Message secret pour goku82.Bourdelle semblait satisfait de discuter avec une personne qui appréciait son œuvre. Cependant, il jeta un coup d’œil impatient vers la sculpture qu’il était en train de faire, et pour laquelle il avait décidé d’abandonner les plaisirs dans lesquels s’abimait son ami Jules Desbois.
« Vous savez… il n’y a rien d’extraordinaire. J’ai travaillé sur photographie, la principale difficulté était de créer un mouvement, une expression, pour ce buste. Monsieur Lebrun était satisfait du résultat. »
Bourdelle était un sculpteur peu connu, qui devait faire ses preuves. Certainement qu’il espérait que la satisfaction de son client lui ouvre d’autres portes.
« Rien de plus… » dit-il, en reprenant en main ses outils.
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Emile hésita. Décidemment, ce journaliste anglais était perspicace.
« Ce n’était pas mentionné dans les dépêches. Mais je pense qu’ils sont morts au travail, sous les coups des fouets de leurs esclavagistes !
- C’est des accusations très lourdes. Il vous aurait fallu des preuves solides, avant d’écrire cela. » répliqua Joseph.
Emile Plantin acquiesça.
« Des preuves … que je n’avais pas. Mais ma subite mutation aux archives n’en est-elle pas une ? Les hommes qui utilisent les nègres en Afrique pour des tâches aussi éprouvantes ont le bras long… jusqu’à la capitale, j’en suis sûr ! »Joseph Cordier ne savait sur quel pied danser. Il était évident que des hauts responsables dans l’armée et l’industrie, dans la métropole, gagnaient beaucoup d’argent à faire travailler une main d’œuvre gratuite à des milliers de kilomètres. Et qu’ils étaient prêts à tout pour conserver secrets leurs petits arrangements. Faire éclater un tel scandale pouvait rapporter gros, mais en voyant ce qui était arrivé à Emile Plantin, pouvait signer son arrêt de mort…
Emile parut ennuyé :
« Ecoutez… je prends des risques à vous parler. J’ai une femme, et deux enfants… » Il était évident que l’ex-journaliste n’avait pas envie de prendre d’autres risques.
De son côté, Archibald ne trouva rien de plus dans les articles de presse anciens.
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Sous l’impulsion du Commissaire, Auguste et Charlotte furent reconduits à l’entrée de la demeure du Docteur Alain. L’un des policiers alla quérir un véhicule, pendant que l’autre posait des scellés.
Après quelques salutations, les deux enquêteurs amateurs ne purent que s’en retourner en direction de la demeure du Comte.
De l’autre côté de la rue, trois femmes étaient en conversation, et quatre enfants jouaient avec des cerceaux, à les faire rouler le plus longtemps possible avec l’aide d’un bâton. Tâche rendue difficile par les aspérités dues aux pavés.
Quand Auguste et Charlotte eurent traversé la rue, l’une des femmes, la quarantaine, avec un embonpoint certain et un visage poupon, s’approcha :
« Bonjour Monsieur, Madame. Savez-vous ce qui est arrivé au Docteur Alain ?
- De toute façon, ça devait arriver… » répliqua doucement un mégère pinbêche, un peu acariâtre.
« Enfin, Josie, on ne peut souhaiter cela à personne. » répondit la troisième, élégante, qui semblait être d’un niveau social un peu plus élevé.