« Une odeur d'œufs pourris. Du souffre. 3 personnes. Le sang est différent... »

Neave ne tenait pas compte des consignes de la magistère et continuait a humer l'air, sans toutefois toucher a quoi que ce soit. Elle se tourna vers le majordome:

« Ruyl a-t-il consommé ou utilisé quelque chose a base de tortue? »

« Je sais que c'est dur à croire, mais nous avons rembobiné le temps.
Et rien n'indique que ça ne se reproduira pas ... on ne contrôle rien. On a rien demandé. Ça se produit, c'est tout. »

Flora finit de parler avec une voix de plus en plus petite. À tous les coups, on allait l'accuser d'avoir faire quelque chose, alors qu'elle était aussi perdue que les autres.

Kromiggs descendit de sa chaise pour prendre la parole.

« Ils sont bien partis par là et ont pris une ruelle.
Il y a des voisins terrifiés dans un des jardins, puis-je aller les interroger pour savoir à quoi ressemble nos meurtries et glaner tout indice intéressant ? »

Le nain demandait tout de même la permission de sortir, même si au fond de lui il se disait qu'il devrait se précipiter pour éviter que les pistes se refroidissent. Mais, que voulez-vous, il était toujours enclin à respecter loi et hiérarchie.

L’un des hommes de Cyrillène hocha la tête dans sa direction : Zorck semblait dire la vérité.
Avec force, la Magister avertit les aventuriers : « En attendant la résolution de cette enquête, vous êtes à disposition du Corps de la Magie, que ce soit pour répondre de l’évènement de niveau noir dont vous faites l’objet et dont le Magister Strongtius doit évaluer la dangerosité, ou que ce soit pour la résolution de ce meurtre, en lien avec le premier évènement de niveau noir apparu ce jour à Mascar. »

« Deux auras mauvaises très fortes sont entrées dans la pièce récemment » affirma une suivante de Cyrillène, confirmant la remarque de Neave. « Peut-être des morts-vivants, ou des êtres venant de plans démoniaques… La troisième odeur que madame a senti doit être humaine. »
Le serviteur parut horrifié à l’idée de manger des tortues. Son maître n’en consommait pas.

Cyrillène ricana : « Jusqu’à présent, vous étiez presque crédibles. Mais … à part quelques complotistes crédules, tous les magiciens dignes de ce nom savent que le voyage dans le temps est magiquement impossible » répondit-elle, hautaine, à la remarque de la Barde.

Un enquêteur remarqua : « Cet homme avait une sacoche à composante, mais pas de grimoire ? » Pour l'instant, il n’en avait pas trouvé dans la pièce. Il rassemblait les feuilles éparses par terre pour voir ce qu'elles contenaient.

« Il nous faut comprendre qui est ce Prince de Sang et merci, prêtre d’Uthgar, pour ces premiers éléments d’information. Également, comprendre qui vous a envoyé ici… Mais en attendant, nous pouvons interroger les voisins, comme le suggère Messire Sanfaille » conclut Strongtius.
Le groupe se divisa en deux, l’un restant dans la maison de Ruyl pour relever plus d’informations, l’autre allant chez le voisin. Vu l’apport intéressant des aventuriers à l’enquête, et leur visible bonne volonté de coopérer, Strongtius et Cyrillène ne virent pas d’objection à laisser les aventuriers libres, mais sous surveillance.

Le demi orc n'hésita pas longtemps sur ce qu'Uthgar lui commandait de faire : rattraper ses ennemis et les réduire.
« Dépêchons nous » grommela-t-il en prenant le chemin de la sortie.

Flora accepta les objections de Cyrillène avec diplomatie, souriant avec sérénité. Intérieurement, elle était loin d'être calme, mais Flora avait fait du théâtre, elle pouvait faire semblant.

« Appelez-ça comme vous voulez, le monde est apparu comme un miroir qui se brise, et nous nous sommes retrouvés au marché. Deux fois. »

Flora eut alors une idée.

« Si cela devait se reproduire une troisième fois, que devrais-je vous dire pour vous convaincre ? »

Si une partie du groupe sortait, et qu'elle n'était pas vraiment à son aise à côté d'un nouveau cadavre, Flora décida néanmoins de rester à l'intérieur, avec les enquêteurs en chef.

Bah, quoi? C'est bon la soupe de tortue...

Neave eut une sortie impromptue avant qu'elle ne se concentre de nouveau sur les odeurs:

« Le mot impossible devient vite relatif quand on l'associe a la magie.

Je pencherai pour des démons. Cela collerait avec l'odeur... »

Sans attendre, Neave se rua elle aussi vers l'extérieur en riant:

« Que ceux qui veulent nous accompagner commence a courir car on ne va pas les attendre. »

« Cyrillène, si ce qui est impossible devrait avoir lieu de nouveau, y aurait-il un mot ou une phrase à vous dire alors qui nous permettrait de gagner du temps sur la place et empêcher ce meurtre ?
D'ailleurs, si la victime est mage, ne pourrait-elle pas être à l'origine de cette magie, afin de tenter que nous la secourions dans une autre trame temporelle ? »

Kromiggs se dirigea vers la sortie pour aller interroger les voisins dès qu'il en eut l'autorisation.

« Me convaincre de quoi ? De votre folie ? » répliqua la Magister Cyrillène à Flora et Krommigs. « Vous ne pouvez pas me convaincre de la possibilité du voyage dans le temps, parce que … Ha ! Assez ! Il y a une enquête à mener, et je n’ai pas le temps de débattre sur des ineptie. »

Le magister Strongtius pointa Flora et Nahyla du doigt alors qu’il quittait la pièce : « Magister Cyrillène, veuillez les faire surveiller pendant que je me fais accompagner des autres chez le voisin. Une fois que nous aurons fini les premières investigations ici, il faudra intéroger ces personnes. »

Kaochi, Goku82
Outre Cyrillène, cinq autres personnes étaient présentes avec Flora et Nahyla, dont au moins deux mages. Ceux-ci tentaient de parcourir les titres des livres de la bibliothèque et de regrouper les parchemins tombés au sol. « Beaucoup de correspondance avec le Baron d’Horbourg et le Chambellan de là-bas… Et dans les livres, nous pouvons noter des ouvrages sur des lieux anciens dont Ruyl est lui-même l’auteur… » dit l’un d’eux, âgé.

Keyradin, Greflechtin, Baloo
Le Mage Strongtius et sa suite descendirent l’escalier, sortirent de la maison et toquèrent chez le voisin. Un écriteau établissait sans conteste l’identité du maître des lieux : Maître Tillius, commerçant, de la guilde des Marchands-Caravaniers de l’Aramante. La présentation de l’insigne de la garde à un domestique ouvrit la porte sur le maître, qui s’était déplacé – ou peut-être précipité – jusqu’au vestibule pour l’occasion. Petit, grassouillet, la moustache en forme d’ondes marines, les habits chatoyants, il portait sur lui sa riche condition, et sur son visage sa terreur qu’il essayait tant bien que mal de contenir. En retrait, les membres de sa famille et des domestiques observaient la scène.
« Bonjour. Vous enquêtez sur ces démons qui ont traversé notre jardin ? » demanda l’homme. « Venez, entrez. Jorde, apportez de quoi boire » ajouta-t’il à l’adresse d’un domestique.

« Il existe des alternatives », argue Flora, qui ajoute avec un soupir découragé, « mais soit, je me contenterais de ces mots. Et j'espère bien que ça ne se reproduira pas une troisième fois. »

S'approchant de l'enquêteur âgé, Flora demande poliment, avec un doux sourire : « Puis-je jeter un œil aux livres qu'il a écrit ? Nous venions le voir pour le consulter au sujet de ses études concernant les ruines anciennes de la Baronnie.
Peut-être s'y trouvent des informations au sujet du Prince de Sang. »

Sans préambules, le prêtre d'Uthgar demanda :
« Ils sont passés, il y a combien de temps ? »

Kaochi, Goku82

« Vous venez de là-bas ? » vérifia l’homme âgé.
Il tendit le manuscrit qu’il tenait en main. « L’ambassadeur Ruyl ne devait pas être très soigneux : A le voir, on dirait que ce livre a été commencé il y a plus de cent ans. » De fait, l’écriture semblait évoluer au fur et à mesure des chapitres, et ces derniers étaient écrits avec parfois plusieurs encres.

Les trois premières pages étaient réservées à un sommaire, listant, chapitre par chapitre, les lieux d’intérêt que Ruyl avait noté. Tous dataient d’une époque révolue, où une ancienne civilisation occupait l’espace de la Baronnie et certainement les marais de l’Ouest aujourd’hui occupés par un peuple d’hommes-lézards. Ruyl décrivait ainsi des pyramides à degré, entre autre exemple de lieux insolite. Une astérisque précédait certains chapitres, comme le relais de la passe du rocher fantôme, ou un ensemble de pierres taillées dans les marais…

L’un de ces lieux bénéficiait de deux chapitres distincts, l’un ayant été écrit tôt dans l’histoire de ce livre, l’autre plus récemment. Il s’agissait d’un dolmen près d’un village nommé Noirolmen : Décrit une première fois, il était repris plus tard après la découverte d’un souterrain sous le dolmen par une équipe d’aventuriers.
Les lieux marqués d’une astérisques comportaient tous la découverte d’un cristal de « Pure-Magie ».



Keyradin, Greflechtin, Baloo

Maître Tillius fut un instant suspendu. Pendant un temps, il ne savait plus qui était l’enquêteur parmi ses interlocuteurs.
Le Magister faisant un signe d’assentiment, le maître des lieux décida de répondre au prêtre d’Uthgar : « Moins d’une heure… quarante minutes, je dirai… » répondit-il, hésitant.

« Ils étaient cinq, mais deux sont restés dans ce jardin, là-bas, à côté du puits, alors que les trois autres passaient à côté. Deux d’entre eux volaient avec des ailes, et de ce que mon épouse a vu, le troisième courrait très vite et a grimpé le mur comme s’il s’agissait d’un sol plat… »
A la demande de Strongtius, il fournit les descriptions des trois individus :
Le premier faisait bien six pieds de haut. La peau couleur rouge, le corps quasi-entièrement dénudé, la tête large, il possédait deux ailes dans son dos d’une envergure totale de neuf pieds environ. Son vol paraissait plutôt lourd, bien que puissant. Surtout, il tenait un marteau imposant dans sa main droite.
La deuxième avait plutôt une taille humaine, mais aussi avec deux ailes dans le dos. Presque dénudée aussi, elle avait deux ailes plus petites mais son vol semblait rapide et précis. Sa peau grise était couverte au niveau de la poitrine et des hanches. Elle possédait deux armes de petite taille qu’il n’avait pu détailler.
Le troisième ressemblait à un humain. Habillé de vêtements amples, Il se déplaçait très vite, et fut le premier en haut du mur séparant le jardin de celui de Ruyl.
Le quatrième était un humain costaud. Resté dans le jardin, il avait pu être détaillé par la famille et les domestiques : Une armure de cuir ou de métal sombre recouvrait quasiment tout son corps. Une épée à deux mains barrait son dos. Il avait semblé sauter par-dessus le mur pour entrer dans le jardin. Il tenait un anneau, prêt à l’utiliser si besoin, mais il ne s’en servit pas.
La cinquième était une femme élégante à la robe pourpre. Au départ, la famille ne l’avait pas remarquée, jusqu’à ce qu’elle apparut, les regardant droit dans les yeux. Maître Tillius et ses suivants s’étaient alors repliés dans des pièces plus à l’écart du jardin, pour n’y revenir que dix minutes plus tard.

« Trop tard pour espérer les rattraper » soupira le demi-orc.
Analysant la situation à haute voix, il réinterrogea :
« Depuis combien de temps sommes nous arrivés ?
Moins d'une heure aussi ?
Se pourrait-ils qu'ils nous aient transporté malgré eux ici ? »

S'adressant de nouveau à Maître Tillius, il lui demanda :
« Je suppose que lorsque vous êtes revenu voir ce qu'il se passait dehors, ils étaient reparti ? »

« Neave tu es plus forte que moi pour lire les traces, Peux tu voir s'il y a quelques indices avant que le terrain ne soit illisible. »

« Je vais essayer. »

Neave huma l'air ambiant, cherchant à percevoir les flagrances, retrouver les odeurs perçues dans le bureau et les séparer des autres. De la, elle analyserait les odeurs de la famille, éliminerait les personnes présentes et chercherait à suivre les autres.

Aurgelmyr laissait les autres poser les questions. Il s'avança un peu dans le jardin, faisant attention à ne pas piétiner les traces des "démons". Il ne cherchait pas à savoir où ils étaient allé mais d'où ils venanient. Se pouvait-il qu'ils soient sortis du puits ?

Keyradin, Greflechtin, Baloo

En extérieur, les odeurs étaient plus faibles, disparaissaient peu à peu. Neave put à peine distinguer le lieu d’arrivée probable des deux (ou trois, peut-être ?) humanoïdes démoniaques à cette odeur de soufre : Ils étaient passés par-dessus le mur d’enceinte. Ils étaient repartis par le même moyen. La suite de la piste se trouvait peut-être dans la ruelle d'à-côté.
Les hommes de Strongtius recherchèrent des traces particulières sur le sol, mais celui-ci n’était pas adéquat pour la recherche d’empreintes particulières. Malgré quelques sorts de divination lancés, rien ne fut trouvé chez le voisin de Ruyl.
« Merci Maître Tillius, nous vous recontacterons si nécessaire » indiqua le Magister à l'hôte des lieux. Pour lui, il n'y avait rien de plus à obtenir ici.

Le demi orc exprima ses doutes tout haut :
« Avec près d'une heure d'avance, il est peu probable que nous arrivions à les retrouver mais avons nous d'autres solutions ? »
Il se dirigea vers le mur d’enceinte pour voir si son escalade pouvait-être à se mesure.
Se pourrait-il qu'ils tentent de repasser par une pierre de pur magie pour rentrer et que ce soit cela qui nous ait renvoyé dans cette autre réalité et dans le passé ?

« Tu vois quelque chose de la-haut, Zorky? »

Neave laissa son presque frère à son observation, se concentrant toujours sur les odeurs.

Nahyla prit le livre écrit par l'ambassadeur. Durant ses années d'étude auprès de la mère de Neave elle s'était intéressée à l'histoire de ses parents et aux monstres et ennemis qu'ils avaient combattus. Elle était quasiment certaine qu'une information importante pouvait se cacher dans ces ouvrages. Elle le prit pour le lire même si cela ne semblait pas opportun sur l'instant.

Pour Baloo, Keyradin, Greflechtin
Le mur d’enceinte grandit devant les yeux de Zork avant même qu’il ne puisse commencer à grimper. Il atteint une taille d’une douzaine de mètres de haut en quelques secondes, masquant jusqu’à la lumière du soleil.
« Hola monsieur Sangfier. Il est maintenant temps de me suivre dans notre tour » prévint le Magister Strongtius. « Poursuivre les criminels sera le travail d’autres Magister. Pour ma part, je dois comprendre VOTRE évènement de niveau noir. »
Avec un sourire soudain forcé, il ajouta : « Vous étiez disposés à me suivre, j’espère que vous l’êtes toujours ? »

Pour Kaochi, Nahyla
Les enquêteurs au service de la Magister Cyrilène terminaient leur travail sur place. Ils avaient trouvé des caractéristiques des aggresseurs, comme des griffes probables sur les pieds.
Ils laissèrent Nahyla et Flora prendre les livres qu’ils jugeaient utiles, tout en notant sur un calepin ce qu'elles avaient emporté : « Si vous trouvez quelque chose dans ces livres qui pourrait nous guider, ce serait une aide précieuse. Nous devons pour notre part nous concentrer sur la poursuite de ces créatures » déclara la Magister, hautaine. « Vous devez maintenant rejoindre le Magister Strongtius. Nous avons à faire. »