Message secret pour Moontaz, Galan d'Armor, Keyradin.La voiture du Comte emmena les deux invités au Palais National, lieu du Gala de Charité. Ils y arrivèrent au moment même où la Baronne Rochelle Van Destrée descendait de son fiacre, suivi par William Battlestone.

Là, à l’entrée, de nombreux journalistes assaillent les invités. Archibald et William sont gênés par la débauche de photographies dont ils font l’objet, alors que Rochelle et Firmin, plus habitués de ce genre d’évènements, peuvent prendre une pose de quelques secondes.
Un journaliste tente d’approcher le Comte : « Qu’avez-vous à répondre, monsieur le Comte ? » Celui-ci ignore l’impromptu, et se précipite dans la cour d’entrée du Palais pour s’en défaire. Effectivement, les journalistes sont pour l'instant contenus en dehors du Palais.

« Suivez-moi, le gala est au-dessus du Jardin de Propreté, » vous renseigne le Comte.

Message secret pour Moontaz, galan d'armor.Un pingouin.

C'est l'image qui était venu à l'esprit d'Archibald une fois qu'il avait pu trouver son bonheur vestimentaire chez le comte et qu'il avait pu se voir dans un miroir. D'habitude plus volubile, il était resté silencieux durant le trajet, déjà en proie à un profond ennui, suite à son "enlèvement" pour rejoindre le gala et constata avec effroi la présence de photographes dont les flashs laissèrent leurs traces rémanentes dans les yeux de chacun. Quand le comte réussit à "fuir" l'attention journalistique, c'est avec entrain que le scientifique le suivit et lui répondit:

« Oui, oui, allons-y! Sauvons-nous de ces fauves! »

Message secret pour Moontaz, Keyradin, Viadoq.A peine descendu chez lui, William attrapa à la volée quelques vêtements, sa trousse de toilette, une petite mallette de cuir contenant feuillets vierges et nécessaire d'écriture et quelques menus affaires qu'il glana par ci, par là.
Il plaça le tout sur le lit et de dessous sortit une malle de voyage au cuir râpé qui sentait la graisse de phoque rancie. Il l'ouvrit et avant d'y fourré ses affaire il remplit un double fond de documents tirés de son secrétaire. Des cartes et des rapports que William préférait garder prés de lui. Il n'aurait sans doute pas le temps de travailler dessus et ces pages n'étaient pas à proprement parlé compromettantes mais William ne souhaitait pas qu'un "collègue" austro-hongrois tombe dessus.

Il regarda vaguement ses notes. Une guerre en Serbie - encore une - se préparait. C'était certain. Mais qui ce souciait de ces terres lointaines. Sauf que cette fois l'Autriche semblait vouloir étouffer le problème.
Enfin. Il avait d'autres préoccupations pour le moment. Un ami réclamait son attention.

William boucla sa malle puis déposa sa machine à écrire dans sa boite qu'il déposa dans l'entrée prés de son bagage. Enfin, il tira de son secrétaire son vieux révolver qu'il plaça dans son coffret avec munitions et outillage.

Ces préparatifs effectués, le reporter regarda sa montre. Il avait juste le temps de prendre un encas léger avant de devoir se vêtir pour le gala.



Lorsque la voiture de Rochelle arriva, William était prés. Il avait revêtu son seul costume de bal. Le vêtement était tout de même du dernier chic parisien, rehaussé d’exotisme par quelques broderies mexicaine aux manches. William attrapa sa canne à pommeau d'argent en tête de loup et vissa sur sa tête son stetson.
Depuis le passage quelques années auparavant du Wild West Show, cette mode "cowboy" était resté en vogue.

Lorsqu'il aperçu Rochelle, William resta d'abord sans voix. Elle était d'une beauté fascinante, éblouissante. Le tissu nacré de sa robe soulignait l'éclat satiné de sa peau. Sa chevelure artistement ordonnancée mettait en relief la majesté de son regard et l'ourlet parfait de ses lèvres.

« Mon cœur, vous m'ôtez le souffle. Je me sens un pauvre et bien laid Héphaïstos devant Aphrodite née de l'écume. »

Il aida ensuite le cocher à prendre ses bagages. Il les confirait au cocher du Comte lorsqu'ils arriveraient au palais national.

Pendant tout le trajet, tandis qu'ils devisaient, William ne pouvait détacher le regard de la Baronne. Chaque fois il se demandait comment un tel astre pouvait s'être entiché de lui.



Arrivés à destination, toutes les craintes de William se matérialisèrent sous l'apparence de ses "confrères".
C'est dans ce genre de situation que son chapeau à large bord faisait merveille. Tête légèrement inclinée, les preneurs d'images n'auraient que du feutre à ce mettre sous la dent. Fort heureusement, Firmin et Rochelle avaient bien plus d'attraits pour ces charognards, scribouillards de ragots.

Pourtant ...

William se pencha vers Rochelle, lui embrassant les doigts finement gantés de dentelles.
« Veuillez m'excuser ma chère, je vous retrouve à l'intérieur. »

Il se coula alors du mieux qu'il pu hors de l'éclat aussi aveuglant que puant des flashs et se dirigea vers le journaliste qui avait hélé le Comte. William ne le connaissait pas, ils ne fréquentaient pas les même milieux.
Il posa une main à la fois amicale et ferme sur son épaule.
« Répondre de quoi ? » lui demanda t il à brûle pourpoint.

Message secret pour keyradin, galan d'armor.Rochelle sourit avec détachement aux photographes ,elle semblait au delà de la foule , étrangère et comme a chaque mondanité , elle cultiva son aura en s'éloignant doucement à la suite du comte , dos droit , tête haute .

« Courage »murmura t elle à William et passant à coté de lui .

Message secret pour Moontaz, galan d'armor, Keyradin.
Le Palais National (Palais Royal)Le journaliste que William interpelait, la trentaine, moustache fine, répondit gaiement : « Lisez l’édition de demain du « Clairon de la République », monsieur ! Tout y sera expliqué ! »
Voyant que cette phrase ne lui permettait pas de se dégager de William, il enchaina, moins gaiement, alors que d’autres personnalités descendaient de leurs véhicules : « Lâchez-moi ! Vous m’empêchez de faire mon travail ! »
William insistant, le journaliste s’arrêta un instant, le dévisageant. Il semblait fouiller dans sa mémoire. « Je vous ai déjà vu quelque part, vous… » Flairant les informations essentielles dont il pourrait lui-même profiter, il sortit sa carte : « Joseph Roux. Je suis l’un des rares journalistes autorisé à entrer dans le gala. Venez me voir tout à l’heure. »
William n’aurait rien de plus sur l’instant, Joseph étant obnubilé par l’arrivée des personnalités successives. « Madame l’Archiduchesse Volodine ! Quelques mots sur votre procès en cours ? »

Le Comte, la Baronne et Archibald pénétrèrent dans la cour d’entrée du Palais National, anciennement Palais Royal, où un domestique plutôt âgé les prit en charge. « Madame, messieurs, veuillez me suivre. » Ce qui était inutile : D’autres invités, déjà arrivés, allaient et venaient, si bien que se diriger vers le gala aurait été aisé.
Ils passèrent rapidement dans la cour d’honneur, avant de bifurquer vers le Jardin de Propreté. Là, ils prirent un escalier dans l’aile Sud qui les conduisit au premier étage.

Certains invités se retournaient et reconnaissaient le Comte ou la Baronne, mais pour l’instant, personne ne s’approchait d’eux, leur laissant le soin d’observer les lieux.
Une enfilade de quatre cabinets était le théâtre de la soirée de gala. En rénovation, il avait été aisé de réserver ces salles, car encore inoccupées. Des draperies, des boiseries posées aux murs, et un velum goudronné au plafond, tout avait été fait pour masquer les travaux aux invités. De façon réussi : L’ambiance de luxe était à son comble, et les personnes présentes devisaient amicalement, passant d’un groupe à un autre. Certains adultes étaient accroupis, parlant en souriant avec des gamins pouponnés pour l’occasion, les uns ne se gênant pas pour passer la main dans les cheveux des autres qui leur faisaient les poches au passage.
« Il est question que l’Office Central des Colonies soit installé ici. » précisa le Comte, pour expliquer les travaux de rénovation en cours.
La première pièce servait surtout à l'accueil. Un orchestre jouait dans la seconde, et des serviteurs avec des plateaux plus ou moins chargés de coupes de champagne et de petits fours circulaient dans la troisième.
Dans la pièce du fond, une démonstration de l’une de ces innovations majeures du XIXième siècle était en cours, certainement faite par son propre inventeur : Le Théâtrophone.

William put enfin rejoindre ses compagnons.

Message secret pour Moontaz, Viadoq, Keyradin.Un peu énervé, William laissa son par-dessus au vestiaire mais garda son chapeau. Il prit soin de glisser dans la doublure de celui-ci son porte feuille ainsi que sa montre.
Certes il approuvait un tel gala. Ces gamins avaient bien besoin de la charité des bons bourgeois. Mais, il connaissait assez ces pauvres gosses pour savoir que la charité ils se l'accordait aussi par des moyens plus "discrets".

Ce journaliste, Roux, l'avait laissé sur sa faim. William avait bien envisager de le bousculer un peu mais provoquer un esclandre n'aurait rien arranger. Cela aurait même été contre productif et surtout stupide. Mieux valait le laisser faire son travail puis peut être plus tard jouer la carte de la coopération.
Il faudrait vraiment qu'il lise plus assidument les pages du gotha mondain.

Tandis qu'il louvoyait dans les vastes galeries du palais national, William retrouvait un peu de son flegme vaguement nonchalant. Il retrouva sans grande peine ses compagnons de soirée. Rochelle irradiait littéralement par son charme et sa gentillesse naturelle autant que par l'éclat de sa toilette. Et puis, il suffisait de remonter la traine des commères jalouses qui ragotaient derrière elle tandis que leurs époux échangeaient soupirs ou regards égrillards.

« Mille excuse Cher cœur. » Lui dit il, se glissant à ses côtés et frôlant discrètement du bout des doigts la peau si douce de ses épaules et de son cou. Ah, comme il aurait aimer pouvoir y déposer une rivière de baiser, s'enivrant de son
parfum.

« Je dois m'enquérir de quelques informations concernant notre hôte. Peut être des détails qui nous manquent. »

Message secret pour Moontaz, Galan d'Armor, Keyradin.Archibald fut le premier à remarquer les discussions à voix basse que certains groupes de personnes faisaient en voyant le Comte et ses co-invités. De la méfiance, ou de l’interrogation ?
Certainement que William, encore une fois ébloui par la beauté de sa maîtresse, avait confondu ces discussions avec des murmures de jalousie ou d’envie envers Rochelle. Rochelle, quant à elle, profitait de ces instants pendant lesquels elle n’était pas accostée par un quelconque galant ou soutireur d’argent.

« Archibald, avez-vous comment fonctionne cette merveille de Théâtrophone ? » Le Comte invita ses amis à le suivre dans la quatrième salle.
Là, de nombreux écouteurs, comme ceux d’un téléphone, partaient d’un tableau électrique posé rapidement pour l’occasion. Des enfants passaient d’un écouteur à un autre en riant ou en tirant la langue, se chahutant, et finalement peu intéressés par la musique.
Un homme gras portant un costume en soie, ainsi qu’une grosse femme plutôt vulgaire bien que bien habillée entouraient l’inventeur : Un certain Clément Ader.
« Oui, monsieur Villard, avec cela, vous pouvez écouter d’ici les concerts ou théâtre de Paris connectés à mon réseau. Essayez celui-ci : C’est l’Opéra Garnier, il s’y joue une représentation d’Hellé, d’Alphonse Duvernoy… Bien sûr madame Meunier, nous pouvons vous en installer un chez vous. Cela utilise le réseau de téléphone, et de l’électicité… »

Même si cela prit plus de temps à certains qu’à d’autres, il fallait se rendre à l’évidence : Personne ne venait voir le Comte et ses amis. Ce qui semblait anormal.

Message secret pour Moontaz, Viadoq, Keyradin.Observant l'étrange appareillage, William envisagea instantanément un usage que n'avait peut être pas envisager son inventeur.
Il attrapa un des écouteurs et le porta à son oreille. La réception était crépitante et les voix avaient une sorte de résonance métallique, mais somme toute, on percevait assez bien l'interprétation et la musique.
Il se tourna alors vers le vieux savant qui les accompagnait, mais s'adressait tout autant à ce M. Ader.

« Mon cher Archibald. Dites moi si mon raisonnement est erroné, mais si l'on adaptait cet appareillage ou quelque chose d'approchant au sommet de cette grande tour de fer que vient d'achever M. Eiffel... Ne serait il pas possible d'entendre plus loin que l'opéra Garnier ? »

William rêvait sûrement, mais en son for intérieur il pensait que si les populations des grands empires de l'ouest pouvaient entendre ce qui se passait au delà de leurs frontières, peut être auraient ils l'impression d'être plus proches, reliés ne serait ce que par le son et qu'ainsi on pourrait faire taire les nationalismes et pourquoi pas éviter les guerres.