Felix Faure Le soleil commençait à jouer à cache-cache dans les branches des arbres du fond du jardin du Comte de Saint-Périer. Les oiseaux s’animaient dans la verdure, piaillant, sautillants, insouciants du drame qui occupait l’esprit des enquêteurs.
Sur la terrasse, autour d’une table en fer forgé portant collations et boissons, William, Louis et Archibald accueillirent Charlotte et Auguste, bras dessus-bras dessous. Ainsi réunis, les compagnons avaient hâte de partager leurs informations, savoir si l’un d’entre eux avait réussi à localiser les ravisseurs de Sabine.
Toinette apporta tristement les journaux du soir. Selon elle, le Comte de Saint-Périer, qui n’avait donné signe de vie de la journée, ne devrait pas tarder à rentrer du ministère.
Evidemment, les articles sur l’ « affaire du Magnolia » occupaient souvent la première page. Les journalistes n’ayant aucune information nouvelle brodaient sur la vie « louche » du Comte de Saint-Périer, de ses accointances dans les colonies, de son entreprise commerciale... Les sous-entendus fleurissaient d’un bout d’un article à un autre. Il suffisait de lire en diagonale pour comprendre que les propos ne reposaient sur aucune réalité, ou n’avaient rien de scandaleux.
Archibald ne trouva son nom que dans un seul article, alors qu’un autre insistait sur William, ses nombreux déplacements dans les colonies, rendant l’affaire étrangement internationale. D’un autre côté, les efforts de Rochelle pour allumer des contre-feux s’avéraient contre-productifs. Sa liaison avec le Comte était clairement suggérée, et sa fortune subitement devenue trop importante pour être honnête.
Surtout, le Président de la République, Félix Faure, pris à partie lors d'un interview, avait annoncé "s'impliquer personnellement", et qu'il "ferait toute la lumière sur cette affaire".