Au matin, le passage dans la rue d'une automobile plus bruyante que les autres réveilla tout le monde avant huit heures.
Au fur et à mesure que les convives arrivaient au petit déjeuner dans la salle à manger, ils intégraient la conversation, propre à couper l’appétit.
« C'est un tissu de calomnie ! Rien n'est vrai ! » s'exclamait le comte, en colère, jetant sur la table l'un des journaux qu'il se faisait porter tous les matins.
Malgré quelques articles mentionnant l'acte de courage du Comte, qui, aidé de deux amis, avait sauvé des enfants de l'incendie du Palais National, la presse étalait plus volontiers les accusations de son assistant, Lucien Gambier. La première page du journal que le Comte venait de rejeter titrait d'ailleurs de façon explicite :
LE COMTE DE SAINT-PERIER IMPLIQUÉ DANS UNE AFFAIRE DE CORRUPTION !Pour Lucien Gambier, le Comte, sous des prétextes fallacieux, aurait ralenti l'enquête dite du "Magnolia". Ses amitiés avec les hauts gradés de l'armée auraient été plus fortes que ses convictions politiques et morales. Le Président de la République, Félix Faure, avait déjà déclaré qu'il veillerait à ce que toutes les responsabilités soient établies dans cette affaire, et que des têtes tomberaient s'il était avéré qu'il y avait eu des complaisances.
Bref, c'était une catastrophe.
Pire : Une photographie, prise la veille au soir à l'arrivée au gala, présentait le Comte souriant entouré de Rochelle, William et Archibald. Leurs noms étaient cités en dessous de l'image, avec ce commentaire : "Mme la baronne Van Destrée, M. Battlestone, M. Legabier : Ses amis, aussi impliqués ?"
Il était précisé plus bas leurs relations "fréquentes et avérées" avec les colonies, qui sonnaient comme autant de preuves de leur culpabilité dans cette affaire de corruption.
Message secret pour Keyradin.Archibald se réveilla après une bonne nuit, propre à le reposer de ses émotions de la veille au soir.
Alors qu'il prenait son petit déjeuner préparé par son domestique, il déplia le journal en grand. Il faillit se brûler en renversant son café en voyant le titre de la première page et la photographie : Sur celle-ci se trouvait le Comte de Saint-Périer, entouré de Rochelle, de William et de lui-même ! Chose plus importante, il était clairement fait mention de son nom, et de soupçons à son encontre concernant son implication dans une affaire de corruption dans les colonies.
Avec cela, il n'avait plus aucune chance d'obtenir le moindre fond pour ses travaux.
► Afficher spoilerCa suffit, là, pour impliquer Archibald dans l'enquête, ou il faut que je force un peu plus ? 