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Message Publié : 08 Février 2014, 13:38 
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Humf !
« Monsieur l'agent,
Je comprends vos préoccupations, comprenez mon embarras : moi, il me faut rentrer au plus vite chez moi. De toute façon, la demoiselle qui est chez moi est entre de bonnes mains et n'en bougera pas avant quelque temps. Me déplacer au commissariat ne me permettrait pas de fournir plus d'informations que ce que je viens de vous dire. Vous n'allez probablement pas passer l'éternité ici à surveiller le marché, vous pouvez croiser un collègue, revenir au poste, transmettre l'information...
Si quelqu'un pense utile de se rendre dans la rue des trois culs bénis, qu'il y aille.
Si quelqu'un pense nécessaire de venir me trouver chez moi, qu'il vienne... Je me tiens à la disposition des autorités, cela va sans dire. Je n'ai aucune raison de dissimuler quoi que ce soit à la police, c'est pourquoi je vous informe.
Mais en l'état actuel des choses, je n'ai pas plus d'informations à communiquer.
Ne prenez donc pas cela comme une déposition, je n'ai pas assez d'éléments ; il s'agit juste d'un signalement !

J'en suis certaine, vous comprendrez aisément qu'avec tous ces événements, je ne puisse pas en faire beaucoup plus. J'ai déjà fort à faire chez moi.
C'est pourquoi je vous charge de transmettre cette information ; en ce qui me concerne, c'est le travail de la police que de savoir s'il faut ou non ouvrir une enquête quand on trouve une gamine de 20 ans battue à mort dans une rue délaissée.
Le mien, quand on m'amène une malheureuse dans cet état, c'est de veiller à ce qu'elle survive.
Je vous salue, Monsieur l'agent. Je vais préparer ma soupe, tenir ma classe de cet après-midi, veiller à ce que cette petite s'en sorte ... »

Message secret pour Viadoq.en attente de la réponse de l'agent
Sur ces mots, Charlotte s'en retourne chez elle, préparer sa soupe et discuter un peu avec le père Nantier pour savoir si la pauvrette a pu enfin avaler quelque liquide ....
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Message Publié : 08 Février 2014, 20:09 
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Le policier s’offusqua du ton employé par Charlotte. Pour qui se prenait-elle ?

« Mademoiselle, je ne vous apprends pas votre métier, vous n’avez pas à m’apprendre le mien.
Comme déjà dit, un « signalement », ça s’enregistre. Si on veut que des policiers se déplacent, alors qu’ils sont surchargés de travail, il faut une bonne raison... pas des commérages à la sortie du marché.
Une déposition se prend par écrit, et au poste de police. Pas à l’oral et n’importe où. Pensez-vous un seul instant que je me souvienne de tout ce que vous m’avez dit ? C’est à ça que sert l’écrit : A se souvenir, et pas oublier la moitié des choses. Votre témoignage sera un document de référence pour l’enquête, alors que vos paroles ici ne sont rien.

Vous devez vous rendre au poste de police si vous souhaitez voir cette affaire traitée. Si votre principale préoccupation est de rentrer chez vous, c’est que tout cela ne doit pas être bien grave.
Bon appétit. »


Il se détourna de Charlotte et fit quelques pas dans la direction du marché.
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Message Publié : 08 Février 2014, 21:07 
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Humf !
Empoignant ses paniers Charlotte prend le large ..... direction le poste de police le plus proche
fulminant sur l'intégralité du trajet, elle ne décolère pas ....
Un signalement ! Juste un signalement !
Et il faut que j'aille jusqu'au commissariat !
Faudra pas compter sur moi pour faire des ronds de jambe !
Ah ça non !
Elle arrive au poste de police dont elle ouvre la porte sans l'ombre d'une tentative de ménagement !
« J'ai un signalement à faire. Pas une déposition, un signalement ! Il y a eu une agression sur une jeune fille, rue des trois culs bénis.
Je n'ai pas le temps de rentrer dans les détails ni de répondre aux questions oiseuses auxquelles je n'aurais de toute façon pas de réponse !
On peut me recevoir tout de suite ? ou on m'envoie quelqu'un chez moi ?! »
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Message Publié : 09 Février 2014, 13:11 
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Le commissariat de la rue de Belleville ne payait pas de mine. Même si le quartier était finalement récent, celui-ci avait l’air déjà délabré… et surtout petit, vu la surface de la ville qu’il était censé couvrir.
Charlotte, sac débordant de légumes sous le bras, déboula pour faire son « signalement », s’attendant à ce que les représentants de la République soient à son service et vienne à son domicile si ça la chantait.

Tous les policiers présents détournèrent le regard. L’un d’entre eux moins vite que les autres. Il était plutôt jeune, avec une moustache taillée court. Avec un soupir qu’il cherchât à cacher, il fit signe à Charlotte de s’approcher, et l’aida galamment à s’assoir devant un bureau de bois plutôt ancien. « Mademoiselle, je suis à vous. »
Il prit une feuille de papier sur laquelle étaient déjà imprimées des cases et des lignes, et la fit rentrer dans une machine à écrire noire. Après avoir vérifié que le ruban tournait bien, il s’attela à la tâche.

« Donc… 23 Mai 1898… Votre nom … nom de jeune fille… prénom… Je rentrerai seul le genre… » ajouta-t’il avec une pointe d’humour. « votre profession … vous habitez où … »
Les formalités semblaient interminables.
Enfin, il demanda : « Donc, racontez-moi ce qu’il vous arrive, mademoiselle… Comment vous avez eu cette information, ce que vous avez fait, ce qu’il est arrivé ensuite, tout cela. »
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Message Publié : 09 Février 2014, 13:42 
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Les réponses fusent, Charlotte étant à bout de patience. Elle veut bien rendre service et signaler l'incident, mais pas perdre son temps :
« Touttain
Charlotte
Mademoiselle
Je suis institutrice bénévole, je fais la classe et je tiens également un petit dispensaire pour déshérités, juste à côté de la chapelle Sainte-Claire.
Ce matin vers les 7h, on m'a amené une jeune fille.
Environs la vingtaine, visiblement tabassée, violentée, saignant de partout et sans connaissance.
Elle a été trouvée dans le caniveau rue des trois culs bénis et menée directement chez moi.
J'ai fait ce que j'ai pu pour la maintenir en vie puis j'ai couru chercher le docteur Bollard pour qu'il vienne la soigner.
Il m'a dit qu'elle n'était pas transportable, qu'elle devait garder le lit au moins 3 jours et m'a fait une ordonnance pour compléter les soins.
Je ne connais pas son nom, ni qui l'a mise dans un état pareil.
Elle est chez moi, actuellement sous la surveillance du père Nantier.
Voilà.
Je vous signale l'événement, je n'ai rien à ajouter.
Et si vous le permettez, j'aimerais rentrer chez moi à présent, pour m'occuper d'elle. »
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Message Publié : 09 Février 2014, 20:33 
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Le policier tapa avec application sur sa machine à écrire les informations que lui donnait Charlotte. Comme si la perfection de son écriture importait plus que le sujet traité.

Il leva enfin les yeux vers l’institutrice, comme si elle venait de fournir une information capitale.
« A ce jour, personne n’est donc décédé ? »
Il fit une moue dubitative.
« Je ne vous cache pas que nos services sont débordés… » comme Charlotte pouvait s’en douter en voyant deux policiers plus loin rigoler à une histoire drôle « …Il faut que la plaignante porte plainte, s’il n’y a pas eu de décès, pour que nous ouvrions une enquête… » expliqua-t’il sur un ton scolaire.

Il tapa encore deux ou trois mots dans de nouvelles cases, et conclut en retirant le papier de l’appareil.
« Merci pour votre déposition, qui nous sera utile. Je comprends que vous ayez des obligations. »
Il rangea le papier sur le dessus d’une pile qui devait contenir une vingtaine d’autres affaires.
« Quand la victime pourra-t'elle passer au commissariat pour porter plainte ? »
Il avait posé cette question poliment, mais il n’était visiblement pas intéressé par la réponse.

Il se leva pour raccompagner Charlotte.

Il semblait qu’il n’était pas venu le temps où le travail de Charlotte ne serait plus utile dans le quartier…
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Message Publié : 09 Février 2014, 21:05 
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Puisque le policier n'est pas intéressé par la réponse à sa question, Charlotte ne juge pas utile de lui rappeler ce qu'elle a déjà dit, à savoir que la malade ne pourrait pas se lever avant au mieux 3 jours.
La police est débordée, cela se voit ! Les petites gens ne sont pas une priorité, cela se sait !
De toute façon, il est peu probable que la malheureuse accepte de porter plainte, surtout si elle connaissait son ou ses aggresseur(s) ....
« Bien le bonjour monsieur !
Quand on me cherche, on me trouve généralement à l'école. »

Parfaitement persuadée d'avoir perdu son temps et qu'aucune suite ne sera donnée, mais satisfaite d'avoir fait le nécessaire pour qu'on ne vienne pas lui reprocher plus tard de n'avoir pas signalé l'événement, Charlotte s'en retourne donc chez elle pour s'occuper de la soupe, de la malade et de dégager la place pour l'installation de Dorine et de son fils ...
----------------
Charlotte profite du chemin de retour pour décolérer et revenir chez elle dans une humeur moins furibarde ...
A son retour elle retrouve le père Nantier.

« Mon père, je suis rentrée ..... » elle passe la tête par la porte de la pièce « Notre blessée s'est-elle réveillée ? A-t-elle pu dire quelque chose ? »
Si oui : Charlotte écoute attentivement
Si non : Charlotte prend quelques minutes avec le prêtre « Ces messieurs de la police ont pris ma déposition, plus pour la forme qu'autre chose. Comme il n'y a pas de mort, l'affaire ne mérite pas selon eux l'ouverture d'une enquête tant que la victime ne se déplace pas elle-même au commissariat pour porter plainte ! Inutile que je vous dise ce que j'en pense ....
Je vais préparer ma soupe, je vous invite à partager notre repas à l'école avec les élèves ? »
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Message Publié : 10 Février 2014, 19:48 
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Charlotte, furieuse, revint chez elle. Heureusement pour le père Adelphe, elle avait eu le temps d’évacuer son énervement sur le trajet.

« Non, elle ne s’est pas vraiment réveillée. Elle a délirée, un peu, et j’ai pu lui faire boire de l’eau sucrée… Au moins a-t’elle manifesté des signes de vies… Dieu a décidé de ne pas la rappeler à lui aujourd’hui. »
Ecoutant les commentaires de Charlotte sur la réactivité de la police, l’ecclésiastique convint : « La justice des hommes n’est pas celle de Dieu. D’ici qu’elle se réveille, les traces auront disparues… Mais au moins pourra-t’elle nous dire qui elle est et qui lui a fait cela. Son agresseur a certainement pensé qu’elle était ne survivrait pas… »

Le prêtre prit congès : « Je ne voudrai pas vous gêner pour le repas… et Madame Mullot ne devrait pas tarder avec son fils. Je vais manger à mon domicile, Marie a certainement préparé le repas. Je prends donc la classe cet après-midi, comme convenu. » Il rajouta : « C'est bien, ce que vous faites. Comme dit Saint-Pierre, la plus grande richesse est celle que l'on partage. »

Les yeux de Charlotte retombèrent sur la lettre que son père lui avait envoyée, et qu’elle n’avait toujours pas ouverte.
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Message Publié : 10 Février 2014, 19:56 
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« Merci mon père, oui, prenez la classe cet après-midi ... Installer Mme Mulot et son fils... s'organiser pour le reste ... Cela va me demander un peu de temps....
Merci encore, sans votre présence pour veiller sur la petite je n'aurais pas pu la laisser seule...Heureusement, la pharmacie disposait de tout le nécessaire.... »

Charlotte raccompagne gentiment le prêtre à la porte.
« Je m'occupe de la soupe de ce midi, les gamins pourront manger chaud, ils voudront parler des évènements de ce matin, je vais essayer de leur dire les choses de façon à les apaiser... Vous devriez pouvoir faire la leçon dans de bonnes conditions....
Merci encore de votre soutient mon père, sans vous, je n'y arriverais pas »


Puis elle va se servir un thé, elle s'assoit à la table du salon et inspire un grand coup avant d'ouvrir la lettre de son père De quoi s'agit-il encore cette fois-ci ?
La dernière fois c'était pour son goûter arrangé avec des mégères qui essayaient de me vendre leur rejeton à la cervelle plus indigente qu'un petit pois !

Charlotte souffle profondément ... ce n'est vraiment pas le jour pour recevoir une énième proposition de mariage arrangé par son père, elle n'est pas d'humeur ...
Prenant son courage à deux mains, elle ouvre enfin l'enveloppe au pire je pourrais toujours la brûler par inadvertance ...

Message secret pour Viadoq.Le plan
Si cela convient mieux ainsi :
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Message Publié : 11 Février 2014, 11:58 
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Charlotte ouvrit enfin la lettre que lui avait envoyée son père.
Comme d’habitude, le ton était assez froid.

Tours, Mercredi 21 Mai 1898


Charlotte,
Mon enfant,

Je viens te solliciter pour une affaire particulière.
Le Comte Firmin de Saint-Périer a demandé mon aide pour seconder son médecin personnel sur une maladie qu’aurait Sabine, sa fille unique. Il voulait également me parler d’autres choses Vendredi à trois heures, mais il est resté flou dans sa lettre.
Je suis actuellement à Tours au congrès annuel des médecins. Je ne pourrai rencontrer le Comte que mardi prochain.
Je te demande de me représenter Vendredi, à trois heures. Je sais que tu connais Sabine. Il serait bon que tu puisses passer quelques temps avec elle. De la compagnie lui fera certainement le plus grand bien, j’ai cru comprendre qu’elle n’était pas sortie depuis plus d’une semaine. Si possible, passe la nuit chez le Comte.
Tu sais combien nos relations avec le Comte sont importantes pour nous. Tant sur le plan amical que sur le plan professionnel.
Je compte sur toi.

Je t’embrasse,
Docteur Rodolphe Touttain,
Ton père.

Charlotte savait qu’elle pourrait demander de l’aide plus tard à son père si elle satisfaisait à sa demande. Et le Comte n’était pas un ingrat non plus. Plusieurs fois avait-elle obtenu quelques fonds de sa part.

Mais ... Vendredi … c’est aujourd’hui ! Et quinze heures, c’est tout à l’heure !
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Message Publié : 11 Février 2014, 13:37 
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« Argh ! Non de nom !
Fieffé .... enquiquineur !
Le télégramme, tu connais ?!?
Et bien moi je ne t'embrasse pas !
Je ne te remercie pas non plus !
Prévenir à l'avance, c'est possible ?!??!
Grumlgrmul ... »

Charlotte enguirlande la pauvre lettre qui git sur la table, ça la défoule un peu ...
Voyons....il est .... 11h presque et demi .....
D'abord la soupe !
Espérons que Dorine arrive rapidement .....

Prenant appui sur la table dans une profonde expiration de mécontentement, Charlotte se remet en train ...
Elle passe vérifier l'état de la malade, vérifie sa température, lui humecte tendrement le visage
pauvre enfant ... tant de violence ... enfin elle se dirige vers la cuisine ...

Elle met prestement ses légumes à bouillir, puis monte à l'étage se trouver une tenue...correcte pour ce genre de rencontre...
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De toute façon, il n'y a pas grand choix...
une tenue d'après-midi
un peu habillée mais pas trop,
elle n'en a que deux ...
elle n'a jamais l'occasion de les porter à part pour flâner dans Paris le samedi aux Tuileries ...

et en général Charlotte a bien d'autres façons d'occuper ses fins de semaine ...
corriger les cahiers et préparer les leçons par exemple ...

Une fois décidée, elle place la robe bleue sur le lit,
il sera toujours temps de l’enfiler après le repas,
inutile de la tâcher sottement dans un geste d'énervement ...

Tranquillisée sur la question de sa tenue, elle descend s'occuper alternativement de
sa soupe, sa malade, guetter l'arrivée de Dorine, la malade, la soupe, la malade, guetter Dorine,
la soupe, guetter Dorine, la malade, guetter Dorine
etc ....
Pourvu que Dorine arrive à temps pour que Charlotte puisse aller servir la soupe aux gamins à l'école ....
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Message Publié : 11 Février 2014, 19:41 
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Heureusement pour Charlotte, Dorine, ne voulant pas passer la chance de sa vie, elle qui n’en avait jamais eu beaucoup, ne tarda pas.
Elle arriva avec deux valises sous les bras, et un sac que tenait Jehan, son garçon brun d’une dizaine d’année, dont le visage était criblé de taches de rousseurs et orné de deux magnifiques oreilles décollées. Charlotte connaissait ses « exploits » en classe. Mais bon, il y avait pire, et avoir un professeur à la maison ne lui ferait certainement pas de mal.
Jehan tournait les yeux en tous sens. C’est sûr qu’il allait passer un sale quart d’heure avec les copains, maintenant qu’il habitait chez la maîtresse.

Conduite par Charlotte au deuxième étage, Dorine prit juste le temps de poser ses affaires dans sa chambre, de dire à Jehan qui testait déjà son lit avec un visage heureux de les ranger dans l’armoire, et elle redescendit auprès de Charlotte pour demander quoi faire. Elle était motivée.
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Message Publié : 11 Février 2014, 20:48 
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« Parfait ! »
Charlotte énumère donc à Dorine Mulot, en la regardant droit dans les yeux pour vérifier qu'elle garde bien toute son attention :
« Je vous laisse finir de mouliner la soupe le temps que je retourne voir où en est notre malade.
Et mettez vite à tremper nos draps et torchons de ce matin, le sang, ça tâche méchamment !
Vous nous servirez un grand bol de soupe, avec 2 grosses tranches de pain chacun pour Jehan, vous et moi, on va manger rapidement tous ensemble dans la cuisine pour aujourd'hui.
Ensuite, je vais porter le reste de la soupe aux élèves de l'école, je prends la marmite et j'ai un panier tout prêt avec des bols.
Les gamins sont nombreux à en avoir besoin ! Pour certains c'est le seul repas chaud de la journée, pour d'autres c'est le seul repas tout court !
Pendant ce temps-là, je compte sur vous pour surveiller la malade. Vous restez au moins à portée de voix si vous voulez mettre un peu d'ordre dans la cuisine, mais j'aimerais autant que vous preniez un ouvrage et que vous restiez à côté d'elle. Il faut absolument la faire boire ... du thé sucré ou de l'eau sucrée peu importe, mais il faut qu'elle boive.
Garder au chaud du thé et un bol de soupe un peu diluée serait une bonne idée pour le cas où elle parvienne à reprendre connaissance suffisamment longtemps pour vous permettre d'aller les lui chercher. Boire chaud l'aidera à se requinquer.
Si elle veut parler, écoutez bien ce qu'elle a à dire, mais l'urgent n'est pas de lui poser des questions. On verra ça plus tard, quand elle sera remise.
Pour l'instant il faut qu'elle boive autant que possible, et très sucré, pour aider son corps à re-fabriquer tout le sang qu'elle a perdu.
Vous êtes une femme bonne, sinon vous ne l'auriez pas ramassée dans la rue et portée jusque chez moi. Prenez soin d'elle comme si c'était votre propre fillette. Elle est assez âgée pour être considérée comme une femme, mais dans son état elle est plus fragile qu'un tout petit bébé.
Je m'occupe des médicaments, vous vous chargez de tout le reste la concernant.

Ensuite, à mon retour, vers 13h30.
On voit ensemble pour la malade.
Je vous rapporte la marmite et les bols, il faudra penser à les laver. »


« Je dois me rendre pour 15h chez le Comte Firmin de Saint-Périer.  »
Levant les yeux au ciel, Charlotte expire son exaspération : « Ca ne m'arrange vraiment pas mais je dois y aller ».
J'essaierai de ne pas y rester plus de temps que nécessaire, mais je ne sais pas du tout à quelle heure je vais rentrer. En mon absence je vous confie donc la maison et la malade. Je vous fait confiance, vous saurez faire au mieux.
Le Père Nantier fait la classe cet après-midi ; donc en rentrant de l'école, Jéhan pourra faire ses devoirs à côté de la malade pendant que vous mettrez de l'ordre dans la maison.
Avec un petit sourire contrit Charlotte résume la situation :
« Voilà !
En premier : pour vous la soupe et la lessive, et moi la malade.
Dès que la soupe est prête, on mange et après je file nourir les petits de l'école.
Vous voyez que j'ai besoin de votre aide ! »


----
Charlotte va donc s'occuper de la malade, et si possible la médicamenter comme indiqué sur l'ordonnance.

----

Puis le repas se tient, comme indiqué précédemment, dans la cuisine.
Ce n'est pas l'usage habituel entre Maître et Domestiques, mais Charlotte n'est pas encore habituée à ce nouveau statut et devra apprendre quelque usages. De plus, il n'est pas dans sa nature de dévaloriser les autres, surtout quand ils l'aident.
Pour Dorine Mulot, c'est probablement plus étrange à vivre, et peu confortable car cette attitude ne l'aide pas particuièrement à trouver sa place dans l'organisation de la maison. Connaissant la générosité de Mademoiselle Touttain, elle peut au moins y trouver là l'expression de son naturel habituel et une volonté de proximité dans un instant où tout le monde doit "se serrer les coudes". C'est donc dans une ambiance de "cellule de crise" que le repas est pris sans tarder et presque sans échanger un mot.
Mademoiselle Touttain n'a pas arrêté de toute la matinée, elle a d'autre obligations pour l'après-midi, on comprend bien qu'elle n'ait guère l'occasion de se détendre.
Le petit Jehan n'a jamais vu son institutrice d'habitude si souriante et détendue aussi préoccupée et renfermée.

-------

Le repas pris, comme indiquée, Charlotte file à l'école distribuer la soupe aux élèves qui en ont besoin.
Les petits ont été prévenus et son massés devant l'entrée de l'école.
L'arrivée de Charlotte accompagnée de Jehan provoque quelques remous, surtout destinés à leur favoriser le passage. Les regards curieux s'attardent presque plus que Jehan qui accompagne la maitresse que sur Charlotte qui arrive avec la marmite et le panier de bols habituels.
Tout le monde entre et s'installe comme à son habitude pour le temps du repas, sur le banc qui entoure le poële de la salle de classe.
Charlotte commence par distribuer les bols, puis fait le tour de chacun pour y verser la louche de soupe chaude et épaisse tant attendue.
La marmite enfin vide, elle prend une chaise et s'assoit pour faire face à ses élèves.
« Les enfants. Avant que vous ne me posiez des questions dans tous les sens à propos de ce matin. Je vais vous expliquer ce qui s'est passé. Si vous avez ensuite des questions, je vous y répondrai, bien sûr.
Alors voilà. Ce matin, on m'a amené une jeune fille très très blessée qui saignait beaucoup.
J'ai fait ce que j'ai pu pour lui venir en aide puis il a fallu que j'aille en courant chercher le docteur, parce qu'elle était vraiement très très trop blessée.
Le docteur est venu. Il l'a soignée. Elle n'est pas fini de guérir, mais elle a une petite chance de ne pas mourir. Son état reste grave. Elle reste se reposer et finir de se soigner chez moi.
Ca me fait beaucoup de travail et j'ai décidé de prendre une aide à mon service, Mme Mulot, qui vivra chez moi à partir d'aujourd'hui.
Pour cet après-midi, c'est le père Nantier qui vous fera la classe. Nous sommes vendredi, demain il n'y a pas classe, dimanche ceux d'entre vous qui vont à l'école du dimanche reptrouveront le père Nantier.
Lundi, il y aura classe. si tout se passe bien, c'est moi qui serait là, sinon, il y aura quelqu'un d'autre. »
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Message Publié : 12 Février 2014, 20:25 
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Dorine, motivée, accueillit le flot de paroles de Charlotte avec attention.
« Vous savez, mademoiselle Touttain, je sais quand même me débrouiller, hein. »
Elle fit ce que demandait Charlotte : Le repas et la lessive.


Charlotte partit s’occuper de la violentée. Elle arrivait à un état de demi-conscience, pouvant se redresser légèrement et boire le thé sucré, un peu par réflexe. Au moins vivait-elle toujours.
L’héroin lui fit un effet reposant : Son rythme respiratoire se fit plus régulier.
Charlotte ne savait pas si elle reprendrait conscience aujourd’hui, cependant.


Jehan fut bien sûr chahuté par ses camarades.
D’abord silencieux, les questions des enfants vinrent à fuser, montrant toute l’horreur à laquelle était confrontés ces gamins dès leurs plus jeune âge :
« Ben, c’est son mari qui lui a fait ça, non ? » dit sur un ton naturel par un gamin de douze ans à la joue écorchée, avec un haussement d’épaule.
« Ca coute cher, de soigner ? Parce que des fois, il vaut mieux laisser… »
« Moi, si on fait ça à ma sœur, je tue le gars qui a fait ça ! »
« Elle a été violée dans la rue ? » demanda une jeune fille qui ne devait pas avoir huit ans.
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Message Publié : 12 Février 2014, 21:07 
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Charlotte calme les esprits :
« On ne sait pas qui lui a fait ça. On ne sait pas encore comment elle s'appelle.
Soigner, ça peut coûter des sous. Mais vivre, c'est quand même mieux que mourir.
Je vous laisse avec le Bon père Nantier pour cette après-midi. Je vous retrouverais plus tard.
Apprenez bien vos leçons, faites bien vos devoirs. C'est avec l'instruction qu'on parvient à s'en sortir le mieux dans la vie. »

Puis elle prend congé des élèves, embarquant marmite, louche et bols, elle rentre chez elle retrouver Dorine.
----
« Me revoilà ! ... »
Charlotte dépose les affaires dans la cuisine et rejoint Dorine.
Je vous remercie bien pour tout ce que vous faites.
Je vous fait confiance pour la tenue de la maison et les soins à la malade.
Je monte m'habiller et je file à ce rendez-vous qui m'est imposé par mon père.
Dès que possible je reviens pour que nous puissions nous organiser véritablement pour la suite.

Désolée, pour l'instant, j'ai surtout l'impression de parer aux urgences les unes après les autres.
Profitez-en pour faire le tour de la maison et voir ce que vous pensez qui doit être fait, vos conseils me seront sûrement précieux. Je reviens le plus vite possible.

► Afficher spoiler
Pendant ce temps là, RP de Dorine qui fait le tour de la maison, espace disponible pour le MD
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Charlotte prend quelques instant pour se faire chauffer de l'eau et se la monter dans sa chambre.
Là, elle prend le temps de se laver correctement. Avec toutes ses émotions et ses déplacements, elle a transpiré, et les odeurs corporelles fortes sont peu appréciées en bonne société.
Elle s'habille, se recoiffe correctement, s’apprête, se parfume et se maquille légèrement.
► Afficher spoiler
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A la descente des escaliers, Dorine croise une Charlotte méconnaissable. Dorine Mulot connaissait l'institutrice de Belleville, elle découvre Mademoiselle Touttain, jeune fille de bonne famille à la tenue irréprochable.
Charlotte sourit de l'air étonné de Dorine Mulot. « Ne vous inquiétez pas, c'est toujours moi. Mais il faut parfois s'adapter aux gens chez qui l'on se rend. Je suis attendue chez le Comte Firmin de Saint-Périer, et comme je dois y représenter les intérêts de mon père, je dois lui faire honneur. »
Elle ajoute d'un air mutin « Comment me trouvez-vous ? »

Message secret pour Viadoq.Prenant une cape et un chapeau pour compléter sa tenue, fFin prête, Charlotte sort prendre un fiacre pour se rendre chez le Comte Firmin de Saint-Périer où elle sera arrivée pour 14h55.
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Message Publié : 14 Février 2014, 20:21 
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Dorine avait déjà rangé deux-trois choses au retour de Charlotte.
« Ha ? D’accord, vous devez partir. Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de la petite. Vous me laissez les clés, alors ? »

Plus tard, quand Charlotte descendit, elle ne put que souligner son sentiment d’admiration, même si l’institutrice ne portait qu’une tenue classique.
« Oh magnifique mademoiselle Charlotte … heu Mademoiselle Touttain… Vous… heu… »
Même s’il était courant de voir de telles tenues pour peu que l’on se promène dans Paris, elles étaient plutôt rares pour un quartier comme le bas de Belleville, où les gens cherchaient plutôt des habits solides et fonctionnels.
De son côté, Jehan ouvrit de grands yeux et baissa légèrement la tête, ne regardant la propriétaire des lieux qu’avec un regard en coin. Charlotte venait de lui apparaitre comme étant d’un autre monde…
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Message Publié : 15 Février 2014, 00:47 
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« Oui, bien sûr, je vous laisse les clefs, c'est indispensable, il faudra penser à en faire un double, je n'ai que ce jeu-là » Charlotte tend son trousseau à Dorine
« ... Vous soulevez un point ... comment préférez-vous que je vous appelle ? Mme Mulot ? Dorine ?
En ce qui me concerne....«Mademoiselle» me va très bien dans l'ensemble des circonstances,
« Mademoiselle Charlotte » ou « Mademoiselle Touttain » pourront s'imposer à l'occasion, mais je pense que vous saurez trouver lesquelles... dans le doute «Mademoiselle» tout court suffira »

Charlotte réfléchit un peu ... « Ecoutez, je ne sais pas du tout quand je pourrais être de retour, et je ne veux pas vous obliger à veiller plus que de raison ... A quelle heure avez-vous l'intention de vous coucher ? »
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Message Publié : 17 Février 2014, 12:18 
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Dorine prit les clés de la maison. Charlotte lui confiait tout, par ce geste. Dorine en était émue.

Pour reprendre contenance, elle envoya d’un geste Jehan rejoindre l’école : Le Père Nantier allait commencer sa leçon d’histoire... que Charlotte devrait légèrement reprendre sans l’orientation religieuse, la semaine prochaine. Ils en étaient au moyen-âge, l’ecclésiastique enroberait certainement l’histoire de Jeanne d’Arc, et de sa résistance divine face à ces perfides anglais hérétiques. Avec de tels enseignements, jamais les Français et les Anglais ne s’entendront. Ils s'affronteraient lors de la prochaine guerre, c'était sûr ! Comme depuis le Moyen-Age, en fait.

« Ben, heu… quand le travail sera fini, bien sûr. Vers … dix heures, ce soir ? » répondit enfin Dorine, en demandant presque l’autorisation. Elle n’avait pas l’habitude de travailler de la sorte, et ne connaissait pas les règles de la domesticité en vigueur.

« Bonne soirée, dans ce cas, Mademoiselle. Je veillerai sur la petite, et vous enveirai Jehan si elle se réveille... »
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Message Publié : 22 Février 2014, 18:10 
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« Parfait ! Envoyez-moi Jehan dès qu'elle se réveille ...s'il n'est pas trop tard, cela m'ennuierait qu'il attrape un mauvais coup en pleine nuit. Sinon faites-moi porter le message...par un fiacre par exemple. » Considérant l'émotion de Dorine, Charlotte ajoute gentiment : « Dans les Grandes Maisons, la gouvernante veille à ce que le ménage soit fait partout, que les réserves de bois et de charbon soient suffisantes, que le linge de maison comme les vêtements, soient propres, repassés et si nécessaire reprisés ou remplacés, que la cuisine ne manque pas de vivres et qu'il soit possible de servir à toute heure un repas, surtout si les maîtres ont des horaires irréguliers. Elle veille à ce que les chambrières, les lingères, les bonnes, la cuisinière et le cocher fassent efficacement leur travail. Et qu'il soit possible de recevoir agréablement à tout instant des invités dans toutes les pièces. Généralement et sauf ordre contraire, elle ne se permet pas de se coucher avant le retour des maîtres.
Cela c'est l’usage dans les Grandes Maisons.
Nous ne sommes pas dans une Grande Maison. Ce n'est pas ma prétention. Et vous êtes ici la seule employée, et je ne peux pas augmenter votre salaire. Alors faites au mieux, avec les moyens du bord, et nous verrons si quelque chose doit être amélioré, et en ce cas comment il serait possible de l'améliorer.
J'essaye de rentrer vite ou au moins de vous faire prévenir si j'ai d'autres obligations.
Je vais chez le Comte Firmin de Saint-Périer. Retenez ce nom, il vous sera utile, que ce soit pour envoyer Jehan ou pour me faire prévenir chez lui.
Je vous confie la maison, la petite et je vous souhaite un grand courage pour tout cela.
A très vite ! »
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Message Publié : 23 Février 2014, 12:23 
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« Ne vous inquietez de rien, mademoiselle, je m’occupe de tout. » furent les derniers mots qu’entendit Charlotte avant qu’elle ne referme elle-même la porte.

Devant traverser Paris, Charlotte choisit de prendre un tramway électrique pour se rendre à son lieu de rendez-vous.

La suite pour Charlotte dans le Chapitre I !
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