« T'expliquer? Ah ah.

Pourquoi pas... Mère »

Kaïdo eut un sourire mauvais avant d'enchainer:

« Mais avant ça, je vais plutôt continuer a faire ce que j'aime faire: detruire les humains que tu aimes tant! »

M. E. R. E.

Mère. Voilà comment qu'avec un simple mot de quatre lettres, Ludost était parvenu à rabattre le caquet de Vitam en la refaisant plonger dans de profonds questionnements intérieur : Était-il très fort pour manipuler les gens, ou bien se révélait-il si désespéré qu'il se servait des trous de son passé en le comblant avec des ficelles tellement grosses qu'elles ne pouvaient que faire douter la revenante ?

Quelque soit la réponse, le Roi Noir avait réussi son coup car le défilé des pourquoi et des et si... était de retour dans la tête de Vitam.

Certes, les précédents épisodes avaient prouvé que Ludost était carrément capable de tricher, que ce soit pour sauver son ectoplasme, d'éviter de se salir les mains, ou bien juste pour manipuler des "pions" dans le but avoué de lui pourrir la vie.
Le but avoué. Voilà ce qui bloquait la femme morte. Car tel le Joker de Batman, il avait beau être considéré comme un monstre en se servant des autres sans éprouver le moindre scrupule, la beauté perverse de cette monstruosité était dû au fait que le Joker ne mentait pas et qu'il "jouait" sans cesse avec celui sans qui il n'aurait pu exister. Soit un parallèle très semblable à son cas actuel, Ludost semblant à peine sous-entendre qu'il était devenu ainsi par la faute de Vitam.

Et c'est la que la question de Trouble sur sa supposée parentalité lui revint en mémoire en guise de coup de grâce.

Et si c'était vrai ? Alors celle-ci ne devait pas beaucoup mieux valoir que son fils de l'Au-Delà et ce serait presque mérité que le Roi Noir se serve du corps de son meilleur ami pour la torturer mentalement.
Presque.

« Ludost... ou mon fils, s'il ne s'agit pas de ton vrai nom et que tu me dis la vérité... j'aurais aimé que ça se passe autrement. » souffla t-elle finalement de manière fébrile, grave, limite solennel, d'un ton presque machinal, comme si elle-même était possédée par un quelconque démon.

« Je suis simple, simple d'esprit diront certains. J'aime les choses simples, les plaisirs simples, Kaido aussi, c'est pour ça qu'on s'entendaient bien. C'est simple, je n'ai jamais été aussi heureuse d'être morte depuis le jour où j'ai rencontré son étincelle de vie, brillant comme le Soleil à mes yeux, l'admirant et le jalousant à la fois pour ce que je ne serais plus jamais : Vivante. Jusqu'au bout. Tout simplement.
Et toi tu l'as éteint, lui et tant d'autres humains pour faire tes trucs compliqués en osant te servir de son être comme un jouet animé d'un simulacre de vie, simplement, peut-être parce que tu tiens de moi pour attirer la Mort autour de toi. J'en suis désolée, sincèrement, mais même la simplette à tendance lâche que je semble être n'aurait pu commettre ou bien laisser passer une telle atrocité. Alors, peut-être pour la première fois, je vais devoir assumer mes responsabilités, endosser ou ré-endosser le rôle d'une mauvaise mère en faisant tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela ne se reproduise plus... »

Sur ces derniers mots le fantôme triste de Vitam traversa "Kaido" de part en part avec son pouvoir d'annulation, sans même chercher à savoir ce que son déferlement de pouvoir allait provoquer chez "lui" , car sa décision de punir Ludost semblait maintenant irrévocable, bien qu'il était très évident que la fantôme n'en tirerait aucune satisfaction pour la simple et bonne raison qu'elle était possiblement à blâmer tout autant.

« ...puis on en rediscutera ensemble dans les Limbes... mon fils. Tout simplement » murmura t-elle une fois arrivé à son contact.

« Quoi? »

Kaïdo fut surpris. Enfin, Ludost. Dans le corps de Kaïdo. Du coup, Kaïdo était surpris par l'action de Vitam. C'est qu'il ne pensait pas qu'elle sacrifierait sans hésiter son meilleur ami pour l'arrêter et ça, rien que ça, ça l'énerva grandement, ce qui pour quelqu'un comme lui, était somme toute assez normal, vu sa capacité à garder son calme.

Bref, le fait est que telle une marionnette dont on aurait subitement coupé les fils, Kaïdo s'effondra, mou et sans vie. Le remue-ménage et le chaos se stoppa lui aussi, la colère laissant place à une immense surprise rapidement rattrapée par l'incompréhension, le chagrin et hélas, encore de la colère.

Mais tout ça n'avait pas grande importance, tandis que Vitam contemplait le cadavre de son meilleur ami.

En arrivant dans cette ville où les gens semblaient désemparés et pleuraient Sergeï se dit intérieurement qu'il avait bien fait de se rhabiller avant de partir de la forêt.

La situation lui paraissait complètement surréaliste mais étonnamment il ne s'en émut pas commençant à s'habituer à cette nouvelle vie loufoque.

Examinant les environs il nota la présence du fantôme avec qui il avait sauvé les enfants dans les égouts. Il s'approcha doucement d'elle en faisant attention à ne pas déranger les gens autour de lui. Ils pleuraient certainement pour une bonne raison et le russe n'avait guère l'intention de leur causer de tort.

Arrivé à portée il salua le fantôme : « Vitam ? Tu vas bien ? »

La série de sentiments ayant traversé Ludost avant qu'elle ne le renvoie dans les Limbes, à base d’incompréhension, de colère et de tristesse, était partagé par Vitam suite à son geste qu'elle se pensait incapable de commettre, mais qu'elle avait un instant considéré comme étant un mal aussi nécessaire que moindre comparé à ce qui aurait pu se passer si la revenante l'aurait laissé continuer.
Bien qu'on ne pouvait pas tellement parler de liens du sang en cette circonstance, mère et fils partageaient cependant une certaine folie : Lui de rage, elle d'avoir tellement échoué dans ses devoirs que cela s'était terminé en un combat vain où personne en était ressorti gagnant. Ni Vitam, ni Ludost... et encore moins Kaido.

Regardant tantôt le ciel, tantôt ses mains, tantôt le corps de son ami, ce constat amer lui tiraillait tellement l'esprit qu'il ne serait guère étonnant que ce sentiment ne se propage aux vivants alentours, mais cela la paralysait également au point de ne plus pouvoir exprimer ou faire quoi que ce soit, si ce n'est s’agenouiller sans un mots aux côtés de la conséquence la plus ostensible de son échec... Et le plus sordide dans cette histoire était qu'on allait surement l'acclamer pour ce qu'elle venait de réaliser !

Ce terrible constat la figea davantage en bloquant jusqu'à ses propres pensées, ce qui était presque bienvenu tant elles étaient confuses. La seule chose que Vitam parvenait encore à faire consistait à fixer le cadavre du rônin avec des yeux ronds de stupéfaction, accroupie, n'osant le toucher de ses mains spectrales, "impures" , qu'elle avait placées en retrait puisque la fantôme avait envie de se les arracher à cause de cette culpabilité la rongeant pour tout et rien à la fois. Tout juste la revenante avait-elle accordé un regard à Sergei lorsque ce dernier l'apostropha, calculant à peine sa présence et encore moins pourquoi lui aussi se trouvait dans ce village paumé du Japon, son monde se résumant actuellement à la bulle métaphorique l'entourant elle et Kaido.

« Vitam ? Vitam ? Il se passe quoi ici ? » demanda Sergeï avec douceur en espérant tirer le fantôme de sa torpeur.

Il ignorait tout de la situation et n'aimait guère cela mais ne voulait pas paraître agressif car le fantôme semblait déjà suffisamment éplorée. Il observa le cadavre à ses "pieds" et demanda à Vitam : « Qui est-ce ? Une de tes connaissances ? »

La première interrogation de Sergei parut si bête à Vitam qu'elle eut cependant le mérite de reproduire l'effet d'un électrochoc, la sortant ainsi un peu de sa torpeur. Relevant doucement la tête, la revenante affichait maintenant un air stupéfait en plus de sa tristesse, ce qui, il fallait le reconnaître, n'allait pas vraiment de pair entre sa bouche pincée et ses yeux exorbités. Considérant enfin le macabre décor autour d'eux, la fantôme n'avait dit mot, mais ses expressions parlaient à sa place en répondant tacitement au Shaman quelque chose du genre : Le charnier répond à ta question ou t'as encore besoin d'un dessin ? Tu vois bien le même cauchemar que moi, non ?

A demande stupide, réponse -muette- idiote. Au moins cela avait permit à Vitam d'émerger au point de retrouver un semblant de voix.

« Justice... »

L'unique pseudo sous lequel le russe connaissait Kaido fut prononcé dans un murmure à peine plus audible que le bruissement d'une feuille, et cela avait semble t-il demandé un effort considérable à l'être éthéré car à peine avait-elle dit ce mot que ses paupières se refermèrent dans un état de léthargie, vite camouflées par ses cheveux verts lorsque Vitam avait à nouveau descendu visage et regard vers le corps inanimé du Rônin. De lourdes secondes s'écoulèrent ainsi avant que la fantôme ne se décide à faire un autre mouvement consistant à lentement avancer ses sales mains pleines de doigts ectoplasmiques sur, puis à travers la peau de son ami, sans doute dans le sot espoir d'y ressentir une bribe d'étincelle de vie.

Que Ludost avait surement aspiré jusqu'à la moelle depuis... un certain temps.

« Justice ? Quoi justice ? »

Sergeï n'y comprenait rien. Il n'avait aucune idée de ce qu'il faisait ici et pourquoi la terre l'avait emmené et l'état léthargique du fantôme qui parlait beaucoup dans ses souvenirs n'aidait en rien.

Il examina les environs, notant les corps démembrés et lacérés puis à nouveau le corps que Vitam avait essayé de toucher.

« C'est lui qui a causé ce carnage ? » demanda-t-il de la manière la plus neutre possible. Il n'avait aucunement l'intention de juger qui que ce soit, simplement de comprendre dans quel nouveau merdier il s'était fourré.

« Mais non ! » Gronda Vitam, s'étant soudain "réveillée" devant une hypothèse ayant eu l'effet similaire à celle d'un coup de poignard dans le dos d'un mortel.

« C'est plutôt à cause de moi. En quelque sorte... »

S'étant dans un premier temps renfrognée suite à cette déclaration, la revenante considéra un instant le Shaman, apparemment aussi paumé qu'elle. Il voulait savoir ? Etre juge ? S'ériger en gardien de la morale ? Voire jouer les psys ?
Pourquoi pas après tout : Seul un méta serait à même de sinon pardonner, au moins comprendre un autre méta, et le moral de Vitam ne pouvait plonger plus bas alors pourquoi ne pas parler à celui qui devait être le plus proche d'elle à l'heure actuelle ? Au pire, ce ne pouvait être pire. Et au mieux, cela lui ferait un peu de bien. Il fallait seulement espérer que Sergei ne soit prompt à lâcher la larmichette du samedi après-midi.

« Tu te souviens de ce que Comm avait dit dans le vaisseau, puis des inquiétudes de la rouquine à propos de l'archétype Justice ? Et bien elle avait raison. Shaman, je te présente Justice, alias Kaido, ou plutôt ce qu'il en reste. C'était le meilleur ami que j'avais sur cette terre... »

Reprise d'un sursaut de mélancolie, elle fit mine de lui caresser le front avant de continuer. A moins qu'il ne s'agissait d'une façon comme d'une autre de trouver la force de continuer son récit ?

« ... que j'ai fini par retrouver au terme d'un sinistre jeu de pistes remplie de coïncidences à faire pâlir n'importe quel conspirationniste.
En voulant le retrouver j'ai pénétré dans un cimetière interdit aux esprits et "on" m'a lié de force avec le complice de mon méfait supposé, Ujio, un ado qui m'a aidé à entrer dans les lieux. Lieux qui étaient ensanglanté et où on a retrouvé le sabre de Kai... Justice. Brisé. Mais pas lui.
Ensuite on a fait des recherches et on a fini par apprendre consécutivement que 1) L'histoire prouvait que les liens entre fantômes et mortels finissaient toujours mal. 2) Que Ujio était le fils de Kai... Justice et que 3) Sa mère devait le savoir sauf que son beau-père lui a coupé parole et vie avec une balle dans la tête avant de vouloir faire pareil avec le gamin.
Je l'ai protégé et tué l'homme, me rendant compte que trop tard qu'il avait été possédé par quelqu'un ayant déclaré lui-même me pourrir la vie. Ça fait toujours plaisir, surtout quand on ne sait pas pourquoi puisque je n'avais jamais entendu parler de lui.
Bref, Ujio et moi avons fui la police -alertée par les coups de feu- en voyageant à travers le monde spirituel parce que va leur expliquer un truc pareil. Cette escale nous a également appris que celui ayant possédé beau-papa psychopathe est un fantôme nommé Ludost et surnommé le Roi Noir, qu'il venait de s'évader, et qu'il est très doué pour duper et éveiller la haine chez son prochain. Après quoi nous avons retrouvé les grands-parents du petit dans ce village. Émotions, tristesse, pleurs... je te passe les détails. La nuit défile et porte conseil puisque j'apprends qu'un autre fantôme me surveille, puis finit par m'avouer plusieurs choses : Que je sers d’appât au Roi, que le seul moyen de le "renvoyer" est de tuer son hôte... puis que ma jolie bague est une sorte de sceau mystique... »

Vitam montra le bijou à son doigt puis reprit :

« ...que je ne dois ô grand jamais retirer sous peine de... je ne sais pas, un autre revenant devait me l'expliquer sauf qu'il a valsé au loin à cause des pouvoirs de Breva, la fantôme qui me surveillait, avant de s'en prendre à moi car elle était sous l'emprise de Ludost. Que je brise sur elle, mais son emprise s'étendait sur tout le village que ses habitants étaient devenu comme fous. Sans compter les quelques uns qu'il a dû tuer pour le fun. Les alentours parlent d'eux même.
Et c'est là que j'ai retrouvé... que je l'ai retrouvé... »

Bien que dépourvue de souffle, elle avait toutes les peines du monde à articuler la suite.

« ...a-av-avec s-s-son hôte. »

Vitam cessa son récit ainsi, déjà long et rude alors qu'elle s'était à peine apitoyé sur les détails : De toute façon, la fin était aussi sordide que prévisible.

« Oh putain oui je me souviens de ça maintenant. » jura Sergeï comme si la lumière venait enfin de s'allumer dans son cerveau.

Il écouta le récit de Vitam sans plus prononcer un mot en attendant que le spectre : « Donc si j'ai bien compris - tu m'arrêtes si je me gourre - t'es en train de me dire que ce carnage est dû à un fantôme qui t'en veut et qu'il a utilisé le corps de ton meilleur ami pour y arriver jusqu'à ce que tu te débarrasse de lui ? Désolé ça a vraiment pas dû être la joie. »

Sergeï était particulièrement emmerdé en ce moment. Il comprenait - dans la mesure du possible - la peine qui devait affecter cet être immortel à ce moment mais ignorait ce qu'il pouvait faire.

Il s'agenouilla prêt du corps de Justice et posa une main au sol. Pourquoi m'as-tu emmené ici mère ? Que puis-je faire ?

La vie grouillait partout. Du moins, c'est ce que ressentit Sergeï en touchant le sol. Partout, sauf en Kaïdo. En lui résidait un immense vide et si il y a bien une chose que la nature n'aimait pas, c'était le vide.

Sergeï ôta la main du sol et regarda le corps sans vie de Justice.

Puis il s'assit en tailleur au milieu de la rue en fermant les yeux et commença à prier.

Vitam acquiesça d'un signe de tête, indiquant par ce biais que le russe avait bien résumé la chose.

« En effet mais... je l'ai fait. En chassant Ludost, j'ai mis un terme à son simulacre de vie. Par devoir. Pour qu'il cesse de faucher d'autres vies. J'en suis pas fière. Surtout que ça ne suffira pas. Parce que comme moi, il ne peut être tué. Parce que comme moi, il attire la mort. Et ce n'est qu'une simple question de temps avant que mon fils ne recommence. »

A partir de là, l'être diaphane s'exprima avec de légers soubresauts dans la voix, accompagné d'une brusque baisse de la température ambiante.

T'as bien entendu : Kaido a été tué par un de mes enfants afin d'atteindre celle qui est censé protéger l'enfant de Kaido.
La boucle est bouclée, la dernière pièce du puzzle est placée. Un puzzle moche à contempler.

La revenante avait beau savoir qu'elle ferait mieux de se bouger afin de voir comment allait Ujio, elle avait sombré dans un cocktail de fatalisme, de peine et de peurs qui la clouait sur place, comme mû par une crainte irrationnelle pour peu qu'elle s'éloignerait du corps du rônin. Cela lui avait néanmoins fait du bien d'en parler, et voulut remercier Sergei de lui avoir prêté une oreille attentive lorsque la fantôme le surprit en train de méditer au beau milieu d'une rue.
Vitam observa alors le shaman d'un air circonspect, à croire que le Japon avait fini par le rendre fou, lui aussi.

Assis au milieu de la rue le chaman semblait légèrement agité comme si sa transe était perturbé par quelque chose.

Sous les yeux de Vitam, le bitume se fendit et d'immenses racines émergèrent du sol pour se répandre aux alentours.

Le russe interrompit sa transe et se tourna vers Vitam. « Tu peux nous guider jusqu'à un coin discret ? Je vais faire un truc mais je voudrais pas être vu par les gens autour. »

Il prit alors le corps de Justice et le souleva avec délicatesse.

Lorsque les racines poussèrent soudainement au beau milieu des habitations, Vitam eut... une réaction instinctive. Le terme était certes curieux à coller à une revenante mais il aurait été difficile de qualifier autrement son geste, consistant à vouloir s'envoler avec Kaido afin de protéger de l'éclosion végétale ce qu'il restait de lui. Ce que la fantôme fit à la fois avec succès et de bien curieuse façon : En effet, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit que ce qui retenait le corps du rônin dans les airs à ses côtés était ses propres mains, qui le maintenaient de la même manière que le ferait un... humain !

Vitam aurait lâché moult jurons de stupeur pour peu que l'instant ne s'y serait-ce qu'un peu prêté. Cela n'étant absolument pas le cas, elle s'était contenté d'arborer un visage étonné face au retour de son toucher : Le reste de son corps était-il également devenu tangible, lui aussi et si oui, combien de temps ce tour allait-il durer ?

L'être -originellement- diaphane fut coupée dans ses réflexions par la demande singulière de Sergei, qu'elle avait eu néanmoins le temps de rapidement identifier comme étant le jardinier responsable des jeunes pousses nourries aux OGM dopées.
N'étant pas du genre à dissimuler une quelconque réserve, la porteuse du cadavre posa pieds à terre (tangibles eux aussi ?) , s'approcha du Shaman puis lui demanda avec un scepticisme certain :

« Dis-moi d'abord ce que tu comptes lui faire. »

Pas qu'elle n’avait pas une confiance absolue envers le russe, mais ladite confiance à son égard n'était pas à 100% pour autant, en particulier lorsque cela concernant un sujet aussi important. Ne souhaitant néanmoins sombrer dans la paranoïa en plus de la tristesse en une seule journée, Vitam glissa doucement le corps de son ami dans les bras de Sergei en s'aidant de sa télékinésie, sans toutefois en relâcher complètement la "force" , libérant ainsi ses mains aucunement habituées à l'effort physique façon mortelle en permettant de ce fait de toucher le cou de Kaido et celui du manipulateur de la nature en même temps, comme pour confirmer ce qu'elle pensait impossible jusqu'alors.

« Tu ressens mes doigts sur ta peau ? »

« Oui. »

Sergeï regarda nerveusement autour de lui puis chuchota en direction de Vitam : « Je te promet que je ne lui veux aucun mal. Et je te ne ferai rien tant que tu ne seras pas informée mais pas ici, pas devant ces gens qui ont perdu un proche à cause de ton ami possédé... »

Le russe fixa le fantôme dans ses yeux spectraux et lui fit comprendre du regard qu'il ne lui dirait rien avant d'être seuls.

« Oh... » fit Vitam en ôtant ses mains lorsque le russe lui confirma ce qu'elle redoutait. A moins que Bill voulait lui aussi faire dans la thématique japonaise en faisant dans l'apparition ninja, voilà que la fantôme s'était découvert la capacité de devenir tangible lorsqu'elle était poussée dans ses derniers retranchements. Ce qui, toujours à cause de Bill, la surprenait davantage que de retrouver la sensation du toucher, tant les quelques expéditions en compagnie du texan lui avait permit de se familiariser un peu avec ce sens épisodiquement retrouvé.

Que ce soit par le côté inattendu de l'arrivée de cette "capacité" ou bien grâce aux paroles globalement rassurantes de Sergei, Vitam avait fini par relâcher la force mentale retenant Kaido, laissant ainsi tout le plaisir au Shaman de constater que le rônin pesait un certain poids, ce dernier ne mangeant pas que des nouilles contrairement à ce qu'il aimait prétendre de son vivant.

« Ok. Suis-moi. »

Et c'est avec une démarche presque plus gauche que la toute juste tangible guida Sergei jusqu'à un endroit tranquille. Ayant précédemment survolé une bonne partie du village en cherchant Ludost, Vitam commençait à en connaitre chaque embranchements.
Elle espérait seulement que le russe aille vite, étant donné que la revenante avait laissé Ujio et Breva seuls depuis un moment qu'elle commençait à trouver long.