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Message Publié : 13 Février 2014, 16:08 
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Rochelle avait écouté en silence les explications simples et si claires de cet homme . Enfin quelqu'un qui résumait les choses avec impartialité, capable de mettre de coté , du moins un peu son nationalisme ... Elle avait surprit son soupir de déception pourtant . Oui elle ne le laissait pas la courtiser comme le voulait l'usage , mais elle le préfèrait ainsi .Doucement quand il eu fini, elle releva la tête vers lui , vers la cicatrice qu'on ne pouvait ignorer et celle fois n'arreta pas son geste; ses doigts glissèrent avec infiniment de délicatesse sur la peau fragilisée.

« C'est là-bas que ... »
Rougissant brusquement elle détourna la tête, se maudissant de son manque de tact et de convenances .
« Veuillez me pardonner, je n'aurai pas du .... c'est juste que ...Vous êtes si différents des hommes que je fréquente . »
Consciente qu'il pouvait interpréter cela comme un désavoeu ,elle ajouta précipitamment :
« Au delà de votre culture , vous prenez le temps de m'expliquer, de m'éclairer, vous ne considérez pas que je ne peux ni comprendre,ni que cela ne me regarde pas . J'ai besoin de prendre pied dans le monde où je vis et la presse ici est si ... nationaliste !Quand à ces Messieurs... »Elle s'arrêta,l'espace de quelques secondes l'air un peu triste et déçue avant de le fixer de nouveau .
« Cela, William, me séduit plus que toutes les envolées de tout les poètes, même si, j'adorerai que vous m'en déclamiez . Je veux plus . Je veux partager plus avec un homme qu'une valse, je veux être plus qu'une belle femme à son bras qu'il exposera comme un trophée auprès de ses amis .Je veux partager ses doutes et ses questions , fussent elles complexes .Je suis désolée si je vous parais trop osée mais j'ai l'audace de croire que peut être, vous recherchez ,vous aussi , une femme différente ... »
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Message Publié : 13 Février 2014, 18:47 
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D'une manière assez étrange et désarçonnante, William passa de la morosité à une humeur plus légère.
Un franc sourire éclairait son visage balafré. Un sourire qui évoquait la nostalgie de souvenirs pourtant terribles mais aussi pour masquer son trouble. C'était la première fois qu'une femme non seulement ne reculait pas devant ses cicatrices mais en outre allait jusqu'à caresser les chairs martyrisées.

« Ma beauté, » expliqua t il « Je la dois à la sagaie d'un guerrier zoulou et à la bombe d'une bande d'irlandais non moins féroces. »

Du bout des doigts, William caressa tendrement une mèche rebelle qui barrait d'un trait d'encre de chine le front satiné de Rochelle, puis sa main glissa le long de la joue dont la peau subtilement cuivrée se teintait d'un rose velouté.

« Je n'ai jamais considéré les femmes comme des trophées, Rochelle. » Il osait à peine prononcer son prénom tant il lui enflammait la poitrine. « Vous moins que toute autre, car je n'ai jamais rencontré une femme telle que vous qui semblez réunir la beauté et la grâce mais aussi toutes les qualités intellectuelles qui feraient le bonheur de tout homme seulement digne de vous. Pourtant je doute d'être un tel homme. Non de votre fait mais bien du mien. Je ne suis pas un homme "convenable", de ceux qu'on peut aimer ou même fréquenter. Vous pourriez me qualifier d'instable ou de volage. La vérité c'est que par nature, je ne reste jamais bien longtemps à la même place. »

William s'écarta soudain, observant autour de lui comme un enfant prit la main dans le pot de confiture.

« Que dirait on de vous si l'on vous voyait ainsi avec un scribouillard, anglais de surcroit... un aventurier. Je suis assez bien placer pour savoir combien les ragots peuvent être assassins surtout s'ils sont relayés par la presse. Comment pourrais je souffrir de voir votre honneur ainsi souillé ? »
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Message Publié : 13 Février 2014, 20:43 
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« La beauté peut prendre tant de formes, elle peut être pure, mais aussi étrange, fascinante, dangereuse,... La votre ne vient pas des traits de votre visage mais de votre esprit, là . »
D'un geste mutin, elle désigna le front de l'homme qui lui faisait face.
« Et je suis sure qu'on vous l'a déjà dit ! »

Elle avait légèrement fermé les yeux aux moment où la main chaude avait effleuré la peau de sa joue, appréciant une caresse qu'elle n'avait que trop rarement éprouvée, une caresse qu'elle voulait voir se reproduire encore tant elle réchauffait son coeur et plus encore son âme .

Elle ne voulait pas entendre le discours de William, certes honnête, mais elle le balaya d'un revers de la main .
« Est ce une manière " so British" pour me dire que vous ne me demandez pas en mariage ? Etes vous en train de me dire que vous ne mettrez pas un genoux à terre pour demander ma main ? Que vous ne me promettrez pas la fidélité éternelle et tout ce qui s'en suit ? »
Rochelle ne pu se retenir et un rire cristallin emplit l'air un instant tandis qu'elle serrait un peu plus les mains du journaliste .

« William... »Elle reprit sérieusement cette fois « J'ai été mariée à un homme convenable comme vous dites, et je n'ai jamais autant souffert que pendant ces années la , jamais ... jamais plus je ne veux revivre ça ! »
Elle se mit debout comme si les mots qu'elle allait dire étaient trop lourd pour être déposé là, comme si assise , elle savait ne pouvoir les dire .
« Vous voulez savoir ce que je suis ? ... Seule !Infiniment , désespérément seule ....Ce que la presse colporte m'indiffère, je sais les amants qu'elle me prête mais ...il n'y a eu personne...depuis plusieurs mois . Parce que personne ne me touche, je me sens étrangère au milieu de tous . »
Et comme si cet aveu lui coûtait trop , elle prit la pose , imitant à la perfection le type d'attitude prisé par ces messieurs de la haute :
« Voyons très chère, qu'est ce que cela peut bien vous faire ? Ces choses ne concernent pas les jeunes femmes ! N'encombrez pas votre charmant minois de ses connaissances que vous ne pourriez comprendre ! »

Avec un petit sourire , elle reprit sa place , non sans poser sa main sur le bras qu'elle sentait musclé sous le tissus bien coupé .
« vous êtes libre William, loin de moi l'idée de vous imposer des chaines , mais je serais heureuse que vous fassiez un bout de chemin en ma compagnie, si cela vous agréé »
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Message Publié : 15 Février 2014, 16:37 
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William rit de bon cœur à l'imitation de Rochelle. Elle avait un réel don de comédienne. Ô combien ces hommes de leur temps étaient lourds et stupides. Parfois William se disait que les "sauvages" africains étaient bien plus évolués. Dans certaines tribus d'Afrique du sud, c'était la femme qui choisissait son mari et même plusieurs si elle le souhaitait. Plus encore, elle pouvait renvoyer n'importe quel homme chez sa mère d'un simple claquement de doigt...
William se souvenait aussi que dans un passé fort lointain, les pictes et les brittons adoraient surtout des déesses et quelques dieux. Les recherches archéologiques entreprises en Europe à l'époque du règne Napoléon III l'avaient confirmé.

Rochelle aurait été digne de figurer aux panthéons antiques.

Enfin, oubliant toute convenance tandis qu'elle lui serrait le bras, oubliant le monde extérieur et ses médisances, William enserra Rochelle dans ses bras. Il la sentit chaude et palpitante, comme un frêle oiseau, une tourterelle soyeuse prise au piège d'un gros chat bienveillant. Il sentit son souffle léger qui coulait de ses lèvres entrouvertes et frissonnantes. Il aurait voulu la conserver comme cela, étroitement embrassée, jusqu'à la fin des temps. Figer ce moment de passion pure, cet instant éphémère d'infinies possibilités.

Puis, plongeant son regard de cyclope enfiévré dans les prunelles si précieuses de la belle baronne, il avança lentement son visage. Leurs nez se frôlèrent, puis leurs bouches, dans une sorte de caresse, un baiser d'abord sage et frileux, presque un baiser d'adolescents inexpérimentés.

« Je vous aime Rochelle. » Prononça William dans un souffle haletant. « Brulons ensemble nos solitudes aux flammes qui embrasent nos deux cœurs. »

Et puis abandonnant toute timidité, il l'embrassa plus passionnément, goûtant avec l'ardeur d'un assoiffé de longue date, le nectar de l'amour à la coupe des lèvres de Rochelle. Il sentait le goût exquis de sa bouche, de son souffle. Il sentait son abandon et s'abandonnait lui même.

Il savait que ça ne durerait pas. L'amour ne durait jamais.
Mais en attendant il serait Don Quichotte, elle serait Dulcinée. Et ils s'aimeraient à l'ombre des grands moulins sans se soucier du vent jaloux qui un jour reviendrait faire tourner les grandes ailes blanches et renverrait le pathétique chevalier vers ses quêtes insensées.
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Message Publié : 15 Février 2014, 20:43 
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Elle n'arrivait pas à reprendre pied dans la réalité, elle n'arrivait pas à distinguer les alentours , le parc, les bassins , les jeux d'eaux, elle ne voyait que ce regard exigeant et tendre , ne percevait plus que des sensations nouvelles et étranges qui la figeait dans un rêve dont elle ne parvenait pas à s'échapper .

Quand il l'avait prise dans ses bras, elle s'était sentie à sa place, comme si déracinée , elle retrouvait soudain les liens dont elle avait été privés depuis trop longtemps . Une nouveauté pour elle qui se sentait étrangère depuis tant d'années , ne comprenant pas pourquoi la vie lui imposait cet isolement forcé .
Elle avait frémi à sa caresse avant de se laisser emporter par ses lèvres fermes et ce baiser dont elle n'aurai osé rêver . Il lui laissait sur l'âme un gout de paradis perdu , une plénitude qui la gonflait d'une vie nouvelle ,d'un élan vital . Comme il était loin le souvenir des baisers durs et violents de son mari qui exigeait jusqu'à la blessure l'accomplissement d'un devoir conjugal ...Comme il balaya le souvenirs de cet amant bruxellois bien trop mou et blasé pour apercevoir l'ardeur de Rochelle .

"Je vous aime " avait il déclaré , Rochelle ne savait ce qu'était l'amour , elle l'ignorait , ses rêves de jeune fille ayant été explosés dans une nuit de noce désastreuse et tant d'années de souffrance . Elle aurait bien été incapable de dire si elle aimait William . Mais elle n'avait jamais ressenti cette chaleur qui parcourait son corps , cette légère ivresse qui recouvrait son esprit et l'envie brusque de se donner encore plus . Et elle ne souhaitait pas que cela s'arrête .
Etait ce du désir ?de l'amour ? Elle s'en fichait complètement .

Ils s'étaient trouvés, pour une heure , un jour ou une année , ils s'étaient trouvés et Rochelle su soudain pourquoi elle le trouvait si dangereux : parce qu'il la voyait au delà du masque et du rôle qu'elle s'appliquait a jouer . Il distinguait la véracité de son âme sans s'arrêter aux artifices qu'elle déployait . Il la percevait et elle su qu'elle ne pourrait jamais lui mentir ou le tromper . Plus incroyable, à ses cotés elle souhaitait plus que tout rester elle même .

Elle resta un moment à le fixer , incapable de parler , incapable de se détacher de ce visage si particulier avant de poser sa main sur la joue suppliciée et d'y déposer une tendre caresse . Elle l'aurai bien embrassé à nouveau juste pour être sure qu'elle n'avait pas rêvé , juste pour sentir le temps s'arreter de nouveau et se rassasier un peu de lui . Mais ce n'était pas le lieu ...Malheureusement pas le lieu .

« Si ...Si vous n'avez aucune obligation de prévue , je serais honorée que vous partagiez mon souper . » Elle n'ajouta rien , elle savait qu'il comprendrait bien au delà des mots ce qu'elle lui offrait .
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Message Publié : 16 Février 2014, 15:16 
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« Je ... » Commença t il avant de s'arrêter, hésitant.

Il la désirait comme elle semblait le désirer. William aurait voulu accepter sa proposition, le hurler même tant cette envie lui taraudait le cœur, enflammait ses sens. Mais il devait se raisonner. Il n'était pas un animal en rut ou une de ces brutes dont malheureusement Rochelle avait déjà fait l'expérience. Elle s'offrait librement mais que penserait elle de lui s'il laissait libre cours à ses instincts en ces circonstances ? Devait il trouver une excuse ? Non plus car ce serait un faux fuyant et elle le saurait, elle le devinerait sans peine.

« Je ... » Reprit-il « Non... Je ne peux pas. Rochelle. Pas maintenant, pas encore. Je ne veux pas vous traiter comme une actrice ou même pire, et je ne veux pas n'être à vos yeux que le triste reflet des hommes que vous avez déjà croisé. Je vous aime Rochelle. »
Il tenait toujours ses mains que la chaleur semblait fuir.

« Je vous aime. » Répéta t il alors que ses paroles lui poignardaient l'âme « Et même si je ne peux vous promettre un amour éternel, je peux vous assuré qu'il est sincère et pur. »

Il embrassa les mains fines et tremblantes.

« Continuons notre promenade, je vous en prie. Je vous parlerais de l'Afrique et de ses mystères, des grands rois zoulous, des villes blanches et lumineuses et des animaux fabuleux qui hantent les épaisses forêts et les déserts. Vous me parlerez de Paris et de ses merveilles artistiques et architecturales, de votre vie ici,... un peu. Puis je vous offrirais un café crème Chez "Maxim's et Georg's", avant de vous raccompagner. »

William souriait, essayant de placer tout son amour et sa douceur dans cette simple expression. Il déposa encore un petit baiser sur le front et les lèvres de la baronne.

« Je reviendrais demain matin et j'apporterais quelques douceurs pour le petit déjeuner, des pâtisseries exotiques que me prépare un ami égyptien, si vos sentiments demeurent les même. Je veux vous laisser le temps de la réflexion, pour ne semer ni remords ni regrets en votre cœur si tendre. »
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Message Publié : 16 Février 2014, 16:51 
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Comment avait il pu deviner ? Comment? ...Comment avait il su la peur qu'elle même ne distinguait qu'à peine ? Encore une fois, il l'a surprenait . Alors elle lui sourit, elle lui sourit de toute son âme apaisée . Des regrets et des remords elle n'en aurai pas de cela elle était sure .

Et parce qu'il avait pris les choses en main avec douceur et délicatesse, parce que ses mots renfermaient une délicieuse promesse, elle pu lui murmurer :
« Oui, parlez moi de l'Afrique, de ses déserts , de cette lumière qui est parait il à nulle autre pareille !J'aurai plaisir à la découvrir à travers vos yeux .Nous parlerons donc de nous en arpentant ces allées , bien que j'en ai peur, ma vie ne soit guère passionnante comparée à la votre . »
Elle se leva et lui tendit le bras , attendant qu'il vienne à ses cotés .
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Message Publié : 20 Février 2014, 07:46 
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William se leva à son tour et prenant le bras offert, il mêla ses doigts à ceux de Rochelle. Ainsi étroitement serrés, ils avancèrent le long des allées, sous la ramure des arbres couverts de jeunes feuilles, dais ajouré d'un vert si tendre et frais moucheté parfois de fleurs blanches ou roses.

Il lui parla donc de l'Afrique. Il commença par le départ en bateau, depuis Gibraltar, de la Méditérannée aux eaux bleues marines puis du canal de Suez et de la Mer Rouge. Enfin l'arrivée à Mombasa et le choc avec l'Afrique noire, ce continent unique où, étrangement, tout homme a l'impression au fond de lui de revenir dans son foyer.
Les parfums et les lumières sans pareil. Le bal des grandes voiles triangulaires des felouques qui apportaient les épices des Indes, de Zanzibar ou de Madagascar. En arrière plan, la lignes des façades rouge sang et noir. Et derrière encore, les grands minarets qui pointaient vers un ciel dont l'azur paraissait plus dense, presque palpable, traversé par le ballet vertigineux des martinets et des hirondelles.

Il parla du Kenya et de la Rhodésie, du Kilimandjaro dont le sommet couronné de neiges éternelles semble flotter au milieu des nuages. Des lacs de soude roses que survolent des myriades flamboyantes de grands flamants et par dessus ce parvis de plumes de feu, les larges colonnes blanches que formaient des vols de pélicans ou de cigognes gagnant les altitudes les plus hautes.

Tout en parlant il y retournait presque.

Pourtant William demeurait attentif aux souhaits et désirs de sa compagne. Il ne voulait pas la lasser par d'emphatiques vantardises et surtout il espérait avidement en savoir plus sur cette femme qui pour lui avait bien plus d'attraits et de mystères que l'Afrique.
Tandis qu'ils cheminaient ainsi au milieu des jardins aux fleurs encore un peu timides, sous les regards de marbre des immenses antiques, et devisaient de paysages lointains, William essayait parfois, sans pousser jusqu'à l’indiscrétion, de questionner la belle baronne sur ce passé qu'il sentait si plein d'amertume et de larmes.
Ce n'était pas par curiosité malsaine ou même par simple habitude de reporter, mais bien poussé par un sincère sentiment d'amour et d'empathie qu'il souhaitait percer le mystère de cette femme envoutante.

Puis, tandis que la lumière, presque imperceptiblement se teinta de vieil or, William héla un landau qui passait par là. « Maxim's et Georg's » Dit il simplement au cocher. L'adresse était très connue depuis sa fondation et drainait toute la population mondaine attirée par le côté très "anglais" du lieu. Un comble en cette période d'anglophobie aigüe. Pourtant, William savait qu'ils pourraient y prendre un goûter sans être dérangé par la foule toujours avide de ragots juteux.
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Message Publié : 24 Février 2014, 20:28 
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Rochelle écoutait , captivée par la flamme de cet homme qui lui faisait vivre l'exotisme qu'elle ne connaissait que par les mots des romanciers . Elle l'écoutait en sentant poindre en elle un sentiment étrange , presque de la jalousie pour ce continent dont elle sentait qu'il avait su toucher le coeur de l'âme de William plus surement qu'elle ne le pourrait jamais .

Il vibrait à l'unisson de souvenirs qu'elle n'aurait jamais et dont elle ne pouvait entrevoir que le reflet vacillant . Et pourtant , elle ne voulait pas qu'il s'arrête , elle ne voulait pas que les mots se tarissent ...Elle voulait qu'il se livre encore pour pouvoir se nourrir un peu de cette vie qu'il déversait et dont elle buvait chaque goutte sans être rassasiée .Et elle était avide de comprendre, de connaitre : comment vivait les gens la bas ? Comment étaient les femmes , comment grandissaient les enfants ? Elle pouvait presque sentir le parfum lourds des épices ,l'odeur écoeurantes de la laine teinte et mouillée séchant sur des fils tendus entre les maisons aux toits plats .

Quand parfois, les questions revenaient sur sa personne , elle se figeait l'espace d'un battement de cils et répondait avec un sourire d'excuse . Que pouvait elle bien dire ? Elle ne voulait pas s'éterniser sur sa vie ,elle éludait donc la conversation en rebondissant sur le discours de l'homme passionnant qui lui tenait compagnie . Elle ne vit pas le jour décliner , et quand ils se retrouvèrent assis face a face chez Maxim's et Georg's, lovés dans des fauteuils confortable ,elle sut qu'elle ne pourrait pas toujours se dérober .

Pourtant , c'était quelque chose qu'elle ne savait pas faire ,plus faire .. . Se livrer , même un peu ,lui coûtait tellement . Elle finit par murmurer :
« Cher William , ce n'est pas à vous que je vais apprendre à quel point les mots peuvent devenir la plus parfaite des armes ,et je ...je n'ai pas l'habitude de me confier même un peu ...C'est quelque chose que j'ai du mal à faire , c'est ...Mon passé , est une tombe qui renferme nombres de douleurs et j'ai du mal à l'ouvrir .Veuillez me pardonner.. . » Rochelle détourna la tête et pour la première fois ne su comment se comporter ...Tant d'envies se bousculaient en elle qu'elle ne savait comment gérer cela .Avec n'importe quel homme , elle aurait badiner , l'aurait laisser se fourvoyer dans d'inutiles compliments mais avec lui ...Elle avait envie de se lover contre lui et de fermer les yeux ,de déposer au creux de son épaule un peu de sa peine et de se sentir plus légère .
Rougissante elle ajouta à petite voix :
« Qu'aimeriez vous savoir ? »
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Message Publié : 27 Février 2014, 10:39 
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A ces mots et cette question, William comprit qu'il était sans doute allé trop loin. Que sa curiosité, bien qu'animée de bonnes intentions avait été découverte et peut être - Grands dieux pourvu que non. - mal interprétée.

William baissa le regard et secoua la tête.

« Rochelle... » Commença t il avant d'être interrompu abruptement par un éclat de rire strident et le refrain d'une chansonnette entonnée avec un fort accent âpre et heurté. L'actrice Irma de Montigny, grande habituée des lieux faisait assaut - au plus mauvais moment - de son charme parisien auprès de sa cour.

« C'est à moi de vous demander pardon Rochelle. » Reprit il après s'être approché de son aimée. « Je ne veux rien savoir de plus que ce que vous accepteriez de me dire et par dessus tout je ne souhaite pas brutaliser vos sentiments. Je suis sans doute trop curieux, mais en réalité, mon seul désir, ma seule aspiration est de mieux approcher la personne que je perçois derrière les fards et les dentelles et qui à su toucher mon cœur. »

« Et puis, par une certaine forme d’orgueil, je ne veux pas vous paraitre de ces hommes qui préférant les femmes silencieuses, les noient de paroles pour ne pas avoir à les écouter. autant que votre amour Rochelle, j'espère votre amitié. »
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Message Publié : 27 Février 2014, 21:47 
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L'arrivée du serveur avec les commandes fût salutaire pour Rochelle qui puisa dans ce moment l'assurance qui menaçait de lui faire défaut . Elle remercia celui ci , et prit immédiatement sa tasse de café entre ses mains . Les yeux rivés sur la mousse blanchâtre son esprit vagabondait ... Un ami ? Elle n'en avait jamais eu ,qu'est ce que cela pouvait bien lui apporter ? Aussi loin qu'elle se rappelait , elle était seule ... Pourtant , elle les avait vu ces filles du pensionnat ,en petits groupes , rire et plaisanter . Partageant parfois quelque chose qu'elle ne saisissait pas et qui avait l'air de leur apporter beaucoup .
Pourtant , c'était contraire à sa façon d'être ...C'était ouvrir une brêche dans cette carapace dont elle s'était affublée pour se protéger .
Et puis ,il semblait sincère .....Elle rajouta un morceau de sucre candi dans sa tasse et se mit a tourner doucement à l'aide de sa cuillère pour se donner encore un peu de temps . Elle était partagée ...Elle finit par relever la tête et sourire doucement de ce sourire qui venait du fond de son coeur .
« Ma mère était une très belle femme ....Mais une piètre actrice , vraiment mauvaise ... Sa beauté lui ouvrait des portes que son absence de talent lui fermait très vite . Mon père est tombé amoureux d'elle , il l'aimait comme un fou , mais il ne l'a jamais compris ... et n'a jamais su la proteger . Il l'a installé chez lui ,en pleine compagne, lui a donné des bijoux des tenues et des domestiques . Mais il n'a jamais saisit que sa nature fantasque allait en souffrir . Elle avait besoin de monde , d'une cour autour d'elle ..Elle avait besoin de briller , de voir les yeux de hommes se pâmer devant sa beauté et de se confronter à d'autres femmes . Après ma naissance , sa beauté a commencé a se faner ... Légèrement il est vrai mais juste assez pour la faire basculer dans le monde des femmes belles ... Elle a vécu cela comme une déchéance insupportable . »

Le regard de la jeune femme se perdit dans ses souvenirs, comme si la réalité se floutait et l'environnement se délitait autour d'elle .
« Elle m'aimait à sa manière ...Un jour avec une passion dévorante, le lendemain avec une indifférence consommée . J'étais sa marionnette , son public , sa confidente... Elle me déclamait des grandes tirades et moi je la regardais comme si elle était le plus belle chose au monde .Mais ... je savais qu'elle était malheureuse . Je le sentais . Quand on l'a retrouvé morte noyée dans les douves, beaucoup on cru a un accident . Mais ... »

Elle s'interrompit avec un involontaire geste d'excuse dans les épaules , une douleur presque palpable aux fond des yeux .

« Mais je savais que c'était le dernier acte d'une comédienne qui avait choisi de mettre en scène sa mort , telle Ophélie .. une longue robe blanche , les cheveux presque entièrement défait à l'exception d'une mèche où était fixée des fleurs fraiches ...Je crois que mon père l'a compris aussi , même si il ne m'en a jamais parlé ... Ce ne sont pas des choses convenables à dire . Il a fait passer cela pour un accident afin que ma mère reçoive les sacrements de l'Eglise , il y tenait . Après l'enterrement il m'a envoyé au couvent ... »
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Message Publié : 27 Mars 2014, 20:58 
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William entrevoyait un peu mieux cette ombre qu'il pressentait dans le regard mordoré de la baronne et qui loin de ternir sa beauté semblait au contraire la sublimer. Un peu comme une de ces estampes japonaises ; sa douleur était le trait d'encre de chine qui trace l'ombre de la fleur de cerisier et ce faisant la rend plus lumineuse.

Il but une gorgée de café. Il était plus amer que d'habitude. Puis il posa une main compatissante sur celles tremblantes de Rochelle. William hésita un instant. Que dire à l’aveu d'une telle tragédie ? Un "mon pauvre amour" mielleux aurait sans doute été de circonstance auprès d'une autre femme.

« Je pourrais vous dire que je suis désolé » murmura-t-il « et que je comprends, comme toutes ces bonnes âmes compatissantes et peut être un peu hypocrites. Mais à la vérité, je n'ai jamais connu ma mère et si j'ai connu le deuil, ce ne fut pas en de si dramatiques circonstances ou de personnes si proches qu'une mère. »

Il serra un peu plus la main de Rochelle craignant de l'avoir offensé par trop de franchise. Il souhaitait seulement être sincère avec elle.

« Un poète a dit qu'il valait mieux avoir connu un amour éphémère que pas d'amour du tout. A vous voir si éplorée, j'entrevois l'absurdité de ces mots. Je crois que mes regrets et ma peine sont moins lourds à porter que les vôtres, d'autant plus si vous n'avez eu que les murs gris d'une austère cellule monacale pour tout réconfort. »
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Message Publié : 01 Avril 2014, 17:44 
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Rochelle eu un sourire taquin avant de boire une gorgée .

« Ah ...le couvent ... cette institution qu'on devrait démolir a grand coup de ..comment cela s'appelle déjà ? ..Ah oui ! A grands coups de dynamite ! Je ne nie pas son utilité pour certaines femmes adultes , qui y trouvent un refuge salutaire . Cependant, je pense qu'on devrait interdire d'y enfermer des jeunes filles qui ont tout à apprendre de la vie et à qui ont vrille le cerveau a force d'idées obsolètes . Et vous mon cher ...Comment vous est venue cette passion du journalisme de guerre ? »
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Message Publié : 07 Avril 2014, 10:24 
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« Par bonheur, votre esprit ne fut point si aisé à vriller. » répondit William. « Commençant un peu mieux à vous connaître ma chère, je pense plutôt qu'aux assauts de ses bigotes, votre caractère s'est trempé et aguerri. J'imagine que vous avez du leur causer quelque peine. »
William, riant sous cape, imaginait en effet assez bien la déconfiture des nones face à une jeune femme si assoiffée d'indépendance.

« Quant à ma vocation... » reprit-il « Disons que je suis le digne fruit de mon arbre généalogique, mûri aux soleils les plus variés. Je vous l'ai dit, je n'ai pas connu ma mère, morte en me donnant la vie. C'était une fille des Highlands et mon père disait d'elle qu'elle avait tout des fleurs d’Écosse. Le piquant du chardon, la beauté des lis mais aussi la fragilité des gentianes. Elle était poétesse et outre la rousseur de mes cheveux et la force des hommes de son peuple, elle m'a aussi légué le goût et un certain talent pour l'écriture. L'instabilité en revanche je la dois à mon père. Un homme humble d'apparence, certains auraient pu le qualifier de peu d'envergure, mais en réalité ce gringalet cachait un cœur d'aventurier et une conscience professionnelle à toute épreuve. »

Il but une gorgée de café tout en observant Rochelle. Il craignait de l'ennuyer avec ses histoires de famille, mais il voulait aussi et tout simplement la regarder. Sa beauté et sa personnalité l'envoûtaient pis qu'une de ces drogues orientales.

« Au décès de ma mère, mon père fut pris d'un véritable accès de bougeotte aigüe. C'est ainsi que très tôt, au sein de ma nourrice encore, je parcourais l'Empire. Le Canada tout d'abord, puis les Indes, après la révolte des Cipayes, et d'autres pays où mon père, alors secrétaire du ministère des affaires étrangères, était envoyé. C'est donc très tôt, à dix ans en fait, que j'assistais et rapportais mon premier conflit. Mon père fut envoyé aux Etats-unis avec une délégation britannique pour mettre un terme à cette guerre civile qui ensanglantait le pays. Je décidais alors d'écrire une sorte de journal ou de rapport de notre séjour. Bien sûr, ce document était brouillon et la rédaction en était très maladroite. Pourtant mon père décida de le faire parvenir, par jeu sans doute ou par fierté paternelle, à ses supérieurs. A ma grande surprise il semble que le folio les ait impressionnés. Et me voici donc, très jeune garçon, envoyé au collège avec mission de devenir reporter pour les journaux de sa majesté. »
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Message Publié : 11 Avril 2014, 14:52 
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Inscription : Nov 2013
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Rochelle avait souri avec indulgence et émotion en écoutant William , elle l'imaginait bien jeune , curieux et vif , avec un calepin à la main .
Son café était froid depuis longtemps mais elle prenait plaisir à le boire par petites gorgées afin de prolonger un peu le temps passé auprès de cet homme fascinant .

Je pourrais l'écouter pendant des heures se prit-elle à penser. Sa vie semblait si riche comparée à la sienne. Si pleine d'aventures.

« Je me demande, mon cher William , pourquoi vous me trouvez tant d'attrait, je dois vous paraître bien pâle comparée à tout ce que vous avez eu la chance de voir et de vivre . Ici la vie n'est qu'une pièce de théatre où chacun joue un rôle. La plupart étant persuadés que c'est cela vivre, alors que si on prend un peu de recul... Il me semble parfois être sur le balcon, regardant une tragédie se jouer, alors que les protagonistes répètent sans arrêt la même scène, tels des marionnettes pitoyables et creuses. Et je ne sais ce qui est pire : faire partie de cette troupe ou se trouver en retrait, lucide un tant soit peu . »

Elle lui sourit doucement, elle arrivait au fond de sa tasse malgré ses efforts et n'avait pas envie de partir. Les heures s'étaient écoulées comme quelques secondes et elle voulait plus... Elle se rendit compte qu'elle voulait encore plus, plus de temps auprès de lui, plus d'histoires qu'il lui narrerait de manière si vivante, et surtout être plus près de son âme, elle voulait en saisir l'essence, la comprendre et y réchauffer la sienne .
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Message Publié : 13 Avril 2014, 09:32 
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Un serveur vint allumer une chandelle sur leur table avant de s'occuper des lampes à gaz posées en applique contre un mur orné d'une fresque encore inachevée.
Surpris, William regarda sa montre chronomètre, cadeau d'un autre William, en d'autres temps.

Déjà, les premiers habitués arrivaient pour le diner. Les membres du "tout Paris" ne tarderaient pas à se presser dans la grande salle. Une foule chaotique et caquetante que William n'approchait que lorsque cette proximité servait ses intérêts ou plutôt ceux de la couronne...

Dans les pichets et les tasses, la crème avait perdu son éclat nacré gourmand pour un grisé terne moucheté de petites auréoles jaunes de beurre.

William se leva et offrit à nouveau son bras à la baronne.

« C'est sans doute en partie pour cela... »Lui répondit il tout en laissant sur la table le paiement de leur consommation ainsi qu'un généreux pourboire.« ... que mon esprit n'a plus que vous comme objet d'espérance. Dans ce théâtre d'ombres vociférantes et aveugles à toutes choses hormis leurs propres futiles jouissances, j'errais en coulisse. Certes j'ai marché entre de somptueux décors, mais plus que mon comptant, avec la solitude pour seule compagne. Jusqu'à ce que je vous aperçoive à ce balcon. »

Il faisait ainsi référence autant au balcon du théâtre de la vie qu'à celui de la réception de la veille.

Dehors ils retrouvèrent la rue baignée d'une lumière vespérale à la fois plus sombre et plus riche. Le claquement des sabots des chevaux et les conversations des passants constituaient une sorte d'harmonie que venait parfois briser la pétarade d'un moteur de voiture automobile ou le couinement de son avertisseur sonore.

« N'amoindrissez pas ainsi la puissance de votre charme, ma chère. Il ne se limite pas à votre beauté, Rochelle. Bien au delà, il me semble que vous êtes la seule personne réelle en ce lieu et qu'il n'y a qu’auprès de vous que je puisse m'affranchir de ce rôle que m'a donné la providence et véritablement vivre. »

« Prenons nous une voiture ou souhaitez vous marcher encore un peu ? »

William n'avait pas envie que cette journée s'achève, il n'avait pas envie de quitter Rochelle. Pourtant au fond de lui sa conscience lui murmurait que pendant cette journée, la terre avait continué de tourner et que bien des missives avaient du s'accumuler sous sa porte.
Si seulement il avait le pouvoir d'arrêter le temps ou de voler jusqu'aux îles bien heureuses des contes arthuriens...
Il repensa à cette statue de Borée enlevant Orythie. Cet élan vers le ciel figé dans le marbre était l'expression exacte de ce que ressentait son âme en ce moment.
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Message Publié : 13 Avril 2014, 10:31 
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Message Publié : 13 Avril 2014, 17:54 
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Rochelle avait regretté que la magie prenne fin ainsi . Un frisson parcouru sa colonne venant mourir au creux de sa nuque . Elle eu envie de poser simplement sa tête contre cette épaule qu'elle devinait si forte et de fermer les yeux , se noyer une seconde au creux de cette âme qui illuminait la sienne... fermer les yeux et se sentir vivante, sentir cette communion comme une évidence et l'accepter comme telle .
Mais les convenances... Elle posa sa main sur son bras, tout en regardant droit devant elle, jouant ce jeu qu'elle se prit à hair soudain .

« Marchons encore quelques pas , voulez vous ? La nuit n'est pas encore tout à fait venue et la Madeleine doit se parer de ses derniers feux... »

Un silence qui s'installe et qui dure l'espace d'un battement de cils avant qu'elle ne puisse continuer .

« Dites moi une chose avant de me quitter, dites-moi si en Afrique les femmes et les hommes sont tenus par autant de faux semblants, de dictats, autant de liens qui n'existent que pour paraître aux yeux des autres... ou peuvent-ils aimer librement ? »
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Message Publié : 17 Avril 2014, 11:10 
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Fiacres et landaus passaient dans la rue Royale. Une foule bigarrée se pressait déjà devant les cafés et brasseries sous les ombrages vert tendre au milieu desquels pépiaient des volées de moineaux. Les allumeurs de réverbères étaient déjà à leur office.

William serra un peu plus Rochelle, en tout cas plus que de convenance. Il ne se voulait pas possessif mais plutôt, depuis qu'il apprenait à la connaître, un peu protecteur sans doute. Il se sentait heureux de marcher ainsi à ses côtés, de sentir contre sa hanche, flirter à leur pas, les velours et les soies de sa robe.
Il aurait voulu lui dire ce qu'elle rêvait d'entendre, qu'on pouvait être libre de vivre et d'aimer. Quelque part.

Il soupira.

« C'est en tout cas là bas que j'ai rencontré moins d'artifices. » Lui répondit il « Et croyez moi pour un anglais issu de la bonne et prude société victorienne. C'est un sacré choc. »

« Cependant, il semble que dans ce monde dés que l'homme se masse en société, même primitive, le plaisir de certains individus est de priver ses pairs de libertés et d'assouvir une soif d'asservir, ne serait ce qu'un peu.
J'ai vu là bas aussi des femmes fuyant dans la brousse un mariage forcé ou des hommes réduits en esclavage par leur propre tribu. Pourtant, il existe, m'a t'on dit, à l'est du Transvaal, une tribu de petits hommes, des chasseurs très primitifs qui vivent nus au milieu du désert et pour qui il n'y a ni chef, ni religion et pas de différence entre les sexes. J'avoue avoir du mal à le croire pour ne pas l'avoir vu de mes yeux. Mais s'il existe vraiment un tel paradis caché, peut être y a t il encore un espoir de liberté ici bas. »


Il sourit.

« Peut être que la liberté est à ce prix. Abandonner le progrès et nos oripeaux, vivre nus au milieu de nulle part, à la fois plus loin du monde et pourtant si proche de la terre. »
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Message Publié : 01 Mai 2014, 07:25 
Hors-ligne Spectre
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Rochelle resta silencieuse . Que dire ? Elle préférerait toujours la soie aux feuilles des cocotiers ? Pourtant elle sentait confusément qu'avec cet homme , elle pourrait aller loin ,bien plus loin qu'elle ne s'y serait jamais risqué .

Va t 'en ! Va t'en avant qu'il ne te brise le coeur ... La voix de la raison vint la titiller, faisant couler un filet d'eau glacé le long de sa nuque . Elle aurai du partir, le quitter elle pour éviter la souffrance, mais elle savait déjà qu'il était trop tard. Elle ne pourrait plus .

Elle n'était pas dupe non plus ,son veuvage , sa beauté et sa richesse lui offrait un semblant de liberté que peu de ses comparses possédaient , mais à quel prix ? Celui d'une vie minutée ou chaque mot chaque geste devait correspondre à des codes qui commençait à lui faire horreur .

Elle aurait du au nom de ces codes , mander un fiacre et se retirer dans sa suite , mais le quitter, ne fusse que pour un instant était déjà une tâche trop lourde . Elle était comme la petite marchande d'allumette , hypnotisée par la lueur tremblotante que faisait briller William dans sa vie , aussi finit elle par souffler:

« Le progrès n'est pas forcement mauvais en soi , encore faudrait il qu'il soit partagé par tous ! La science et la médecine avancent, il serait juste que la population entière en profite . Ne pensez vous pas qu'il serait normal que chacun mange à sa faim , puisse se vêtir et se soigner ? »
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