cé génial comme idée ».
Puis il se retourna pour prendre congés d'eux, et murmura dans sa barbe tête légèrement baissée, mais suffisamment fort pour être entendu « Ma c'est génial oui, demain pour rentrer yé prendrais une route encore plous longue, voire même yé né rentrerais pas du tout, ahahahah »
Avant de sortir de la pièce, il se retourna une dernière fois, le sourire aux lèvres « Merci encore commandanté ».

La retraite d'Inigo est coupée par l'arrivée d'un homme portant un plateau avec une assiette creuse en bois contenant une sorte de ragout, une petite part de pain et une cruche en terre.
« Votre dîner. » annonce l'arrivant.
« Installez-vous et mangez lentement pendant qu'on finit d'installer votre couchette. » complète le commandant
« Si vous voulez, on peut vous laisser dormir demain matin, vous repartirez quand vous aurez pleinement récupéré.
Vous n'allez quand même pas vous saloper la santé pour une mission punitive, pas vrai ? »

Inigo faillit être percuté par le "soldat" porteur de l'assiette, et vu l'odeur de celle-ci il aurait peut-être mieux valu que ça soit le cas.
Il s'écarta de justesse pour le laisser passer.
« Ah mais yé mange ici avec vous ? yé croyais qué yallais manger avec les autres soldats dans la salle à manger.... » dit-il en se retournant et revenant sur ses pas.
« Yé vous remercie de cette attention, même si yé ne mérite pas de manger avec des officiers tels qué vous. »

Il tira une chaise et s'installa.
Il vit alors le contenu de l'assiette et senti son odeur, reniflant à plein nez.
Il redressa alors la tête de son assiette et la pointa du bout du doigts, pinçant son nez entre les doigts de son autre main
« Dites, yé né voudrais pas offenser votre couisinier ma.....ça né sent pas très bon quand même...Yespère que vous n'en avez pas déjà mangé parce qué cé l'empoisonnement à coup sûr avec ça dans lé ventre ahahahah ».
Il poussa alors l'assiette vers eux, pour que ça ne laisse aucun doute à leur nez« Tenez, sentez-vous même »
Inigo essaye de prendre ça à la légère, toujours sur un ton un peu niais et naïf.
Il se doutait bien que c'était un certainement un test et il essaya donc de garder son apparence inchangé, un bonhomme jovial, peut-être un peu stupide, mais clairement pas assez intelligent pour les ennuyer et donc sans avoir besoin de s'en débarrasser comme ils avaient pu le faire avec les villageois.

« Il n'y a plus personne à cette heure-ci dans la salle froide, humide et puante qui sert de réfectoire.
Vous êtes mieux ici. » répond le commandant aux dénégations d'Inigo.

...

Grimaçant, l'homme repousse l'assiette vers Inigo :
« Désolé, mais c'est notre « ordinaire ».
On mange ça tous les soirs, et la bouillie du matin n'est pas terrible non plus.
Ça reste mieux que de l'herbe.
Pas de beaucoup, je vous l'accorde, mais au moins c'est chaud. »

Inigo récupéra l'assiette en faisant la même grimace que le commandant. Il renifla à nouveau le plat et eut soudain une idée
« ahhh, mais si, yé sais.....il doit mé rester une bouteille de vin dans mes bagages, ça aidera à faire passer..... Vous m'accompagnez ? yé sé que vous êtes de garde mais l'aclcool n'est pas interdit no ? »

Souriant (et intéressé) le Commandant confirme
« C'est autorisé.
Quand on en a.
Et puisque vous proposez de partager,; je vous accompagne bien volontiers. »

Par courtoisie pour son hôte (ou autre motif moins avouable) le commandant ayant exclu les autres du partage annoncé, ils font un peu la gueule mais ...
on ne contredit pas le commandant .

« Muy bien, yé réviens, yé laissez mes affaires à l'écurie, et avec ou peu dé chance yaurais peut-être dos botellas »dit Inigo dans un grand sourire franc.
Boire avec eux ne lui faisait pas plus plaisir que ça, mais rien que l'idée que de boire suffisait à ne rien laisser transparaître. Il aimait boire et ça, ça ne trompait personne.

Inigo descends ensuite jusqu'à l'écurie et y ramassa son équipement, matériel d'écriture et barda pour le couchage... Il se méfiait toujours que les bandits puissent découvrir ses réels objectifs, donc il ne s'attarda pas trop, pour ne pas éveiller les soupçons. Il veilla à ce que son matériel d'écriture soit bien protégé et dissimulé dans ses affaires de couchage.

Inigo n'a pas été accompagné, ni suivi, c'était bon signe, ils croyaient à son histoire.
Quelques petites minutes plus tard à peine, il revint alors avec son barda qu'il déposa à l'entrée de la pièce et montra 2 bouteilles de vin, une dans chaque main
« Yé mé disais bien qu'il m'en restait » dit-il sourire aux lèvres, victorieux
« Buvons ahahah »

Inigo n'a pas été suivi, mais il se sent surveillé.

A son retour, seul le commandant est encore attablé pour l'attendre avec 2 gobelets vides.
Quelqu'un a eu l'excellente idée de débarrasser le plateau avec les reste de l'assiette malodorante.
2 autres hommes se tiennent nonchalamment, l'un avec une fesse sur le rebord d'une fenêtre, l'autre simplement appuyé contre le mur opposé, tous les autres ont quitté la pièce.
Il est clair que les bouteilles seront uniquement pour Audilon et Inigo.
Malgré l'apparente décontraction de chacun, l'ambiance globale reste encore légèrement tendue.