« Alors avec ou sans bague ça ne changera pas grand chose : Je suis déjà morte et pour ce qui est de mon entourage... et bien disons que si vous me surveillez depuis un moment, vous n'êtes pas sans savoir que j'attire déjà la mort sur eux sans le vouloir... »

Vitam faisait bien entendu allusion à la famille d'Ujio décédée dans des circonstances toutes sauf naturelles.

« Je me fais surement des films mais à vous écouter, on dirait que je suis une sorte de monstre qu'il faudrait retenir en cage à tout prix. Je sais bien que je n'ai pas toujours été clean vis à vis du sacro-saint règlement, mais je n'ai pas souvenir à avoir déclenché une guerre mondiale chez les vivants comme l'a semble t-il fait Ludost.
A moins que... dites-moi Breva, selon les standards terriens, je tenais plutôt de l'ange ou du démon lorsque j'étais encore vivante ? »

"Ils" lui avaient fait quelque chose, elle en était maintenant certaine. restait à savoir quoi. Et pour cela, rien de mieux que de faire mine de jouer à faire tourner autour de son doigt la bague supposément dangereuse car plus on disait à Vitam de ne pas faire quelque chose, plus elle avait envie de braver l'interdit tel un enfant mal élevé. Ou Jar-Jar Binks.

« Si vous la retirez, vous reprendrez là où vous en étiez au moment où on vous l'a mise. Vous... N'avez rien fait de mal. Selon moi... Mais comme je fais partie des premiers concernés, mon avis ne compte pas... Hélas. »

« Ça suffit, Breva. »

Un homme fantômatique venait d'apparaître derrière la fantôme venteuse et celle-ci s'esquiva rapidement tandis que le nouveau venu observait Vitam. Pour un fantôme, il était plutôt bel homme mais son regard laissait percevoir une profonde tristesse, sans oublier le terrible sentiment de culpabilité que Vitam pouvait ressentir provenant de lui:

« Ne pose plus de questions. Bréva ferait tout pour y répondre et ça irait à l'encontre de ce que tu nous as demandé... Concernant tes proches... Nous avons retrouvé Ludost et, si tu le souhaites, tu peux assouvir la vengeance que tu jugeras nécessaire à son encontre.

Mais cet anneau doit rester à ton doigt, pour ton bien. »

La voix de l'homme était calme et ne cherchait nullement à être autoritaire. Comme si il savait déjà comment parler à la fantôme. Comme si il la connaissait bien.

Plus Vitam écoutait l'homme, plus elle avait l'horrible sentiment d'être une amnésique s'éveillant du pire lendemain de cuite de sa vie : Qui était ces gens inconnus qui la connaissait ? Que leur avaient-elle fait ? Pourquoi Ludost la détestait bien avant que ce sentiment ne devienne réciproque ? Plus elle en savait, plus Vitam était confuse, alors peut-être qu'il avait raison et devrait cesser de poser des questions... sauf qu'elle en avait plus qu'assez de se contenter de vagues explications.

« Ludost est proche de moi ? Vous aussi ? Mais... je ne vous connais pas, je reconnais personne, je ne me souviens de rien alors si vous espérez me voir arrêter de poser les questions, répondez au moins à celle-ci :
Qu'est-ce vous attendez de ma part ? »

L'homme au regard triste ouvrit la bouche puis la referma aussitôt. Puis la rouvrit et, derechef, la referma. Il ignorait visiblement quoi dire et Bréva haussa les épaules d'un air de dire "hé ho, moi, je sais pas, tu t'démerdes!" à son camarade. Finalement, ce dernier trouva quelque chose à dire et parla simplement:

« Ludost est quelqu'un qui te hait pour la simple et bonne raison que c'est dans sa nature. Il est... »

« Tu crois que c'est une bonne idée de lui dire? »

« Une bonne idée? Non. Mais qu'est-ce qu'on peut faire d'autre qu'être honnête avec elle? Après tout, si nous sommes tous là, c'est grâce à elle. Ou à cause, selon les points de vue. »

« Ce que j'en dis, moi... Tu sais que je suis de ton coté, comme toujours... »

« Tu es du coté de tout le monde, Bréva, mais surtout du tien. »

« Oh, ça, c'est petit, même venant de toi... Mais bon, y'as pas que ça qui soit petit chez toi... »

« Comment? Jamais je n'aurais du trahir mon serment, tu n'en saurais rien et ne viendrais pas me lancer ça à tout bout de champ.... »

« Oh, allons, c'est pas grave, hein. Ça arrive aussi à des gens bien... »

« Je sais que je ne suis pas quelqu'un de bien mais venant de toi, ça me fait doucement rire... »

« Ah ouais? Mais écoute, mon grand, si t'es pas content, je peux... »

Vitam avait été oublié, visiblement. Et ça l'irritait au plus haut point. Mais vraiment, elle était grave vénère... Wait, c'était pas normal comme sensation. Cette colère était trop intense pour être la sienne propre...

Elle bouillait, la Vitam, de les voir se disputer comme des gamins alors qu'ils allaient lui annoncer des choses importantes sur son passé. Elle bouillait telle une cocotte-minute trop longtemps laissée sur le feu. Et que faisait une cocotte-minute sous trop de pression ? Elle explosait, tout simplement, à l'instar de la colère de Vitam !

« La ferme ! »

Sa voix avait prise une intensité jamais entendu de sa personne jusqu'alors, tandis qu'une onde télékinésique émanant de la revenante balancée à pleine puissance fit trembler ou tomber les objets alentours. La fantôme avait également senti son visage se déformer par cette rage soudaine mais en l'absence de miroir, difficile à dire si cela n'était qu'à prendre qu'au figuré.

Sans faire attention à ces pouvoirs, Vitam souffla purement et simplement tous les carreaux dans un périmètre d'un certain diamètre. Malheureusement, en l'absence de juge mesureur, elle ne pourrait déposer ça au world record guinness book mais en l'état, elle s'en cognait un peu. Sa colère ne diminuait pas et les choses empirèrent soudainement quand Bréva usa elle aussi de ses pouvoirs sur son alter ego masculin, le propulsant à l'aide d'une violente rafale au loin, emportant petit objet, mur et voiture sur son chemin.

La venteuse tourna alors son attention sur Vitam:

« A ton tour de payer pour ce que tu m'as fait! J'étais bien, moi, avant que tu arrives! »

« Oui, oui, c'est bien, laisse toi aller, Bréva... Oh, et puis, toi, restes pas toute molle, débarrasse toi d'elle avant qu'elle ne le fasse... »

Vitam entendait la voix nasillarde d'un autre fantôme qu'elle connaissait bien lui chatouiller gaiment le tympan comme du papier de verre et ça l'irritait fortement...

Toute cette haine, cette violence, cette colère, c'était tellement... bon ! Surtout avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours, sans compter que ce n'était pas faute d'avoir prévenu ces vermines du vent qu'elle en avait plus qu'assez des réponses floues sur son passé ! Et s'ils n'avaient toujours pas compris le message, qu'ils crèvent et re-crèvent jusqu'à ce qu'ils se montrent davantage ouverts d'esprit !
...
Vitam aurait certainement continué sur ce cheminement primaire pour peu que Breva ne lui coupe soudainement la "politesse" en s'en prenant mentalement au fantôme d'apparence masculine dont elle n'en connaissait même pas le nom. C'est sur cet abrupt changement de personnalité de la part de la blonde diaphane qu'une partie de la revenante aux cheveux verts comprit que quelque chose n'allait pas, n'était pas "naturel". Et ce n'est qu'en parvenant à chasser cette rage ardente, non sans mal, qu'elle arriva à entendre les mots de cette petite voix sifflante dans ses oreilles de manière intelligible, prouvant de ce fait que l'intuition de Vitam n'était pas encore complétement rouillée malgré tout.

Je ne céderais pas à ses provocations. Pas deux fois.

Répétant cette pensée tel un mantra porte-chance, Vitam feignit le succès de la domination mentale de Ludost sur elle.

« Va te faire voir Ludost ! C'est moi que tu veux ? Alors montre-toi qu'on en parle autour d'un thé brumeux -que je te jetterai à la gueule- au lieu de te cacher derrière les autres ! »

Ou pas. Dommage, ça aurait pu être un bon plan. Sauf que contrairement à certains, la revenante n'était pas du genre à planifier quoique ce soit. C'est pourquoi elle tenta tout de même de parler à une Breva autant en furie que sous influence... en générant au préalable un champ défensif autour de sa personne car Vitam n'était certes guère du genre prévoyante, mais elle n'était pas totalement stupide pour autant.

« Ecoute Breva, j'ignore ce que je t'ai fait et je crois que je te connais à peine mais s'il y a une chose dont je suis certaine, c'est que ce n'est pas toi que j'ai devant moi. Je ne sais pas de quel côté que tu es et à vrai dire je m'en fiche parce que je serais bien mal placée pour te faire la morale là-dessus mais ce dont je suis sûre, c'est que tu t'inquiète trop des autres pour n'être qu'un simple pantin de ce fichu Roi Noir. »

L'érection du bouclier acheva de briser l'influence de Ludost, tandis que ses murmures insidieux ne l'atteignaient plus. Mais pour Bréva, c'était autre chose...

« Oh, la ferme! Tout est de ta faute, de toute façon! "Oh, regardez-moi, je suis jeune et innocente, oh mais qu'est-ce que c'est que ça?"... Pfff, crétine finie, va! »

Une nouvelle bourrasque partit en direction de Vitam, entraînant tout dans son sillage mais s'arrêtant sur le champ de force... Pas pour très longtemps, pouvait-elle en constater, tandis que ce dernier se craquelait.

Ce qu'elle remarqua aussi, malgré le vent, c'est l'agitation alentours. La colère était partout, pas uniquement centrée sur elle ou sur Bréva mais sur tout le monde aux alentours, gagnant chacun des humains assoupis, qu'elle percevait dans les limites de son pouvoir.

Et Bréva qui tentait désespérément de lutter contre l'influence néfaste de Ludost mais peinait à l'emporter...

Les mots fielleux de Ludostva avaient beau lui passer par dessus la tête, ce n'était pas le cas de sa congénère blonde et encore moins des humains en dessous qui seraient bien en peine de résister à la puissante influence du Roi Noir ; Breva, Ujio, les grands-parents de celui-ci, les mortels du coin... ils étaient tous en danger et ce n'était pas dit que Vitam parviendrait à tous les sauver. C'était donc ça de jouer les héros ? Cela impliquait à devoir plus ou moins déterminer qui devait vivre et qui devait (risquer de) mourir en tranchant prestement de lourds dilemmes moraux ? Très peu pour elle !
La situation avait beau être merdique, il suffirait pourtant de déconcentrer le responsable de cette horrible vague mentale ne serait-ce qu'une petite seconde pour que la menace de voir tout le monde se changer en enragés sanguinaires ne cesse de planer au dessus d'eux : Une manipulation de cette envergure ne pouvait qu'exiger une attention totale de son lanceur, non ? Selon les films en tout cas...

Alors que son champ protecteur contre la télékinésie spectrale et les murmures insidieux se fissurait aussi lentement que surement, une partie de ceux-ci restèrent malgré tout dans sa bulle : Ceux l'ayant tenté de l'inciter à s’entre-tuer avec Breva. Pourquoi Ludost avait-il tenté de la "convaincre" de s'en prendre à elle ? Pour le simple plaisir de la voir détruire quelqu'un ou pour... une autre raison ? Cette dernière semblait bien connaitre le Roi Noir, alors peut-être qu'elle connaissait ses points faibles, ou mieux encore ?

Cela valait le coup d'essayer même si cela impliquait de s'exposer dangereusement, d'autant plus que Vitam ne pourrait se protéger indéfiniment.

Elle attendit alors patiemment qu'une autre bourrasque de Ludostva ne détruise son actuelle protection pour en créer une nouvelle, mais englobant cette fois-ci les deux fantômes. Après quoi Vitam s'envolerait le plus rapidement possible vers la mentalement dominée avant qu'elle ne renouvelle sa vague télékinétique pour se retrouver à côté d'elle et ainsi la toucher en lui transférant un "remontant d'un genre particulier".

« Laisse-là causer, tu veux ? C'est pas poli de parler à la place des dames. »

Bréva observa Vitam l'air furieuse... Et se radoucit aussitôt une fois la magie protectrice transférée:

« Qu'est-ce qu'il s'est passé? »

Regardant le trou causé par l'une de ses bourrasques, elle lâcha un petit « Oh... » des plus inappropriés en tout état de cause. C'est qu'elle avait pas pris de gants, la fantôme. Elle observa Vitam un instant avant de demander:

« C'est Ludost, c'est ça? »

Vitam hocha la tête de haut en bas en guise de seule réponse, à la fois parce qu'il y avait d'autres priorités et parce que de toute façon la revenante ne pouvait décemment lui en vouloir d'avoir voulu la re-tuer. En revanche, pas dit que ce sentiment soit partagé par son congénère masculin venant de s'envoler vers d'autres cieux mais comme énoncé auparavant, il y avait actuellement plus urgent que de s'enquérir de l'état de santé d'un mort.

« Tu ressens comme moi ce qu'il se passe en bas pas vrai ? Ça devrait répondre à ta question... »

Etant donné que ce n'était guère le moment de faire de l'esprit, Vitam enchaîna rapidement sur le vif du sujet :

« Son pouvoir me sature, je n'arrive pas à ressentir sa présence !
Breva, tu le connais mieux que moi, comment qu'on peut le retrouver, comment vous l'avez arrêté dans le passé ? »

La vitesse avec laquelle elle avait posé ces questions ne laissait aucune ambiguïté quant au fait que la fantôverte ne ferait pas preuve d'une grande patience avant d'agir en totale improvisation, aussi Breva avait intérêt à lui fournir une réponse rapide.

« C'est pourquoi il a fui avant que je le tue... » souffla Vitam pour soi-même, très peu convaincue par la solution de Breva qui n'en était pas vraiment une vu qu'elle ne faisait que déplacer le problème au lieu de le résoudre.
Et puis tuer son hôte actuel se révélait être plus facile à dire qu'à faire, sans compter que Ludost n'allait pas se laisser re-tuer gentiment en quittant le corps possédé à la seconde même où il estimera la situation à son désavantage afin de frapper à nouveau plus tard : lui aussi avait tout son temps après tout, alors pourquoi s'en priverait-il ?

Mais en réalité, c'était une autre phrase de la revenante blonde qui tracassait Vitam au plus point. D'abord le Roi Noir himself, puis Breva lui avait bien dit que son adversaire souhaitait l'emmerder au plus haut point, alors s'il aimait autant lui faire du mal que commettre des génocides de masse, le meilleur moyen pour concilier ses deux grandes passions serait qu'il...

Ujio !

Une bordée de jurons plus tard, Vitam ordonna à Breva de la suivre en plongeant tout droit dans le tsunami de colère que Ludost était en train de générer, près ou dans lequel devait se trouver le jeune garçon.
Quant à la manière de vaincre Ludost... et bien la fantôme ne pouvait plus qu'improviser à l'heure qu'il était.

Vitam s'envola et pénétra sans ménagement dans la chambre où Ujio devait dormir. Et le trouva en train de s'adosser à une commode, déplacée contre la porte, pour retenir ce qui devait être ses grands-parents qui essayaient de rentrer sans ménagement façon Shining. Il vit la fantôme et soupira:

« Tu étais partie prendre un café et même pas tu m'as emmené? J'espère que tu m'as ramené quelque chose... »

Au vu de la situation, il semblait étrangement calme. A croire que l'infection mentale de Ludost ne l'affectait pas le moins du monde...

Peut-être que Ujio ne pouvait le ressentir, mais voir ce dernier en bonne santé et plaisanter par dessus le marché faisait plaisir à Vitam à un point jamais égalé jusqu'à présent.

« Vu qu'on a parlé de mochis hier soir je voulais te faire une surprise et t'en ramener sauf que quand j'ai vu toute la ville se mettre sur la gueule façon début de soldes, je me suis dit que bon, tant pis, j'irai plus tard... »

La revenante se servit de sa force mentale pour empiler davantage de meubles devant la porte afin d'aider son protégé à se barricader. Et puisque cela prit un peu de temps, la fantôme continua cette drôle de conversation.

« Sinon, bien réveillé ? Moi ça va, surtout après avoir partagé une bonne séance de gym tonic bien vivifiante avec Prof Breva !
...
Ah ouais c'est vrai que vous vous ne vous connaissez pas encore alors je vous laisse deux minutes le temps de faire les présentations, faut que je vérifie un truc vite fait. »

La dessus, la fantôme aux cheveux verts traversa le mur séparant la chambre d'Ujio de la pièce contenant des grands-parents ayant miraculeusement retrouvé une seconde jeunesse et voulaient sans doute retrouver leur petit-fils afin de le lui annoncer de bien sanglante manière... mais était-ce les seuls à tambouriner ainsi à la porte, ou bien était-ce toute la ville qui venait d'entrer dans un état de fureur vengeresse ?

Vitam écouta les sentiments aux alentours et la colère était disparate. Le but était visiblement de provoquer un maximum de chaos mais, chose étrange, les pouvoirs de Ludost ne faisaient qu'attiser une colère sous-jacente jusqu'à la faire exploser et ne causait pas une fureur aveugle consistant à passer à tabac tout ce qui se présentait. Ainsi, elle pouvait sentir des "sentiments" chez des gens qui, si ils étaient proches physiquement, s'éloignèrent pour aller passer leurs nerfs ailleurs.

Mais ce qu'elle perçut, surtout, c'était la limite de la zone d'effet. Sa propre sphère d'influence, tel un diagramme de Venn, empiétait sur la sphère d'influence de Ludost et, de fait, lui permit de tirer la conclusion logique que le vilain fantôme était peut-être au centre de sa propre sphère d'influence. Lui-même, elle ne le percevait pas mais la colère était tellement présente partout que le différencier lui pouvait peut-être s'avérer compliqué.

Cela allait être difficile de le retrouver, mais pas impossible pour autant. S'approchant du centre supposé de la sphère d'influence de Ludost, Vitam chercha tout d'abord à écouter ce que les humains en colère se disaient, tous ne devant pas être en état de se souffler des ordres et des injonctions les incitant à "se laisser aller".
Et dans le cas très probable où cela ne serait pas suffisant pour le retrouver, la revenante tenta une autre approche en posant des questions. Mais pas n'importe quelles questions, puisqu'il s'agissait de celles ayant déjà désarçonnées deux autres fantômes il n'y avait que quelques minutes avant que la colère ne l'emporte.

« Hey le marionnettiste !
Je sais que t'es là et j'suis contrariée que tu te serves des autres pour m'atteindre. Laisse-moi deviner... toi aussi tu t'intéresses à ma bague ? »

Elle montra son doigt pour appuyer son propos. Celui portant son bijou, bien que le majeur aurait pu tout aussi bien faire l'affaire sauf que Vitam était un fantôme doté d'un certain standing (bien que cela ne sautait pas forcément aux yeux au premier abord) .

« J'aime pas le théâtre alors on va la faire courte : Soit t'arrête ton petit spectacle maintenant, soit après t'être pris une telle rouste que même les Limbes te paraîtront gentilles à côté.
Choisis ce que tu préfères, camarade ! »

Qu'importe si Vitam était en position de négocier ou non, ou bien si Ludost comptait répondre à sa question, l'important était que ce dernier ne lui rétorque quelque chose et trahisse ainsi sa position... chose qu'il avait surement faire malgré les risque vu sa propension à se la ramener en toutes circonstances.
Elle regardait attentivement les bouches de chaque personnes alentour, prête à lui sauter dessus dès qu'elle penserait avoir trouvé l'hôte derrière lequel il se réfugiait.

Vitam approcha du centre de la sphère et rencontra de plus en plus de corps. Lacérés. Découpés.

Quand elle lança son petit laïus pour tenter d'invoquer le grand méchant par une tirade bien senti, ce fut une voix qu'elle connaissait bien qui lui répondit:

« Je me demandais quand tu allais finir par me trouver... Tu te laisses aller, dis donc... »

La voix blessa durement la fantôme car elle la connaissait. Mais c'était impossible, étant donné qu'il était supposément mort.

Mais en voyant apparaître Kaïdo au coin du mur, le doute n'était plus permis. Son ami était en vie et c'était de lui qu'irradiait l'aura de colère. Il avisa la fantôme et ricana:

« Avant que tu fasses une bétise, sache que je suis la seule chose qui maintienne ce corps en vie... Bon, après, ça serait pas la première fois que tu ferais du mal a tes proches, hein. Je suis bien placé pour le savoir! »

« Kaido ! »

Reconnaissant sa voix immédiatement Vitam se retourna et, faisant un instant fi des circonstances ou du danger, s'était même précipité vers lui... ou plutôt "lui" , comme le lui rappela cruellement des propos émanant de "sa" personne lui la replongea de suite dans la froide réalité. Que Ludost la nargue depuis un temps inimaginable passait encore, mais comment osait-il pour cela utiliser le corps, l'esprit, l'âme de l'ami le plus cher de son après-vie pour cela ?
La graine de la colère recommençait à germer en son for intérieur, et la revenante aurait commis cette bêtise tant attendue à coup sûr pour peu que le Roi Noir se serait contenté de la boucler au lieu de continuer à ouvrir sa gueule.

« Est-ce que... mais trop ! » se souffla t-elle à soi-même.

Ah...Haha...

Sa haine grandissante éclata alors d'une manière très singulière. En explosant d'un rire qui, s'il provenait d'un vivant, aurait été qualifié de nerveux avec des touches de jaune. Séchant des larmes métaphoriques, Vitam s'expliqua alors.

« Je ne rêve pas, tu viens de me faire la pseudo-morale sur le mal fait autour de soi en plein... ça ! »

Un vague mouvement du bras désigna successivement les corps arrachés/démembrés, celui possédé de Kaido, ainsi que la maison des grands-parents d'Ujio dans laquelle ce dernier s'était barricadé afin d'échapper à ses aînés enragés par les pouvoirs de Ludost.

« Alors je sais bien que je ne suis pas une enfant de chœur hein, mais là niveau humour noir, même moi je ne l'aurais pas osée. Maître marionnettiste, puis du stand-up... j'suis sure qu'un artiste aux multiples facettes dans ton genre aurait fait un malheur au XXXVIeme dessous. C'est juste dommage que je doive te casser la gueule. »

La fantôme fit mine de s'étirer avant d'ajouter :

« Mais avant que l'un ou l'autre ne franchisse le point de non-retour, va falloir que tu m'expliques comment je suis devenue ton archi-ennemie. C'est un peu con parce que contrairement à toi je n'avais rien de personnel contre ta pomme... enfin jusqu'à maintenant. »