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Message Publié : 25 Janvier 2014, 19:18 
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Mercredi 14 Mai 1898, 8h30 du soir.
Paris 8ième, Avenue Montaigne.


Image
Hotel Porgès


Les calèches et les automobiles avec chauffeur s’enchainaient sur l’avenue Montaigne, en pente douce des bords de Seine jusque vers les Champs-Elysées. Ils s’arrêtaient juste le temps qu’il fallait au N°14, devant le tapis rouge au pied de l’hôtel Porgès.
Celui-ci, comme ce soir, servait depuis quelques temps déjà de lieu de bal pour l’Ambassade d’Autriche-Hongrie.

L’Hôtel présentait sur l’avenue un mur orné de refends et percé de larges baies cintrées, ainsi que de deux portes cochères surmontées de masques de lion.
Une fois dans la cour d’honneur, le corps principal du bâtiment faisait penser au château d’Asnières aux plus érudits. Le rez-de-chaussée était percé de baies légèrement arrondies en anse de panier, ornées d’agrafes, tandis que le premier étage présentait de hautes fenêtres en plein cintre ornées de mascarons. Une balustrade de pierre dissimulait en partie le comble mansardé.

C’était là que la maîtresse de maison, la belle Viennoise Anna Wodianer, épouse de Jules Porgès, la quarantaine juste révolue, recevait les invités de l’Ambassade. Elle se tenait sur le perron qui menait à un vestibule rectangulaire, qui donnait lui-même sur un vaste escalier d’honneur décoré de marbres et couvert d’une coupole.
Mais nul besoin de l’emprunter pour monter à l’étage, un ascenseur récemment installé sur le côté de la pièce permettait d’y accéder : Modernisme oblige.
Au premier étage, les invités triés sur le volet s’exclamaient devant les Rubens, Van Dyck ou autres Rembrandt. On se serait cru dans les salles d’un musée !

Sur le jardin à la française, un avant-corps central en demi-lune orné d’un haut-relief allégorique était agrémenté d’un balcon de ferronnerie. Un treillis végétal permettait de faire perspective, semblant doubler virtuellement la taille du jardin.


La soirée battait son plein, et les discussions sur les dernières affaires fusaient. Le vin, de l’excellent Tokay de Hongrie, servi à profusion, déliait les langues.
Un orchestre enchainait les morceaux dansants, pour le plus grand plaisir des invités.

Alors que William passait plutôt inaperçu au milieu des grands de la politique internationale réunis ici, la Baronne Rochelle Van Destrée, bien entendu invitée, attirait les regards masculins, et les murmures jaloux féminins.
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Message Publié : 27 Janvier 2014, 13:55 
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Rochelle abordait un sourire radieux , sa coupe à la main , mais intérieurement elle bouillait . Ce vieux barbon allait il lui tenir la jambe encore longtemps ? La musique était entraînante et elle rêvait de faire un tour sur la piste de danse . Mais son interlocuteur ne l'entendait pas de cette oreille . Au bout de cinq minutes Rochelle s'excusa, expliquant qu'elle devait se repoudrer et fît demi tour . Un poil trop vite cependant elle manqua de bousculer un homme qui se trouvait derrière elle

« Oh , Pardonnez moi ma maladresse, je vous prie , Monsieur ? »
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Message Publié : 29 Janvier 2014, 09:47 
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Debout, un bras posé contre le manteau d'une antique (ou faussement antique) cheminée, William Battlestone écoutait d'une oreille distraite - Ô doux euphémisme - les bavardages absolument insipides des deux jeunes danseuses qui l'avaient accompagné à ce bal somme toute charmant. Son attention était bien plus focalisée sur la discussion qui se tenait de l'autre côté de la tenture derrière lui.

Wilhelm Graf von Moltke, un jeune trentenaire prussien partageait un verre de cognac et un cigare avec deux de ses compatriotes, un obscur secrétaire d'ambassade et le jeune fils de l'ambassadeur d'Allemagne en France. L'échange entre les trois jeunes hommes avait attiré l'attention de William car tous ceux de leur âge étaient en train de papillonner autour d'une femme absolument exquise, au charme et à la prestance époustouflante. William avait lui même du mal à ne pas lancer quelque regard en direction de cette jeune beauté.

En outre, le journaliste anglais avait reconnu Moltke, le fils de l'Oberst Helmuth Graf von Moltke. Ces sources avaient décrit ce dernier comme un vrai forcené de la guerre contre l'Europe et la Russie, mais aussi et malheureusement comme un grand stratège.

La manœuvre de William avait payé. Moltke le jeune commençait, à mi voix, à vanter sa position et dégoisait à propos de la future domination de l'Allemagne. Selon ses dires, son père ne cessait de monter dans la hiérarchie de l'état major germanique et on commençait à reparler des vieux plans de Bismarck. On perfectionnait les opérations dans une sorte de Kriegspiele un peu trop réaliste au goût de William.

Ce dernier avait complètement perdu le fil de tout ce qui l'entourait et se concentrait sur la conversation derrière lui. Le jeune Moltke était une vraie mine d'informations et confirmait toutes les craintes de William.
(Suite à cette conversation et à ses conséquences, Helmuth von Moltke, serait "promu" l'année suivante, chef de brigade à Postdam, dans le but évident d'éloigner son fils des salons parisiens).

Soudain, il fut littéralement percuté par un petit bolide tout de dentelles et de taffetas, suavement parfumé de fragrances subtiles de jasmins et d'épices.

« Imbongo... »Lâcha William surpris. C'était le début d'un terrible juron zoulou, mais apercevant le charmant minois qui tourné vers lui, il resta un instant sans voix.

Devant cette apparition jaillit d'un poème de Keats ou de Tennyson, William Battlestone, vétéran des guerres afrikaaners et irlandaises, avaient des allures de grand adolescent dégingandé.

Battlestone était pourtant un grand gaillard dont le corps athlétique se dessinait sous un costume sur mesure du dernier chic parisien. Ses main larges aux doigts longs et déliés enserraient un verre de cognac nettement réchauffé à présent et à ses côté une canne - dont en réalité il n'avait pas du tout besoin - au pommeau ciselé d'une tête de loup bondissant.
William avait un visage avenant et même plutôt beau n'eut été se bandeau de soie qui masquait l'absence de son œil gauche et dessous une terrible cicatrice lui étoilant la joue. Deux afflictions, marques d'un passé aventureux.

« Vous pardonner ? » Dit il reprenant contenance et affichant un sourire radieux.
« Non ! » Asséna t il au bout d'un court instant d'hésitation.

Après tout, si cet "accident était des meilleurs venu, il avait tout de même fait perdre à William sa proie du moment et quelque part il hésitait entre exultation d'adolescent et l'agacement du vieil homme acariatre qu'il était à son grand dam' en train de se sentir devenir.

Posant son verre sur le rebord en stuc de la cheminée, il passa un pouce dans ses épais favoris roux virant doucement vers le gris.

« A moins, » Continua t il « Que vous ne me laissiez vous offrir un rafraichissement afin que nous puissions reprendre haleine et échapper à cette presse. »

Désignant avec un certain mépris aristocratique, très britannique, la masse des jeunes prétendants, William Battlestone offrit son bras solide à la jeune demoiselle.
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Message Publié : 29 Janvier 2014, 15:47 
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Rochelle ,faussement confuse, attendit que passent les quelques secondes voulues par la bienséance avant d'accrocher sa main fine et soignée au bras de l'homme . D'un geste parfaitement contrôlé , elle se retourna à demi pour arranger la longue traîne brodée de sa robe de bal , laissant libre champ aux regard masculin qui pouvait de ce fait ,librement fixer sa poitrine ainsi mise en valeur . Comme toutes ces dames , sa robe était largement et profondement échancré mais Rochelle avait demandé a Worth d'abandonner les broderies lourdes pour une coupe plus aérienne, un tissus plus léger et une découpe asymétrique . Le résultat ? Sa robe moins chargée lui offrait une aisance qui rehaussait sa vivacité naturelle .
Une fois sure que sa robe l'envelopperait d'un halo somptueux a chacun de ses pas, elle leva les yeux vers l'homme et lui offrit un sourire assorti d'un mouvement de tête .
« Je crains d'avoir un peu abusé de ce doux Tokay , mais j'apprécierai grandement que vous m'accompagniez un peu prendre l'air sur l'un des balcons . On dit que la douceur de l'air est souveraine pour effacer cette facétieuse ardeur ... Monsieur ? . »
Tout en marchant à coté de lui, souriant comme si la chose la plus important à ses yeux était le pas suivant , Rochelle s'interrogeait ...Qui était cet homme ? Elle ne l'avait jamais vu , jamais croisé ! Pourtant les stigmates de sa vie passée le rendait unique . De même , son maintient tout aristocratique et son phrasé volontaire lui donnait quelques éléments mais pas assez ! Autant profiter d'un peu de calme pour en apprendre plus ... Et puis , les femmes étant ce qu'elles sont ,En s'éloignant ainsi en galante compagnie , certaines ne manqueront pas de venir se renseigner chez Rochelle elle même . En jouant la naive , elle saurait assez tôt où se situait son cavalier d'un moment .
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Message Publié : 31 Janvier 2014, 19:24 
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Déjà ils se dirigeaient vers la grande croisée qui menait sur le balcon.
Ouvrant l'un des battants de bois exotique, William s'empara de la main délicate de la demoiselle.

« Pardonnez le manque d'éducation d'un vieux broussard. » Dit-il avec un l'accent chaud typique des voyageurs britanniques. Il fixait de son œil d'un bleu cristallin les prunelles mordorées de Rochelle. « Je me nomme William Edouard Battlestone. Un nom bien Shakespearien n'est ce pas ? »
Il s'appliqua dans son baise-main à laisser transparaitre le trouble qu'il ressentait, frôlant de ses lèvres la peau si fine et douce de la petite main. Il y sentit une force qui dénotait du caractère ardent de la dame.

Ils reprirent leur marche sous un ciel étoilé qu'estompait la lueur des lampadaires de la grande demeure. L'air du printemps était doux et charriaient des odeurs sucrées de fleurs de pruniers.
« J'ai un avantage sur vous, c'est que je vous connais déjà Baronne Van Destrée. » William avait un sourire matois. « Outre le fait de mon métier de journaliste. Il faudrait être d'un autre monde pour ne pas avoir entendu ou lu votre nom et sans cœur ni âme pour ne pas être sensible à votre charme. »

Plus que des senteurs de la brise, William aspirait le parfum de la jeune baronne. Il lui rappelait le poivre de Malabar ou la girofle de Madagascar.

« Pourtant, à vos côtés je réalise que tout ce qu'on peut lire ne vous rend guère grâce. »
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Message Publié : 31 Janvier 2014, 20:21 
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« Journalise ...Et incroyablement charmeur ! »Rochelle avait essayé de prononcer ses mots d'un air détaché mais cependant , un sourire mi taquin mi tendre se dessinait sur son visage levé vers le ciel . Elle finit par céder et glisser son regard vers lui .
Il l'intriguait ...Trop pour être honnête , elle ne savait pourquoi mais il lui semblait incroyable présent , dense ...consistant . Etrange ce mot pour le décrire comme si les autres semblaient transparent auprès de lui . Loin de ces barbons qui ne savaient parler que de leurs titres , loin de ses jeunes coqs qui vantaient leurs fortunes et leurs conquêtes ...
Elle chercha un échappatoire à son trouble en s'éventant doucement , laissant la nacre qui enserrait les plumes capter et refléter la lumière le regard perdu vers les jardins où brûlaient quelques candélabres, vestiges d'un temps bientot révolu grâce à la fée électricité !

« Et qu'est ce qui amène un journaliste au service de sa majesté la Reine pardon , du Roi , dans notre vieux Paris ? Car, il ne me semble pas vous avoir croisé auparavant ...j'en conclus que vous venez d'arriver .On dit pourtant que Sa majesté Edouard VII offre un nombre incalculable de sujet d'article ... Entre son mécénat, son implication plausible dans des parties de baccara illégales , ainsi que ses nombreuses liaisons . ..Il y a de quoi faire n'est ce pas ? Ou est ce la mort de son fils qui l'a éloigné du scandale en le ravageant de chagrin ? »

Rochelle s'avança vers la rambarde de fer sculptée , y posa la main et la laissa glisser doucement avant de se retourner vers son interlocuteur , ses yeux rivés aux siens .Elle voulait plus que des flatteries de la part d'un homme , elle voulait être plus importante qu'une jolie potiche qu'on poserait dans un coin sans lui adresser la parole . Elle le fixait avec intensité, trop pour être celle d'une femme de bonne éducation , trop sérieuse pour être celle d'une demi-mondaine, elle voulait qu'il comprenne par ce simple regard tout ce qu'elle attendait de lui . Dites moi la vérité William...Ne me parlez pas comme à une idiote s'il vous plait ...Je ne suis pas comme les autres ,comprenez le !
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Message Publié : 04 Février 2014, 08:22 
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Comme William l'avait compris, sous les bouquets de satins et les frivolités devait se cacher une petite personne à l'esprit vif et en phase avec le monde à l’entour. Très éloignée de l'image de délicate poupée frivole.

Pourtant à cet instant, Battlestone n'avait pas particulièrement envie de parler de lui et de sa profession. Il aurait préféré évoquer le parfum des roses et d'autres sujets plus légers.

« Beaucoup de journalistes préfèrent en effet la relation de l'événement. » Il préféra répondre aux attentes de la demoiselle. De poésie elle devait en entendre jusqu'à l’écœurement. « Et notre famille royale offre malheureusement un bien triste tableau. La terre d'Albion prends des allures de Montfaucon. La monarchie semble quelque corps agonisant dont les relents nauséabonds font le régal des mouches et vautours de toutes sortes. »

« Je m'enorgueillis de n'être pas de ceux là. »

Et pourtant... Garda t il pour lui même. Peut être suis je encore pire.

« Le vrai reporter, me disait un jour un... ami, ne devrait pas hurler avec les loups mais bien plutôt courir dans le calme des steppes pour mieux entendre ce que lui apporte le vent du monde. »

William cueillit une des premières roses du printemps qui fleurissait sous le balcon de pierre. Il approcha la fleur de la joue de Rochelle et la glissa dans sa chevelure.

« Le pétillant parfum de cette fleur, les fraiches fragrances de vos cosmétiques si suaves soient ils restent des artifices qui couvrent la soyeuse odeur de vos cheveux, les parfums plus sensuels encore de votre peau. Voici ma quête. »

Bien que les placards cachent bien plus souvent des cadavres que des fleurs.

Abandonnant toute licence poétique, William posa les main sur le balcon, ses doigts effleurèrent ceux de la jeune baronne.

« La nuit est si douce et sereine. Et pourtant, non loin de nous on peut sentir la chaleur du brasier qui couve en Europe centrale. Et c'est ici que l'on peut croiser ceux qui soufflent sur ces braises. Dans ma folie, j'espère peut être que mes écrits permettront d'éviter que l'incendie ne nous dévore. »
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Message Publié : 04 Février 2014, 14:26 
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Idéaliste ? .. peut être un peu , mais pas seulement ...Qui Diable était cet homme ? Ou plutôt que faisait il ? Sous les compliments si savamment tournés , sous l'onctuosité des mots Rochelle percevait quelque chose qu'elle n'arrivait pas à définir .Comme si une image furtive se jouait d'elle , bien trop fugace pour qu'elle la distingue et l'appréhende . Cependant , elle ne s'était pas trompée , cet homme différait des autres , il cachait quelque chose qui piquait sa curiosité , qui l'intriguait ...Mais quoi ?

Elle ne se déroba pas quand il glissa une fleur dans ses cheveux , elle eu même un sourire presque tendre , presque dénué de calcul, avant de se reprendre . Oui, il maniait à merveille les mots mais c'était son métier, oui , il n'était pas dénué de charme , de charisme , mais Rochelle ne pouvait se permettre de se laisser aller au sentimentalisme . Par contre ... Rien ne l'empêchait de prendre du plaisir ... Et l'intelligence et le métier de cet homme a coté d'elle serait à coup sur une source d'information .

Tandis qu'elle semblait boire ses paroles , levant un visage grave vers lui, Rochelle calculait les bénéfices qu'elle pourrait tirer d'une liaison : une compréhension plus globale , une vision bien plus large des choses ...Tandis qu'elle lui offrirait, outre son corps et sa beauté, les ragots et autres rumeurs que les femmes ont tendance a échanger entre elles , à l'abri des oreilles masculines .

Elle ne le laissait pas indifférent , mais de cela , elle avait l'habitude , par contre, elle avait apprécié qu'il ne se dérobe pas a ses questions , comme tant d'autres qui semblait croire qu'une femme n'a pas d'autres préoccupations dans la vie que de trouver le meilleur coiffeur , ou d'essayer foule de robes .
C'est pourquoi elle le laissa poser ses doigts sur les siens , ne dissimulant pas le frisson que cela lui causa , et contenta de le regarder, son minois levé vers le sien avec une expression un peu taquine , essayant de lire en lui, perplexe malgré tout .

« Vous êtes dangereux , Monsieur Battlestone , mais je suppose qu'on vous l'a déjà dit! »
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Message Publié : 06 Février 2014, 08:25 
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« Vous ne l'êtes pas moins Baronne. Mais, pour ma part, je doute qu'on vous l'ai déjà dit. votre charme couvre d'une chape si fascinante le joyau bien plus précieux de votre esprit. »

Il fixait les prunelles cristallines dont l'éclat l'hypnotisait. William se sentait lourde phalène aux ailes poudreuses languissant de la lumière inaccessible de la lune. Il ne pouvait croire qu'un tel astre se penchait à présent vers lui.
William, habituellement si solitaire et réservé, s'épanchait tel un adolescent volage mais à présent il avait du mal à trouver ses mots.

« Êtes vous ici pour abattre d'un souffle mes faibles défenses masculines afin de mettre à jour ce qu'aurait pu glaner un pauvre reporter britannique ? Ce serait une bien douce torture. »

Il porta la main de la baronne à ses lèvres cette fois le baise main était bien plus empressé.

« Pourtant je ne peux croire qu'un quelconque mal puisse émaner de vous. »
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Message Publié : 06 Février 2014, 16:53 
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Rochelle eu envie de lui caresser la joue , comme on le fait pour caliner un enfant un peu triste mais elle se retint in-extremis . Oh oui , vous êtes dangereux ! Bien trop ...Et je suis sure que vous minimisez votre importance cher William .
Elle se contenta de déployer son éventail afin de dissimuler sa réponse aux yeux avides qui la fixaient derrière les croisées en verre . Bien sur , les mauvaises langues et les commères s'en donnait déjà à coeur joie, ragotant à qui mieux mieux . Aussi sembla t elle très détachée lorsqu'elle lui répondit, dissimulée par un écrin de plume .

« Mais n'est ce pas une agréable façon de passer le temps ?...J'aurai avec plaisir continué cette discussion , mais les vautours tournent déjà , avide de chair et de scandales . Il serait bon de poursuivre ce charmant échange dans un endroit plus calme . Retrouvez moi donc au parc des Tuileries demain vers 14h, j'aime à me promener le long des allées ombragées . »

Elle ôta alors sa main de celle de William, non sans laisser ses doigts s'égarer une seconde le long des doigts masculins, et d'un signe de tête charmant et calculé , pris congé de lui pour retrouver l'ambiance survoltée de la salle de bal .
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Message Publié : 06 Février 2014, 19:16 
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Avait il rêvé ?
Tel un nouvel Icare avait il voulu par excès d'orgueil s'approcher trop prés de l'astre solaire pour voir ses ailes fragiles s'étioler et brutalement retomber dans les flots amers du froid océan de sa vie ?

L'espace d'un instant il avait plané si haut, oublié l'ambassadrice et sa cour gloussante, l'assistance des commensaux et parasites et même les manigances germaniques. Puis elle s'en était allé, évaporée, se fondant dans l'éclat trop vif des luminaires, sa voix noyée dans les flots de musique crémeuse et les bavardages ineptes, jusqu'à son intelligence étouffée par l'ego et les préjugés de ses prétendants.
Pourtant il sentait encore la chaleur de ses doigts fuselés sur son poing, il humait encore les effluves de son parfum.

« J'y serais. » Murmura t il à la nuit, témoin muet de cette rencontre aussi forte qu'éphémère.

Retrouvant un peu de sérénité, William se rendit compte qu'il était maintenant l'objet de tous les ragots, toutes les supputations.
« Hell ! » Lacha t il entre ses dents serrées. Biensûr on ne pouvait se chauffer aux rayons du soleil sans en même temps baigner dans sa lumière.
Il lui faudrait regagner l'ombre rapidement et espérer retrouver discrètement les convives allemands, à moins qu'il n'use de cette nouvelle notoriété un peu usurpée. Non. Ce serait insulter l'image chère à ses pensées.

Les deux danseuses qui l'avaient accompagné s'étaient trouvé de plus fidèles chevaliers servants. L'une d'elle lui envoya un regard venimeux. Il en serait quitte pour un cadeau d'excuse.

Comme perdu dans ses pensées, il entra dans la foule évitant de regarder vers Rochelle qui avait retrouvé la horde haineuse de ses soupirants. Ceux là, s'ils pouvaient m'arracher le cœur et les tripes...
Battlestone attrapa un verre de champagne sur un plateau qu'un serveur africain ridiculement vêtu d'un costume à culotte et perruque blanche portait sur un plateau d'argent. William le vida d'un trait avant d'en prendre un autre.

Il se mit à tituber légèrement et morigéna de manière ostentatoire. Il laissa ainsi la foule se persuader qu'il avait été cruellement éconduit par la baronne. William espérait par cette manœuvre échapper rapidement à l'attention des plus méprisants.
Il rejoint la danseuse qui l'avait fustigé du regard. Rapidement il l'enleva au freluquet qui lui servait de cavalier et quelques explications et mots d'excuses plus tard, il l'invita pour une valse.

« Quel rustre !! » Entendit il dans son dos. Mais déjà on l'oubliait.
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Message Publié : 06 Février 2014, 21:24 
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Rochelle attrapa une coupe avec la vivacité de quelqu'un qui n'a d'autres ambitions que d'apaiser une soif intense, laissant s'agglutiner les femmes qui louaient sa robe audacieuse Regardez ,regardez , au prochain bal vous aurez toutes la même tandis que je serais passée à autre chose !attendant d'en savoir plus sur cette entrevue qu'elle avait accordé de manière si rapide a cet obscur journaliste . Elle finit par concéder du bout des lèvres :
« Ohh , ces britaniques ! Ils sont tellement " Old Scool" une fois sortis de leur famille royale et de leur cup of tea ... »

Elle entendit les petits rires moqueurs de ceux qui l'entouraient

Vous êtes si désespérément prévisibles ... si totalement manipulables ...vous m'ennuyez tant si vous saviez !

Cependant, elle devait tenir son rang, aussi quand le Baron de la Serre vint l'inviter pour une valse , elle ne pu se dérober et accepta avec aux lèvres son sourire le plus ravageur .Elle dépose sa coupe sur une des petites tables art déco qui faisait fureur et un observateur attentif aurai pu remarquer l'infime crispation de sa main quand son regard se posa furtivement sur la figure masculine qu'elle venait de quitter .

Ainsi , déjà vous m'oubliez Monsieur Battlestone ?!

Cependant il lui plaisait de constater qu'il gardait une certaine tenue et préfèraît donner le change plutôt que de rester coller à ses basques . Et tandis qu'elle valsait en écoutant le Baron se vanter des ses vignes champenoises oh combien supérieures à ce vin de Tokay son esprit était déjà projeté vers demain , vers cette promenade qui pour une fois lui apporterai plus que la douceur ombragée des arbres , l'apaisement des ses yeux aux vertes ramures .Demain oui , elle pourrait à loisirs deviser avec William et voir si sa première impression se confirmait .
Un peu perdue dans ses pensées , l'esprit ailleurs , elle donnait cependant l'illusion que le Baron la comblait et cela d'autant plus qu'elle ne vît pas la fin de la danse et accepta la suivante avec le même cavalier, au grand désespoir de certain . Il lui fallut tout son art pour se libérer, mais plus la soirée avançait , plus Rochelle s'ennuyait et piaffait... le temps lui paraissait s'éterniser .
Demain serait un autre jour , elle y veillerai , elle songea un instant à la robe qu'elle porterai , elle était femme après tout et tant d'années de privation avait fait croître en elle le désire de paraître . Pensée qu'elle rejeta aussitôt , trop d'apparat donnerai une importance révélatrice à cet homme qui de part son métier noterai immédiatement ce détail .. .Non, de l'élégance certes , mais point ostentatoire pas encore ! ...Et tandis qu'elle riait aux plaisanteries parfois grivoises d'un jeune poète dont le nom lui échappait , elle se promit de se lever tôt afin de lire les nouvelles du jour et d'accroître un peu plus sa culture qui lui semblait si pauvre ...Pourquoi donc suis née femme ? ... Cela aurai été tellement plus simple d'être un homme ! Ne pas jouer d'artifices , se poser là et affimer ses convictions sans les enrober de ces couches de minauderies et de guimauves féminines qui les rendent douces et audibles aux oreilles de ses messieurs .
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Message Publié : 08 Février 2014, 00:30 
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Rochelle avait attendu que le bal prenne fin, partir trop tôt eu signé l'échec de cette soirée et la jeune femme ne souhaitait pas donner du grain à moudre à tout les scribouillards qui guettaient à la porte de l'ambassade , et faisant les gros titres de la presse d'un simple mot malheureux . D'autant que l'ambassadeur et sa femme avaient vraiment fait les choses en grand , ils ne méritaient pas un tel désaveux .

Elle finit par s'asseoir à coté d'une toute jeune fille , qui ne devait pas avoir plus de vingt ans, et qui visiblement attendait ce que la croyance populaire appelait , un heureux événement. Là , un peu a l'écart des bavardages insipides des jeunes loups en manque d'aventure, elle écouta pendant plus d'une heure les conseils distillés par des femmes qui croyaient détenir la vérité, imbroglio de remèdes de grands mères , potion de familles et histoires désastreuses .Elle regarda, attentive , le visage de la presque enfant se décomposer peu à peu .
Incroyable ! Incroyable ce que les gens peuvent prendre comme plaisir à détruire le bonheur et la confiance de leurs semblables et à se régaler de cette déliquescence qu'ils provoquent !Quand la discussion glissa sur les faiseuses d'anges , elle décida que c'en était assez !

« Ne vous en faites pas , vous êtes jeune et en bonne santé , il n'y a donc pas de raisons pour que cela se passe mal . Et c'est tout ce que je vous souhaite . Un magnifique bébé pour une magnifique jeune femme !Mesdames , je vous souhaite la plus agréables des nuits » Et sur un sourire tempéré par l' éclat un peu trop dur de ses yeux , elle prit congé . Elle savait que derrière elle les discussions auraient repris sur le thème de l'enfant qu'elle n'avait pas eu, sur les conséquences imaginaires que cela avait entraînées chez elle...mais de cela elle n'avait cure ! Médisez donc ...si vous saviez à quel point je m'en moque ! .

Elle prît congé de ses hôtes remerciant et félicitant ceux ci pour la réussite totale de la soirée. Elle accepta par avance les invitations futures avant de faire mander son fiacre .
Ce n'est que qu'une fois à l'intérieur qu'elle tira le petit rideau et que dans cet isolement relatif elle se laissa aller pour la première fois de la soirée. Fermant les yeux, elle posa sa tête sur le bois recouvert de velours, lasse et seule . Oui , elle avait brillé, encore , oui elle avait été une des reines de la soirée . Elle avait bu, dansé , mais au fond d'elle même elle voulait plus ...Tous ces hommes ne la courtisaient que parce qu'elle était jeune et belle et après ? Serait elle condamnée à subir ce qu'avait subi sa mère ? La longue et lente déchéance d'un amour qui suivait les méandres de la flétrissure de sa jeunesse ? Qui à part William avait répondu une seule fois à ses attentes ?
C'est perdue dans ses pensées qu'elle rentra à l'hôtel, songeant qu'il faudrait qu'elle demande a être levée tôt et qu'on lui monte les journaux du jour, tous les journaux et pas seulement ceux de la presse féminine et qu'on informe sa domesticité de ses souhaits .
Comme toujours , elle apprécia le zèle et la prestance de la conciergerie parisienne qui prit note de toutes ses exigences avant qu'elle ne regagne sa chambre ou l'attendait déjà prévenu sa femme de chambre personnelle . Et c'est enfin sereine qu'elle s'abandonna au sommeil .

Lorsqu'elle fût réveillée le lendemain par Lyson ,qui avait déjà fait mandé le café dont sa maîtresse ne pouvait se passer le matin , le soleil brillait déjà dans un ciel dégagé . Rochelle attrapa les journaux du jour , qu'y avait'il donc de neuf aujourd"hui ? Elle fît la grimace en parcourant les gros titres . On ne parlait guère que des élections qui devaient se tenir le 22 et qui verraient sans doute le recul des monarchistes :Méline l'emporterait donc surement! Quelques articles qui relayaient ou décriaient c'est selon ,le cas Zola et l'affaire Dreyfus pourtant vieille de quelques mois déjà, les tensions en Algérie et l'avancée du Métropolitain qui côtoyaient les chroniques mondaines , les petits ragots sans importances ... Bref rien de bien neuf sous le soleil parisien . Repliant les journaux , elle attrapa le courrier : quelques lettres enflammées des plus courageux ou téméraires de ses soupirants .Ne pourriez vous écrire vous même au lieu de citer Baudelaire et Verlaine ? Certes ils ont plus de talents mais au moins vous feriez preuve d' un peu d'originalité !, sans l'ombre d'un regrets elle les repoussa , des invitations encore .. Elle les tria rapidement ! D'un coté , celles où elle devrait se rendre , celles ou elle irait peut être ,celle ou elle ne mettrait pas les pieds . Et il y avait bien évidement foule de demandeurs , toujours plus nombreux , suppliant qu'elle devienne la marraine , le mécène ou simplement exigeant de l'argent . Généralement , elle les jetait après les avoir parcouru du bout des yeux , indifférente ...Pourtant, aujourd'hui , alors qu'elle allait posé une ènième lettre sur le tas à jeter , elle suspendit son geste en voyant tomber de celle ci , un petit morceau de papier et qui la fit changer d'avis .

Et bien Monsieur Battlestone , on va voir un peu de quel bois vous êtes fait ! L'après midi devrait être instructif !
Sur cette pensée qui la fît sourire , Rochelle passa le temps restant à se préparer pour sa promenade . Si elle aimait tant se déambuler en début d'après midi , c'est que les jardins se trouvaient être désert . Les enfants dormaient, les femmes se " remettaient " du bal en prenant le thé en fin d'après midi . Et pour les personnes âgées le soleil brillaient avec trop d'ardeur rien ni personne ne la dérangeait jamais . C'est donc avec un entrain renouvelé qu'elle prit le fiacre pour se rendre aux Tuileries .
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Message Publié : 09 Février 2014, 09:09 
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Sa compagne d'un soir contre son épaule, William E Battlestone quitta le bal. Non sans avoir auparavant congratulé l'ambassadrice pour son sens inégalable de la réception. « Digne des plus beaux bals de Schönbrunn » dit il avant un baise main des plus convenables.

Il salua ensuite l'ambassadeur avant de sortir, son chapeau de feutre enfoncé bas sur son front.

Pièce jointe :
W E Battlestone001.jpg

Il affecta une attitude des plus attentive envers la danseuse qui l'accompagnait. Ainsi, les dernières personnes qui pourraient éventuellement le reconnaitre, songeraient qu'il allait sans aucun doute passer la nuit chez cette jeune personne.

En réalité, c'est bien chastement qu'il la raccompagna sur le pas de la porte de son appartement Rue de la Paix. Il ordonna ensuite au cocher de le déposer à quelques pâtés de maison, Faubourg St Honoré.

Ayant rejoint son logis, sans perdre un instant, Battlestone s'attabla à son secrétaire et commença de rédiger un article et un rapport plus détaillé sur les manœuvres officieuses de l'Allemagne. Plans de batailles envisagés et projets de construction navale.
William écrivait vite, tapait tout aussi rapidement et ingurgitait quantité de café. Toutefois, ses pensées ne cessaient de retourner vers la même personne et ce souvenir seul semblait éteindre l'éclat des chandeliers. Il avait du mal à se concentrer mais finit par aboutir à rédiger deux papiers corrects.
William n'avait généralement que peu besoin de sommeil. Toutefois, vers 3h00 du matin, il s'accorda du repos. Il ne s'agissait pas d'arriver les yeux cernés et baillant à avaler les mouches, à son rendez vous de l’après midi.



Le lendemain, en cours de matinée, Battlestone sortit de chez lui. Il prit un thé à côté du temple anglican dans la ruelle qui faisait face à l'ambassade de Grande Bretagne (Qui, par quel incroyable hasard, se trouvait non loin de chez lui). C'est là qu'il remit son premier papier à Bartie Spence, le commis du Graphic et du Guardian. L'article paraitrait probablement dans ce dernier puisqu'il se plaçait plutôt en opposition par rapport au ministère de Salisbury, et que le Graphic n'en avait que pour la guerre contre les Mahdistes en Afrique, gravures épiques à l'appui.

Un peu plus tard il remit discrètement l'autre pli - un article très détaillé - à l'un des hommes de Rosebery. Charge à lui à présent de faire savoir que l'Allemagne était le véritable ennemi et non un allié potentiel comme le hurlait haut et fort Chamberlain et une bonne partie des conservateurs.

Son devoir accompli, William attrapa sa canne d'un air plus léger et tout en marchand à travers les rues de Paris lisait les dernières nouvelles. Son aspect lui valurent quelques regards caustiques de la part de passants suffisamment observateurs pour deviner en lui un citoyen britannique.
Il comprit pourquoi en lisant les dernières nouvelles. Défendant avec un peu trop de zèle les intérêts coloniaux anglais, Kitchener remontait la vallée du Nil et pendant ce temps Marchands et ses tirailleurs sénégalais fonçaient vers le Soudan pour y défendre les possessions françaises. La confrontation était inévitable.
William grogna et pesta contre l'incompétence, l'orgueil et la stupidité de Salisbury et de tous ses sbires nationalistes.

C'est d'une humeur plutôt orageuse qu'il parvint au bout du faubourg Saint Honoré. Rageur, il jeta ses journaux au fond d'une poubelle ferrée.
William prit un léger repas dans une des célèbres Brasseries parisiennes. Puis, essayant d'éviter les rares flâneurs trop perspicaces, il descendit la rue de la Pyramide afin de rejoindre les Tuileries.

Sous les ombrages des grands arbres, il tenta d'apaiser sa colère - lui un combattant de la paix, il ne voyait que guerres et agressions autours de lui. Le soleil de mai et l'espoir d'une nouvelle rencontre avec la baronne agissaient cependant comme un baume, une onde fraiche aux senteurs épicées.


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Message Publié : 11 Février 2014, 18:43 
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Rochelle descendit place des pyramides , souhaitant que William ne rentrerait pas du coté de la concorde à l'opposé J'aurai du lui donner une heure ou un lieu plus précis quand même !.Elle remercia le cocher , et ouvrit son ombrelle.
Chaque jour elle remontait le parc, et finissait par flâner un peu devant les statues antiques avant de rentrer .Aujourd"hui elle esperait retrouver son énigmatique anglais le long du bassin de préférence pas loin de l'Orangerie dont les bâtiments flambants neufs datant à peine de 1892 . Il y avait peut être encore l'exposition de Monet sur les Nymphéa, si c'était le cas , elle prendrait un jour le temps de la parcourir . .. En attendant, elle cherchait dans les très rares personnes présentes , à retrouver la silhouette reconnaissable de celui qui l'avait étrangement touché hier au soir .
Devant elle se dessinait le Grand carré ... Et alors qu'elle avançait à pas comptés , elle ne pu s'empêcher de sourire , sous un orme, dans une posture très nonchalante et peu aristocratique , William était adossé .

« Monsieur Battlestone ? Craignez vous tant le soleil que vous vous cachiez sous la ramure de cet arbre ? »
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Message Publié : 12 Février 2014, 19:18 
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Elle était là, sylphide au pas menu. Nimbée de soieries les plus fines et de vaporeuse mousseline, on eut dit une elfe née des ombrages qui tavelaient les herbes et les allées d'ambre et d’émeraude. Ils auraient pu se trouver aux abords de Camelot, lui un preux chevalier errant en quête du Graal, elle une fille fée venue lui porter le réconfort de sa beauté et de sa présence éthérée.

En réalité, William pensa au poème de Tennyson, La dame de Shalott. Mais par un curieux revers du destin, c'est lui qui se trouvait être la dame tissant ses toiles et observant le monde à travers ses miroirs d'argent. Tandis que Rochelle, telle Lancelot avançait dans les bois semant l'amour, traversant les pauvres défenses de William.

William retira son Stetson en toute hâte et grommela intérieurement. Quel abruti ! il aurait pu songer à amener des fleurs.

« C'est que nous autres anglais, » Répondit il à la question mutine de la baronne. « n'avons bien souvent comme seul ciel que l'envers de nos parapluies. »
Il sourit d'un air enjoué, presque espiègle avant de saluer Rochelle d'un baise main appliqué sur ses doigts si délicats.

« Par avance, veuillez pardonnez mes manières barbaresques plus habitué à sacrifier à Hares plutôt qu'à Aphrodite. Je n'ai qu'à vous offrir mon bras et ma bien pauvre compagnie si vous acceptez de me montrer les merveilles de ce jardin. »
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Message Publié : 12 Février 2014, 21:06 
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Rochelle ne pu s'empêcher de sourire ,qu'avait donc cet homme de si particulier qu'elle n'arrivait pas à donner le change avec lui comme avec les autres ? Bien plus que sa culture, était ce cette faculté si britannique de pouvoir rire de tout l'air de rien ? Une fois de plus à sa grande surprise elle du se retenir de lui caresser la joue ,comme pour effacer du bout des doigts la cicatrice qui la marquait .
Alors, elle saisit volontiers le bras offert comme une diversion à son trouble .
« Oh, mais si j'avais voulu une autre compagnie je ne vous aurai pas dévoilé un de mes petits secrets ! »
Elle brûlait d'envie de le bombarder de questions pour assouvir sa curiosité , mais sachant que souvent les hommes trouvent assommant le bavardage féminin, elle se tut le temps de faire quelques pas .

« Que pourrais je bien vous dire ? que ce jardin tient son nom du palais des tuilerie que fît construire Catherine de Médicis ?Qu'ils sont en partie l'oeuvre de Le Notre qui les a modifié en 1664, soit un siècle après leur création ... »
Elle avançait doucement sous l'ombre des arbres qui bordaient les allées savourant pleinement ce moment . Elle le sentait si présent , si fort a ses cotés qu'elle en fut un peu étourdie .Cela faisait maintenant longtemps qu'elle n'avait pas partagé une chose si simple avec un homme .
Cette pensée pourtant chaste, entraîna une rougeur charmante sur ses joues , et c'est pour cacher cela qu'elle reprit :
« Et puisque vous semblez aimer la mythologie grecque , ici à gauche il y a l'enlèvement d'Orythie. »
Elle s'arrêta pour contempler la sculpture l'air pensif .
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Message Publié : 13 Février 2014, 07:48 
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L'imposante sculpture sema le trouble dans l'esprit de William. L'espace d'un fol instant, il se sentait l'âme du vent du nord.
Emporté par son élan onirique ou sans doute envouté par la musique cristalline de la voix de Rochelle, il serra plus que de convenance son bras. Puis se pencha doucement vers elle pour lui murmurer.

« En réalité, ne le dites pas à mon professeur de grec mais le temps présent m’intéresse souvent bien plus que les mythes et légendes. »

« Et pourtant, » Continua t il après une courte hésitation. « J'aimerais; en ce moment et plus que tout, être Borée. D'un coup d'aile je vous emporterais vers les blondes savanes de l'Afrique australe. Et dans l'incarnat d'un soleil à l'agonie je vous écouterais des heures me conter les légendes d'un autre monde. »
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Message Publié : 13 Février 2014, 12:36 
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Il pu sentir le frémissement léger qui la parcourait tandis qu'il prononçait ces mots et la pression un peu plus accentuée de ses doigts fins sur son bras .
« Pourtant le passé devrait nous éclairer et nous guider pour éviter de faire les mêmes erreurs .. Et pourtant générations après générations on recommence ...Les fusils ont remplacé les lances c'est tout ! »
Elle cherchait visiblement à reprendre contenance, à ne pas perdre pied dans cette conversation ou elle le sentait William menait la danse .
« Parlez moi donc de l'Afrique , la situation est confuse pour moi, que ce passe t'il donc là-bas ? »
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Message Publié : 13 Février 2014, 15:33 
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William eut un léger sursaut. Sa déception s'exprima en un léger soupir qu'il laissa échapper.
Il flottait sur un petit nuage, se sentant lyrique à l'envi et voilà que la réalité le frappait de plein fouet. D'une phrase, Rochelle venait de le chasser du paradis.
N'aimait elle pas la poésie ? Ne ressentait elle pas le même élan ? Mais - pensa William - de la poésie elle devait en tâter jusqu'à l’écœurement et certainement pas du plus fin bouquet. Et malgré les apparences et les on-dits, la baronne se révélait une femme intelligente et fine mouche, à qui il ne fallait certainement pas conter fariboles.

Cependant, devait il tout révéler ? En y réfléchissant, il n'y avait pas grand chose à celer...

« L'Afrique... » Commença t il un brin nostalgique. « Le Sahara sera bientôt le théâtre brulant où se jouera la tragédie sanglante, l'expression imbécile de tous les nationalismes prétentieux des politiciens à l'esprit plus étriqué que les corsets de l'impératrice d'Autriche. »
« Et, je crains qu'avec cette affaire mon image ne souffre à vos yeux Ma Dame. »

William désigna alors un banc sur lequel ils s'assirent tous les deux. Puis du bout de sa canne, William traça dans le sable de l'allée une carte de l'Afrique et deux lignes, du Cap au Caire et de Dakar à Addis Abeba. Il expliqua alors.

« Tout part de cette situation. Les anglais souhaitent relier par le train leurs colonies du sud au nord, tandis que les français souhaitent faire de même d'ouest en est, depuis le développement de Djibouti et des Somalis. Inévitablement, les deux voies se croiseront ici, au Soudan. Or, mes concitoyens viennent de se faire jeter avec pertes et fracas hors du Soudan par les musulmans mahdistes. Italiens et Belges en ont profité, probablement avec l'aval et l'aide des français, pour y agrandir leurs territoires. Sans grand succès pourtant. Les combattants musulmans n'étant guère plus tendre avec eux. »

William se redressa, prit la main de Rochelle et en contempla la délicatesse tandis qu'il continuait à disserter.

« Mais voyez vous, nous autres anglais sommes de vrais Bouledogues. Têtus à l’excès, nous ne lâchons jamais prise. Kitchener, le Sirdar d’Égypte a donc reçu l'ordre de mettre fin au soulèvement Mahdiste et de reprendre le Soudan afin de mettre un terme à la situation d'isolement de l’Égypte.
Aux dernières nouvelles qui me sont parvenues, Kitchener remonte le Nil et devrait bientôt passer la frontière Égypto-soudanaise. »


« De son côté, la France et la Belgique font de même » Poursuivait il énumérant les nations sur le bout des doigts de la Baronne « envoyant des expéditions d'exploration un peu trop militarisées afin de "préserver" la zone soudanaise pour laquelle ils dénient tout droit d'appartenance au Royaume uni. »

« L'expédition belge a été très mal préparée et se retrouve combattant ses propres fantassins indigènes. Quant à l'expédition française du Commandant Marchand, à peine mieux préparée, elle se heurte au mécontentement des populations congolaises et à Savorgnan de Brazza. » On sentait une pointe d'admiration dans la voix de William lorsqu'il évoquait le grand explorateur franco italien.

« Pourtant, tout ceci se terminera inévitablement par une guerre. Une guerre stupide et inutile de laquelle ne peut sortir que souffrance et animosité entre nos deux peuples. »

William avait un air vraiment malheureux, comme si cette situation le touchait personnellement.

Il prit la main de Rochelle dans les siennes comme s'il voulait la réchauffer ou la consoler de quelque souffrance qu'il lui aurait causé par mégarde.

« Pardonnez moi, je m'épanche comme une outre percée. S'il vous plait, à votre tour parlez moi de vous. De cette femme qui semble bien différente de ce que ragotent les journaux mondains. »
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