« "Je n 'ai pas haussé l 'épaule dans le temple du maître d'abaissement."
Je n 'ai pas levé le bras dans le temple du bras-levé.
Je n'ai pas élevé la voix dans le temple du maître du silence.
"Je n 'ai pas dit de mensonge dans le temple du maître de vérité. Je n'ai pas... dam, la chapelle de mon dieu."
"Je n'ai pas convoité ses offrandes." »

Stèle funéraire du vizir Ousir, prêtre d 'Amon de la XVIlle dynastie.

En Égypte, il est préférable de ne pas commettre d'impairs. En effet, il convient d 'être prudent lorsqu 'on
foule le sable de celle terre chargée d'histoires et de souvenirs. Alors, méfiez-vous un malheur est si vite arrivé ...

SOUTHAMPTON-NAPLES

L'embarquement s'effectue assez tôt dans la matinée. La chaleur n'étant pas excessive pour un vendredi 1er juin, il vous est conseillé de ne pas oublier de se munir d'une petite laine. Elle sera fort utile durant la traversée de l'Atlantique jusqu'au canal de Gibraltar. Ensuite, une fois passé en Méditerranée, la température devrait être plus clémente. Le "Cyrus" est un transatlantique tout ce qu'il y a de plus moderne. Sa vitesse de croisière est des plus acceptables puisqu'il arrivera à Naples le dimanche 3 juin, en début d'après-midi. Malheureusement pour les portefeuilles des gens du commun (mais pas les vôtres!) seules des places en 1ère classe restaient disponibles lorsque vous êtes parvenus sur la côte anglaise. Le voyage vers Southampton vous a pris toute la journée de jeudi 31 mai. Au moins, voyagerez-vous dans le luxe et le calme jusqu'à Alexandrie, dernière escale de votre périple maritime. Les cabines, spacieuses et confortables, peuvent être de une ou deux places selon leur convenance, tout dépend de votre choix en ce domaine. Le "Cyrus" quitte l'Angleterre à 9 heures. A 12 h 30, le repas est servi dans la salle à manger des premières classes.

Charlotte est coutumière de ce vieux réflexe calculateur qu'elle a devant les étalages de richesses superflues : évaluer ...

combien de nécessiteux pourraient être aidés,
combien de mois elle pourrait faire fonctionner son centre,
voire combien de nouveaux dispensaires pourraient être ouverts et financés ...

puis, elle fait preuve d’honnêteté intellectuelle avec elle-même : pour lever tous ces fonds, il faudrait bien les vendre ces porcelaines fines, ces nappes damassées, ces couverts gravés, ...
Et les vendre à qui? sinon à des nantis qui auraient les occasions pour les utiliser et les étaler ...
Alors, en quelque sorte apaisée, elle put pleinement profiter du luxe mis à sa disposition ...

Eustache profite de la croisière. Ce n'est pas souvent qu'il en fait une ! Casanier et routinier comme il l'est, c'est même la première fois… Surtout dans un luxe pareil !

Il savoure tout ce que peut offrir la première classe en boissons (pas trop alcoolisées, il tient à rester maître de lui-même et de ses réflexes), amuses gueule et autres plaisirs de la bouche, mais regarde surtout la mer, le ciel (si le temps le permet), et respire l'air pur…

Et il reste avec ses camarades, surtout Charlotte et Elisabeth sur lesquels il veille d'un regard attentif et paternaliste. Il n'a jamais eu d'enfants. Alors, quand il s'engage auprès de personnes qui pourraient en avoir l'âge, il ne peut s'empêcher de faire attention à eux comme s'ils l'étaient un peu. Et là, vu ce que risquent ces demoiselles si la fine équipe ne trouve pas rapidement une solution, il se sent doublement en devoir de le faire...

Un peu méfiant (il fait très attention aux gens qui nous entourent ou nous abordent), il tâche de rester le plus vigilant possible quant à tout incident ou accident qui pourrait se produire au cours de cette croisière.

Adrien révise son arabe......se détend ......et se demande s'il reverra la pseudo espionne.

Il pense que le groupe est en train de foncer tête baissée dans un piège, mais que c'est la meilleure solution pour arriver au but.

Par contre, à 12 h 30, le capitaine Romuald Johnson a insisté pour que vous déjeuniez à sa table, en compagnie d'autres illustres passagers. Le repas est des plus agréables. Le capitaine, intelligent et courtois, est maître dans l'art d'entretenir la discussion sans jamais lui faire prendre une tournure trop animée.

Vous faites ainsi connaissance des autres passagers se rendant, comme eux, à Alexandrie.

Miss Khan, bengalaise de souche, exerce le noble métier d'institutrice. Son âge lui permet encore de voyager et voilà maintenant sept ans qu'elle enseigne en Angleterre. Elle avoue, sans fausse pudeur, avoir 41 ans mais en paraît plutôt 35, toute galanterie mise à part. Elle porte d'épaisses lunettes qui l'enlaidissent de troublante manière et porte le tchador. Elle ne semble parler qu'à Élisabeth, évitant les hommes.


Le professeur Hans Von Beck est le plus bruyant des convives. Son fort accent germanique résonne jusqu'aux cuisines :
« Ach, touret pour un égyptologue amateur, quelle aventure que de découvrir la Vallée des Rois. Mes collègues de la Faculté de Munich, où je suis chargé de cours, sont tous jaloux. Au diable, la poésie médiévale du Haut-Rhin, je fais le pari, à 55 ans, de découvrir une nouvelle momie, endormie au milieu de ses trésors. N'est-ce pas, Fraulein Scheib » rajoute-t-il en se tournant vers sa secrétaire, « qu'en dites-vous ?. »

Petra Scheib ne desserre pas les dents de tout le déjeuner, ne répondant au professeur Von Beck que par un hochement de tête furtif. Cette grande Allemande blonde, âgée de 27 ans, est la froideur incarnée. Inutile de lui adresser la parole, elle ne parle ni l'anglais ni le français. Si quelqu'un pratique l'allemand, il n'obtiendra pas plus de réponses. Visiblement cette jeune femme ne désire pas communiquer.

Seul le père Patrick O'Connel, ecclésiastique de son état, parvient à lui extraire l'ombre d'un vague sourire. Ce missionnaire irlandais de 60 ans respire la bonté et la gentillesse. Certes, sa conversation ne révèle pas l'homme cultivé mais ses qualités de coeur savent faire oublier son absence de réflexion. Animé d'une foi inébranlable, il a fait voeu de convenir le plus grand nombre d'autochtones et de bâtir le plus d'églises possible sur le sol égyptien.

Cela d'ailleurs amuse beaucoup un Iranien d'une cinquantaine d'années, Zia Sârkhan, fabricant et marchand de tapis orientaux. Infatigable bavard, l'assistance entière sera bientôt au courant du prix fluctuant du kilo de pistaches et des cours hésitants de cette même denrée à la Bourse de Londres. Comme vous le constatez, son activité mercantile ne semble pas connaître de limite. Toutefois ne vous y trompez pas, cet homme est aussi intelligent que volubile. De plus, deux ou trois remarques venues à bon escient permettent de supposer qu'il es également extrêmement cultivé. En somme, c'est un personnage attachant et déconcertant.

Adrien écoute. Il en profite pour entraîner son allemand, son arabe et son anglais. Il intervient peu, sauf si quelqu'un intervient dans son domaine.

Eustache essaie d'utiliser toute la psychologie dont il sait faire preuve, et même de baratin s'il le faut, pour comprendre et dérider un peu Fraulein Petra Sheib... Et s'il n'y arrive pas, il discute volontiers avec le professeur Hans Von Beck ou Zia Sârkhan, dont les passions ont piqué sa curiosité maladive...

Il se demande ce que Hans Von Beck fait à part de l'égyptologie en amateur et lui pose des questions sur son métier... Et il a été intrigué par la culture de Zia Sârkhan et cherche à en savoir plus : connaît-il Hugo, Conan Doyle, que pense-t-il de la religion catholique, pense-t-il comme les musulmans que le Christ n'est pas le fils de Dieu mais un prophète, de même que sa mère, etc. ?

...

L'Allemande ne deride qu'à la mention des opéras de Wagner. L'Allemand semble compétent en archéologie, ce que confirme Adrien plus tard.

Quant à Zia... « Désolé, je ne suis pas musulman… mais Farsi. »

Un jet d'occultime ou de religion, svp, pour ceux qui se joignent à cette conversation

Adrien sent que le Perse porte des symboles culturels mais ne les connait pas.

Adrien au Perse : « " Excusez moi Monsieur, mais je serais intéressé par des explications sur les symboles que vous portez ? Le monde arabe et le Maghreb relèvent plus de mon domaine que la Perse. " »

Le marchand sourit et sort un petit guide

https://fr.wikipedia.org/wiki/Zoroastrisme

« Voici pour vous. Arihman est un principe du mal qui correspond au Satan de votre bible. »

Charlotte remarque un dragon sur son poignet gauche. Avec sa perception remarquable!

Erich, par contre, regard ces porcelaines fines, ces nappes damassées, ces couverts gravés de haut, dédaigneusement.

Such pedestrian products, designed to dazzle, yet failing to foment the faintest flicker of pansophy ... pearls before a Buddha.

À la déjeuner du capitaine Romuald Johnson, Erich est aussi intéressé par le Perse, Zia Sârkhan.
Il cherche à l'engager dans une conversation sur le sujet de son religion, en fonction du niveau de connaissance d'Erich sur le sujet, particulièrement ses idées sur la nature de la vérité et les moyens de l'achever.

Adrien : « Merci monsieur, je lirais ce livre avec plaisir. » Il sourit en se retenant de ne pas commencer à le lire et le range.

L'image représente un bas relief antique. Charlotte n'est pas calée en archéologie, religion et autres fariboles.