La pluie battait toujours la rue lorsque la baronne Rochelle van Destrée et William Battlestone arrivèrent dans le quartier de Montparnasse. Ils furent alarmés en voyant la fenêtre du bout de la demeure du Comte grande ouverte. D’ailleurs, le docteur Auguste Duchamp se penchait dessus.
Dès leur entrée, Philippe leur prit leurs effets trempés, tout en les mettant au courant : « Mademoiselle Sabine a été enlevée pendant votre absence, et Mademoiselle Charlotte a été blessée par les brigands. Nous sommes bouleversés. Ces messieurs-dames sont à l’étage, dans la chambre de Mademoiselle Sabine. »

Dans la chambre de Sabine, le docteur inspectait la fenêtre. Il vit William et Rochelle revenir de la soirée de gala.
La fenêtre n’était pas cassée, et fonctionnait normalement. Pas de carreaux brisés, rien. Elle était juste ouverte. A ses pieds, des traces de piétinements derrière les rideaux montraient une activité d’attente en ces lieux.
En passant par le couloir, Louis repéra que des traces humides conduisaient à la chambre d’à-côté, normalement inoccupée.

Louis revint discrètement vers la chambre de Dame Sabine où étaient réunis les autres puis chuchota à leur intention : « Il y a des traces de pas qui mènent à la chambre d'à côté, je pense que nous devrions aller voir. »

« Ah !... heu... » Le visage d'Auguste s'éclaira à la nouvelle, puis voyant la mine et le ton de conspirateur -quelque peu incongru, après la bataille- de Louis Mulller, il leva un sourcil étonné et continua à voix basse : « c'est donc par là qu'ils ont du pénétrer dans la maison pour préparer leur mauvais coup... Allons voir ça ! »
Pour un peu, la paranoïa du jardinier -bien secoué par l'évasion de son Dudule dans la roseraie- lui aurait donné l'impulsion d'aller rechercher son arme...
Mais en toute rationnalité, il se contenta d'un briquet et de se diriger simplement vers la chambre incriminée, y pénétrant avec pour seule crainte...
d'effacer quelque trace, tandis qu'il actionnait l'interrupteur.
"Electricité à tous les étages", ça c'était le luxe...

S'appuyant sur le Comte, Charlotte inspecte la pièce, sans grand succès et décide donc de mener sa cane humaine à la suite du bon docteur ... « Monsieur le Comte, il n'est pas judicieux de laisser ce brave Docteur s'aventurer seul dans une pièce où il reste peut-être encore quelque malandrin ... » puis elle ajoute à mi-voix en se frottant entre le pouce et l'index de sa main libre la naissance du nez « Que cet anesthésique est puissant ... en tout cas je n'ai pas mal du tout »