Message secret pour Souricette, Galan d'Armor, Rhajzad.« Hein, quoi? Me présenter? Mais bien sûr, où ai-je la tête ? C'est toutes ces émotions, vous comprenez? Je ne suis plus tout jeune et être confronté à tout ça... ça ne me rajeunit pas vraiment... Oui, il me semble qu'ils sont en salle d'opération, j'espère qu'ils vont bien... Vous avez de leurs nouvelles? Mon nom, oui, bien sûr, navré, je m'égare. L'âge et toute cette agitation...
Archibald Legabier, commissaire.
Ce qu'il s'est passé? Tout est un peu confus dans mon esprit... »
Le vieil homme cherchait quoi faire? Dire la vérité, au risque que le commissaire fasse partie des conjurés, chargé de surveiller le secteur et qu'il sache qui étaient les singes bleus ainsi que leur but, ou bien mentir, dans l'impossibilité de prévenir les autres pour que leurs histoires concordent ? Aussi broda-t'il quelque chose à mi-chemin entre les deux :
« Je vais reprendre du début, ça sera plus simple... Ne m'en veuillez pas, je ne suis plus tout jeune et passablement exténué après cette nuit. Sans compter le choc de tout ça... Et bien, William Battlestone, vous connaissez ? Il est journaliste et il a voulu profiter du fait que plusieurs des connaissances du Comte soit réunies pour les interroger sur les allégations à l'encontre du Comte, vous savez, celles parues dans la presse d'aujourd'hui... Ou d'hier... Navré, c'est assez dur de garder le fil après cette nuit. Bref, il m'a convié à venir les rejoindre pour donner mon avis, étant donné que le Comte et moi avons été en affaire il y a quelques temps.
Les raisons de cette réunion... Pour faire court, Sabine, la jeune femme qui est en salle d'opération, était en cure chez Charlotte, dont le père est médecin. Nous la conduisions à l’hôpital après qu'Auguste, médecin et connaissance du père de la jeune femme, ait prescrit qu'elle soit placée sous surveillance pour un traitement plus poussé. Nous avons trouvé une voiture à cocher et nous nous dirigions vers cet hopital quand un groupe d'hommes nous est tombé dessus, l'arme au poing. Visiblement, ils en avaient après le père de la petite et ils comptaient bien le faire payer. Ils nous ont sorti de la voiture et ont effrayé le conducteur, qui n'a visiblement pas prévenu les forces de l'ordre ce qui est fort peu aimable de sa part, si vous voulez mon avis. Qu'est-ce que ça lui coûtait, une fois parti, de vous prévenir, hein ? Pardon, je m'égare...
Ils nous ont conduit vers les vieux abattoirs, où ils avaient établi un petit nid, et comptaient, comme ils disaient, faire payer le Comte en... Eh bien, en se montrant fort discourtois avec Sabine. Vous comprendrez aisément, qu'en tant que gentilshommes, nous n'ayons pu souscrire à un tel traitement et nous sommes rebellés vis à vis de la situation...
Une rixe a éclaté, l'empoignade a précédé des tirs après que mes camarades aient désarmés certains de leurs agresseurs et Sabine, ainsi que Charlotte, ont été grièvement blessées. Elles vont bien, n'est-ce pas ?
Moi ? Et bien, ça doit être la chance des aînés... Dans tout ce cafouillage, une lampe à huile a été brisée et l'incendie s'est propagé... Ils se sont carapatés après avoir laissé tomber leurs camarades et nous, et bien, nous avons fait comme nous pouvions.
Vous allez retrouver ceux qui ont pu fuir, n'est-ce pas? Il est inadmissible que ce genre d'événements puisse se produire à notre époque ! »
Archibald avait fini. Il n'avait que partiellement déformé la vérité, éludant la question d'un maître chanteur vis à vis du Comte... Au pire, le Comte arrangerait ça en arrivant, tirant quelques ficelles... Du moins, il l'espérait.