Fiacres et landaus passaient dans la rue Royale. Une foule bigarrée se pressait déjà devant les cafés et brasseries sous les ombrages vert tendre au milieu desquels pépiaient des volées de moineaux. Les allumeurs de réverbères étaient déjà à leur office.
William serra un peu plus Rochelle, en tout cas plus que de convenance. Il ne se voulait pas possessif mais plutôt, depuis qu'il apprenait à la connaître, un peu protecteur sans doute. Il se sentait heureux de marcher ainsi à ses côtés, de sentir contre sa hanche, flirter à leur pas, les velours et les soies de sa robe.
Il aurait voulu lui dire ce qu'elle rêvait d'entendre, qu'on pouvait être libre de vivre et d'aimer. Quelque part.
Il soupira.
« C'est en tout cas là bas que j'ai rencontré moins d'artifices. » Lui répondit il
« Et croyez moi pour un anglais issu de la bonne et prude société victorienne. C'est un sacré choc. »« Cependant, il semble que dans ce monde dés que l'homme se masse en société, même primitive, le plaisir de certains individus est de priver ses pairs de libertés et d'assouvir une soif d'asservir, ne serait ce qu'un peu.
J'ai vu là bas aussi des femmes fuyant dans la brousse un mariage forcé ou des hommes réduits en esclavage par leur propre tribu. Pourtant, il existe, m'a t'on dit, à l'est du Transvaal, une tribu de petits hommes, des chasseurs très primitifs qui vivent nus au milieu du désert et pour qui il n'y a ni chef, ni religion et pas de différence entre les sexes. J'avoue avoir du mal à le croire pour ne pas l'avoir vu de mes yeux. Mais s'il existe vraiment un tel paradis caché, peut être y a t il encore un espoir de liberté ici bas. »Il sourit.
« Peut être que la liberté est à ce prix. Abandonner le progrès et nos oripeaux, vivre nus au milieu de nulle part, à la fois plus loin du monde et pourtant si proche de la terre. »