Auguste trouva une occupation à Charlotte, lui permettant d’être utile malgré son état. Ainsi, au lieu de virevolter en tous sens malgré ses blessures et les risques que cela lui faisait encourir, elle feuilleta les documents que le médecin militaire avait sauvés des flammes, tranquillement allongée sur un lit d’hôpital.
« Enfin. » lâcha une infirmière avec soulagement.
Charlotte avait sous ses yeux de nombreuses correspondances. Certains cachets étaient présents sur les enveloppes : Ces documents avaient été envoyés dans les colonies, à l’attention du Capitaine Duport. D’autres étaient adressés à d’autres gradés plus importants. Enfin, ces lettres, si elles étaient adressées aux colonies, provenaient de la métropole. Charlotte vit des noms de militaires gradés (dont certains étaient d’ailleurs destinataires d’autres lettres), mais aussi de personnalités peut-être en vues.
Ce premier état des lieux établi, il lui fallait maintenant lire les documents… dont certains faisaient quelques pages.
Après s’être abreuvé de café, s’être lavé les mains, et avoir revêtu une tenue de chirurgien, Auguste rejoignit le docteur Lazare dans le bloc opératoire. Celui-ci jouissait des dernières innovations et des derniers outils créés pour telle ou telle opération. D’une propreté impeccable, le médecin militaire, qui avait procédé à des opérations périlleuses dans des conditions beaucoup moins favorables, apprécia la modernité du lieu.
Les deux docteurs, aidés de deux infirmiers, s’épaulaient mutuellement sur le cas de Sabine. Des organes sensibles avaient été atteints, et « le pronostic vital était engagé ». Une façon technique d’éviter de penser à l’horreur de la situation. L’action conjointe des médecins sembla venir à bout de la difficulté. Après plus d’une heure d’opération, ils ne pouvaient rien faire de plus, mais Sabine respirait toujours. Elle était vivante, mais n’avait pas repris connaissance.
Cela allait être au tour de Charlotte de passer sur le billard, qui devrait cesser ses malsaines lectures un instant.
Archibald obtint enfin le téléphone. L'infirmière lui indiqua que la police allait prévenir le commissaire Lavoisier, et qu'elle allait arriver, mais qu'elle était très occupée par un incendie près de la gare du Nord.
« Mon dieu, deux attentats en même temps ! En tout cas, c'est une chance que vous ayez pu survivre au votre ! » commenta-t'elle.
A cette heure du matin, un Dimanche, peu nombreuses étaient les communications, aussi la standardiste transmit rapidement la communication vers la maison du Comte de Saint-Périer. Georges lui répondit en personne.
« Bonjour Monsieur Legabier. Oui, monsieur est là. Il dort. Il devrait se réveiller bientôt. »